Anciens exploitants
Nourrir plus et équitablement, le devoir de l’agriculture
La dernière assemblée générale de la section départementale des anciens exploitants agricoles avait pour thème « La crise agricole et la faim dans le monde ».
Neuf millions de morts chaque année dans le monde dont six millions d’enfants. Ces funestes chiffres, qui font mal aux oreilles et au cœur, sont l’apanage du manque de nourriture et de sa mauvaise répartition. « L’augmentation de la production agricole est insuffisante et inégale », arguait Marcel Mazoyer, économiste et professeur à l’Institut national agronomique de Paris-Grignon. Lequel est intervenu en clôture de l’assemblée générale de la section départementale des anciens exploitants (SDAE), jeudi 29 avril à Saint-Aubin-le-Cloud. Un thème d’actualité choisi par les retraités de l’agriculture : « La crise agricole et la faim dans le monde ».
Brossant un portrait de l’agriculture mondiale, Marcel Mazoyer a rappelé que la traction animale demeure majoritaire et que sur les 2 700 000 de travailleurs agricoles, un milliard travaille à la main soit une productivité s’élevant à une tonne de céréales par travailleur et par an. Aussi, avec les perspectives démographiques annoncées, comment relever le défi de nourrir l’humanité ?
Horizons 2050 et 2075
« Selon les estimations, reprend l’économiste, on ne devrait pas dépasser les 9,2 milliards d’individus en 2075. Les besoins en 2050 pour nourrir 6 milliards de personnes nécessiteront une augmentation de 30% de la production actuelle et de 50% en 2075. »
Multiplier par deux la production agricole mondiale
Pour le spécialiste, produire plus est possible. Les ressources en terres cultivées peuvent selon lui être augmentées de 70% sans prises de risques écologiques.
« Cela cumulé aux techniques agricoles connues, la production agricole mondiale peut être multipliée par deux. » Et dans un monde idéal, l’éradication de la pauvreté majoritairement paysanne signerait sans conteste la fin de la faim. Aussi pour tenter d’approcher ce monde parfait, Marcel Mazoyer soutient qu’on ne peut pas régler ce problème de crise dans un système de libre-échange. « Il faudrait appliquer une politique de prix protégés et stabilisés à des niveaux assez élevés pour que les paysans puissent vivre dignement notamment dans les pays pauvres. Il ne faut pas seulement se battre pour les aides mais aussi pour les prix », a-t-il conclu.
Du sang neuf
La section départementale des anciens exploitants (SDAE) était à la recherche de sang neuf lors de son assemblée générale de 2009. Un an plus tard, c’est chose faite puisqu’une quinzaine de nouvelles têtes ont rejoint les rangs des responsables cantonaux. Louis Gayot est satisfait mais ne baisse pas pour autant la garde. Notamment sur l’épineux dossier des retraites.
« Les avancées demeurent insuffisantes, souligne le président de la SDAE qui regroupe 1500 adhérents. Les retraites agricoles font toujours partie des retraites les plus basses. » Cette année encore, la SDAE mènera le combat sans mettre de côté ses traditionnelles activités (voyages, journées d’information…). La section souhaite par ailleurs inclure la dépendance dans une prise en charge au niveau national. Et ce, pour tous les régimes de retraite.