Colza : Les conditions climatiques ne sont pas favorables aux méligèthes
Les conditions météo de ces derniers jours ne sont pas favorables aux vols significatifs de méligèthes (pluies, vent, températures faibles pour la saison).
Les stades des parcelles sont variables selon les secteurs.Plus au sud de la zone, certains colzas peuvent voir dépassé le stade de sensibilité puisque les premières fleurs sont apparues mais la vigilance reste de mise surtout si la floraison ne s’engage pas franchement. Plus au nord, les stades sont plus autour de boutons accolés (D1) et le stade boutons séparés (E), pleine période de sensibilité du colza vis- à- vis des méligèthes. Certains ont intégré quelques pourcentages de variétés très précoces ou précoce fleurissant en amont (type ES Alicia ou Troubadour). Même si ces variétés sont en fleurs, il est important de surveiller le reste de la parcelle s’il n’est pas fleuri.
Maintenir la population à un niveau acceptable
Les règles de décision de lutte contre les méligèthes visent à maintenir la population à un niveau acceptable pour que la floraison puisse s’engager franchement et que les capacités de compensation puissent s’exprimer. La gestion de ce ravageur ne vise pas à l’éradiquer mais plutôt à bien mesurer le risque : faut- il intervenir ou ne pas intervenir ?
La particularité des méligèthes réside dans le fait qu’ils provoquent des perforations dans les boutons floraux. A cette période du cycle, les capacités de compensation de la culture peuvent être importantes. Plus la culture est vigoureuse et saine, plus elle peut supporter la présence de méligèthes, ême abondante.
Plus la culture est chétive, stressée ou se développant dans un milieu sous contrainte (réserve utile, disponibilité en azote, enracinement défaillant...), plus elle sera sensible à ce stade. L’observation de l’état du colza est donc aussi primordiale que l’observation du ravageur.
La présence de la variété ES Alicia ou Troubadour (variété très précoce) en fleur permet également de limiter le risque mais n’exclut pas une surveillance dans les parcelles concernées. Cette variété en fleur permet de maîtriser certaines attaques faibles à moyennes. En cas de fortes attaques, a un contrôle des populations de méligèthes peut se justifier.
Les seuils d’interventions
Il est recommandé pour un colza vigoureux (sain, bien implanté, dans un sol profond et en l’absence de stress printanier significatif) d’attendre le stade E et d’intervenir uniquement après que le seuil de 6 à 9 méligèthes par plante soit dépassé. En effet, dans le cas d’une attaque précoce dans un contexte favorable, le colza a le temps de compenser en multipliant le nombre d’inflorescences au niveau des hampes secondaires.
En revanche, si le colza n’est pas vigoureux en sortie d’hiver ou si les conditions environnementales sont défavorables aux compensations (températures faibles, plantes stressées en eau à floraison, dégâts arasitaires antérieurs de type larves d’altises, charançons du bourgeon terminal ou orobanche par ex.), il faudra surveiller les méligèthes dès l’apparition des boutons et intervenir de 5 à 7 jours après que le seuil soit atteint ou dépassé. Il est important de ne pas intervenir trop rapidement afin de toucher le maximum d’insectes lors de l’application.
Prendre en compte les résistances aux pyréthrinoïdes
Les analyses réalisées lors des précédentes campagnes montrent des populations de méligèthes le plus souvent résistantes aux insecticides de la famille des pyréthrinoïdes à l’exception du taufluvalinate et de l’étofenprox. Les autres produits homologués parmi les autres familles chimiques permettent d’assurer un contrôle satisfaisant des méligèthes.
Une utilisation raisonnée de ces solutions est indispensable. Lire attentivement les étiquettes et la documentation disponible et respecter les recommandations d’emploi.
Les substances actives efficaces sur méligèthes (résistants ou non) sont les suivantes : l’étofenprox, le tau- fluvalinate (pyréthrinoïdes de synthèse) ; l’indoxacarbe (oxadiazines) ; la pymétrozine (pyridine- azométhrines) ; les organosphosphorés seuls ou en association *; les néonicotinoïdes seuls ou en association*.
Afin de maintenir la durabilité des solutions chimiques, il est impératif de ne pas utiliser deux fois de suite le même mode d’action (même si on traite deux insectes différents) pour réduire le risque d’apparition de résistance.