Des conditions éloignées des réalités pour bénéficier des nouvelles MAE
Nombreux sont ceux qui dénoncent les incohérences de la nouvelle réglementation relative aux aides du 2e pilier, qu’il s’agisse des MAEc grandes cultures ou polyculture élevage, quand les sols sont trop pauvres pour tendre vers l’autonomie alimentaire.
«Je n’ai pas le choix, je ne peux produire que de l’herbe sur l’exploitation », raconte Fiona Guillon. Depuis le départ à la retraite de son mari, Bernard, Fiona est à la tête de l’exploitation qu’ils dirigeaient ensemble depuis 2003. L’élevage des brebis repose depuis le début sur un assolement « 100% herbe, sur des terres pas très bonnes, très humides en hiver », souligne-t-elle.
A Maisontiers, sur le bassin-versant du Cébron, les terres ne peuvent pas produire autre chose que de l’herbe dont se nourrissent les 820 brebis et les agneaux élevés et finis avec des céréales selon le cahier des charges label rouge Diamandin. « On ne peut pas produire de céréales sur l’exploitation. Je ne pourrai jamais retourner les herbages », insiste Fiona. Même le travail de surface, comme le sursemis, parfois nécessaire ne donne pas de résultats sur des terres pauvres.
L’exploitation de 106 hectares aujourd’hui, est depuis longtemps engagée dans des mesures de verdissement, avec les CTE, les CAD et maintenant les MAE. Dans le cadre de la PAC 2015, le renouvellement des contrats est possible à condition d’introduire dans l’assolement des céréales produites sur l’exploitation parce que les achats sont limités à 1 000 kg par UGB. « C’est impossible ici. Je suis dans une impasse, je ne peux pas remplir les conditions des nouveaux contrats. Pourtant, depuis de nombreuses années, j’avais l’impression d’avancer vers ce que demande la société », poursuit-elle. « Je vais être pénalisée, mais la filière aussi qui demande des agneaux toute l’année. En décembre, on ne peut pas finir les agneaux à l’herbe! »
Alors que ses contrats arrivent à échéance le 14 mai, Fiona évalue le manque à gagner à 10 000 euros « au minimum ». « Cette réglementation gèle l’exploitation en l’état, en l’appauvrissant », regrette-t-elle.