Vente directe
L’Amap, un circuit court résilient
Confinement oblige, les familles sont nombreuses à se tourner vers les systèmes de vente directe. L'Amap en est un, ancré sur le territoire français depuis une trentaine d’années.
Confinement oblige, les familles sont nombreuses à se tourner vers les systèmes de vente directe. L'Amap en est un, ancré sur le territoire français depuis une trentaine d’années.
Ces derniers jours, le téléphone de Maxence Pascault, président de l’Amap des Jardins d’Alléric, sonne plus que d’habitude. En quinze jours, il a reçu une petite dizaine de demandes d’inscription au circuit de distribution alternatif développé il y a maintenant treize ans sur Vallans. « Avant le confinement, on en comptait deux en six mois », expose-t-il.
Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, les Amap ont pour rôle de mettre en relation producteurs et consommateurs. En période de confinement, la formule rencontre un certain succès.
Mais, une Amap, c’est plus qu’une plateforme commerciale. Les adhérents, producteurs et consommateurs, s’engagent mutuellement. Les consommateurs, assurés de la qualité des produits qu’ils achètent, réservent et paient à l’avance. Aux Jardins d’Alléric, neuf producteurs assurent, pour un contrat de six mois, une large variété de denrées : légumes, volailles, lait, fromages de chèvres, huile, farine, viandes (porc, veau, vache), pâtes, bière et miel.
Avec la production du maraîcher pour socle, l’Amap du sud Deux-Sèvres ne peut, et ne veut, dépasser les 63 adhérents. Ainsi, aux demandes pressantes de ces derniers jours, Maxence Pascault a recommandé la patience. Les noms ont été ajoutés à la liste d’attente. Deux critères comptent : la proximité et l’ancienneté. Seuls des habitants de la commune ou de communes limitrophes peuvent s’inscrire.
Un système qui a fait ses preuves
Olivier Caillé, qui a lui-même été président de l’Amap, constate que des plateformes de livraison à domicile fleurissent ces dernières semaines. « Aller vendre un yaourt par-ci, deux fromages par-là, c’est coûteux en temps et en argent », estime-t-il. Il rappelle que les Amap sont des circuits courts ancrés sur le territoire depuis longtemps et dont le fonctionnement est simple pour le producteur.
Françoise Dieumegard, maraîchère à Vallans, et Isabelle Clochard, productrice de volailles et de lait à Aiffres, sont toutes deux investies dans l’Amap des Jardins d’Alléric, dont elles apprécient le fonctionnement convivial et pratique. En comparaison, faire le marché leur semble être une somme de contraintes : bloquer une demi-journée, charger, décharger, le tout sans être sûr de vendre. Grâce au système de contrat avec l’Amap, la vente est assurée. Même si le producteur a un incident et ne peut pas fournir le produit, il sera rémunéré. La distribution se fait, elle, en une heure et demie. Elle pourrait même être plus courte, mais les adhérents tiennent à ce temps d’échange et de rencontre, qui est la pierre angulaire de l’association.
En effet, adhérer à une Amap, ce n’est pas seulement s’approvisionner en local, mais participer de manière bénévole aux distributions ou même donner un coup de main aux producteurs à l’occasion. « En échange de légumes bio, frais et de saison, les amapiens sont présents quand il y a besoin de ramasser des patates et ils se montrent compréhensifs quand on a un problème de production », apprécie Françoise.
Un Amap-drive
Crise sanitaire oblige, les « amapiens » ont revu leur organisation et mis en place un drive depuis le 28 mars pour éviter les contacts. Les paniers sont chargés directement dans les voitures par les producteurs, secondés par des adhérents bénévoles. La distribution se faisait traditionnellement dans la grange de Philippe et Françoise Dieumegard, les maraîchers de l'Amap. Au début du confinement, un système de file d’attente a été mis en place, en limitant le nombre de personnes dans la grange, avant d’être abandonné au profit du drive. Il demande plus de temps et de manutention et ne permet plus d’échanger pendant une heure, comme les membres de l’association aiment le faire. Pour Maxence Pascault, président de l’association, « c’est un système temporaire qui devrait prendre fin début mai. » En attendant, il permet aux agriculteurs de poursuivre leur activité et d’écouler leurs produits. Pour leurs petites entreprises, la crise ne se fait pas sentir.