Bovins lait
2009, année noire pour le revenu des éleveurs laitiers
Le Réseau bovins lait du Poitou-Charentes a simulé l'évolution des résultats des élevages laitiers en conjoncture 2009 et observe sans surprise un nivellement des revenus par le bas.
Le revenu de l'ensemble des élevages laitiers a chuté en 2009 mais les exploitations associant des bovins lait conduits de manière intensive à des cultures de vente sont celles qui ont le plus souffert de la conjoncture. En 2007, leurs revenus avaient été boostés par les cours des céréales et en 2008, ils se maintenaient grâce au prix du lait. En 2009, ils sont pénalisés sur les deux tableaux. En conséquence, alors que ces dernières années ces élevages dégageaient un revenu par associé nettement supérieur aux exploitations spécialisées grâce à leur plus grande dimension économique, ils se trouvent en 2009 au même niveau voire plus bas.
Le revenu des éleveurs laitiers est pris en ciseaux entre des prix des produits qui sont redescendus au niveau de 2006, année de référence en la matière, et des prix des intrants qui n'ont globalement pas diminué entre 2008 et 2009. En effet, les cours élevés du soja ont empêché l'aliment de suivre la baisse des cours des céréales, et les engrais achetés en morte-saison étaient au plus haut. Seuls le carburant et les engrais achetés tardivement ont connu une baisse de prix significative.
Telle est la conclusion qui ressort de la simulation réalisée sur les fermes types représentatives des différents systèmes présents dans la région et publiée le mois dernier. L'intérêt d'une telle étude est d'évaluer l'incidence de la conjoncture sur les résultats des exploitations laitières avant que les comptabilités 2009 ne soient disponibles pour calculer les évolutions réelles.
Des produits en baisse de 17 % et des charges constantes
Au-delà des grandes tendances, l'analyse montre que le produit des exploitations a baissé d'environ 17 % quel que soit le système considéré, ce qui représente une perte de 24 000 à 107 000 € selon la taille de l'exploitation.
Le montant des charges opérationnelles est resté à peu près stable, ainsi que celui des charges de structure hors MSA. Les charges ont donc pesé proportionnellement plus lourd. Pour un élevage en système herbager, elles sont passées de 58 % du produit en 2008 à 62% en 2009. Pour un élevage en système zéro pâturage avec plus de 100 ha de cultures, elles représentaient 64% du produit en 2008 et 72% l'année dernière. Dans la même logique, les annuités étant considérées dans les simulations comme stables d'une année sur l'autre, elles pèsent également davantage.
Au final, il reste à l'éleveur spécialisé 21 000 € pour se rémunérer et payer sa MSA, contre 36 000 € en 2008 qui a été dans ce système la meilleure année. Quant au polyculteur-éleveur, il doit se contenter de 16 000 € contre 66 000 € en 2007, année exceptionnelle aussi. Sachant qu'en plus les cotisations sociales sont calculées sur de bonnes années, la situation est intenable pour la très grande majorité des exploitations pour lesquelles les prélèvements privés se situent autour de zéro depuis plusieurs mois. Seuls les systèmes économes très bien conduits et économiquement plus efficaces que la moyenne parviennent encore à vivre à ce régime-là.