Légumes de plein champ : pour ceux qui sont autonomes en fertilisation
Cinq exploitations en polyculture-élevage, en bio, de Vendée, et une des Deux-Sèvres valorisent les matières organiques de leur ferme grâce à la culture de légumes. Antoine Biteau du Gaec Les Rocs à Saint-Mesmin, en Vendée, initiateur de la démarche, témoigne.
«La polyculture-élevage est un fabuleux atout pour faire autre chose, assure Antoine Biteau, du Gaec Les Rocs à Saint-Mesmin . On a la matière organique et une terre reposée, en prairie, sur trois, quatre, voire sept ans ». Au départ à la retraite de son oncle, il y a trois ans, Antoine envisageait de développer des cultures de lentilles, de quinoa ou de soja, sur la ferme. Mais Vincent Frappier, intéressé par un projet d’installation sur le Gaec, était formé au maraîchage. Les quatre associés se sont alors lancés dans la culture de légumes de plein champ. « L’installation de Vincent a été le déclencheur. On a démarré avec 1 ha de poireaux, puis on a ajouté des pommes de terre, puis des oignons et des pois chiches », énumère Antoine.
Dès le départ, le Gaec Les Rocs expose son idée à d’autres éleveurs en polyculture et en bio, comme eux. Cinq autres exploitations sont intéressées par la démarche. À elles six, elles ont créé la SAS Champ du possible, pour mutualiser les moyens de production, les outils, et pour commercialiser leurs productions, via Fleury Michon. « C’était notre idée, au Gaec Les Rocs, mais sans la dynamique de groupe, je ne sais pas si ça se serait fait », admet Antoine Biteau. L’objectif, aujourd’hui, est de multiplier les partenaires commerciaux de la SAS.
« Le maraîchage de plein champ, c’est très rémunérateur mais c’est beaucoup de travail, énormément de temps à investir. Les périodes de pointe pour les légumes sont les mêmes pour le foin et pour d’autres cultures. Les différentes plantations se font donc concurrence. Et l’irrigation est indispensable », atteste Antoine. Mais cela vaut le coût ! « Les légumes de plein champ sont une culture à forte valeur ajoutée ; les marges sont très intéressantes. On gagne de 10 000 à 25 000 €/ha (de chiffre d’affaires), selon les années. Heureusement, vu le travail que cela représente », constate Antoine. Il rappelle que le Gaec n’a pas trop de recul, pour le moment. « Le résultat des légumes de plein champ doit représenter un quart du résultat de l’exploitation, pense le quadragénaire. Ramené à la surface, ce n’est pas mal du tout (7 ha sur 185) ! Notre bon résultat économique, c’est un équilibre global de tout l’ensemble. Si on n’avait pas les vaches, ça ne marcherait pas aussi bien. Tout se tient. On ne peut pas bien dissocier les activités ».
Techniquement, les poireaux et les pommes de terre allongent la rotation, et ils sont économes en intrants puisque le Gaec Les Rocs est autonome en fertilisants... ce qui représente un intérêt écologique et économique. Quant au rendement, les deux premières années de poireaux ont été exceptionnelles : le rendement était plus élevé qu’ailleurs, que ce soit en bio ou en conventionnel, certifie Antoine. Autre atout de cette diversification : « nous ne sommes pas comme les grands maraîchers, nous ne subissons pas de pression parasitaire car il peut se passer dix ans avant qu’une même espèce soit cultivée sur une même parcelle », explique Antoine Biteau.
Si l’agriculture diversifiée, que pratiquent les exploitations de la SAS Champ du possible, véhicule une bonne image de l’agriculture, en général, selon Antoine, il ajoute qu’en plus, « on crée de l’emploi », via l’embauche de saisonniers. « C’est valorisant. On est assez fiers », s’exclame-t-il.