PAC
Des effets très différents selon le type d’élevage
Selon l’Institut de l’élevage, les mesures annoncées par Michel Barnier rééquilibrent les soutiens vers les productions animales. Mais leur effet est différent selon le type de production.
Le bilan de santé de la PAC, un rééquilibrage en faveur de l’élevage ». Tel est le titre d’un dossier hors série que l’Institut de l’élevage vient de publier sur le bilan de santé de la PAC et les mesures d’adaptation annoncées par Michel Barnier, le 23 février dernier. « Les mesures répondent globalement aux objectifs de réorientation et de rééquilibrage des soutiens vers les productions animales et les élevages les moins soutenus », note le Groupe économie du bétail (Geb) de l’Institut. Mais les impacts en matière de variation du niveau des aides sont très différents selon les filières et selon les systèmes au sein de chaque filière, précise-t-il aussitôt.
Principal bénéficiaire, l’élevage ovin spécialisé qui bénéficie simultanément d’un soutien spécifique au titre de l’article 68, d’un redéploiement des crédits en faveur de l’herbe (article 63), et des aides du deuxième pilier de la PAC (ICHN et PHAE). Selon le Geb, la revalorisation des aides est de l’ordre de 48 % en moyenne pour les ovins viandes (+13 200 €/exploitation) et de 30 % pour les ovins laitiers (+7 500 €/exploitation). Surtout le rééquilibrage des aides est très net pour les exploitations d’ovins allaitants « fourragères » et « herbagères » ainsi que pour les exploitations pastorales qui dépassent le seuil de chargement de 0,5 UGB/ha. La revalorisation des aides est également sensible pour les éleveurs caprins qui gagneraient en moyenne 20 % d’aides supplémentaires, sachant que le niveau initial est relativement faible. Soit un supplément de primes de 3 600 €/exploitation.
Plaine et montagne
Les producteurs de lait spécialisés sont des deuxièmes bénéficiaires du rééquilibrage des soutiens avec un gain moyen de 7 % sur les aides, soit 1 700 €/exploitation. Avec cependant un impact très différent selon le système fourrager et la situation géographique. Ainsi les producteurs de lait de plaine en système intensif à base de maïs verront leurs aides diminuer de 7 % (-1 700€/exploitation). Alors que les producteurs herbagers en plaine verront les leurs progresser de 18 % (+3 400 €/exploitation). L’effet étant quasiment neutre (+1 %) pour les systèmes comptant 20 % de maïs dans la surface fourragère. En montagne, l’augmentation nette des soutiens est plus importante qu’en plaine en raison principalement du nouveau soutien ciblé sur le lait de montagne. Avec ici également des écarts importants selon la situation géographique et le système fourrager (+18 %, soit + 4 800 €/exploitation en système herbe/maïs en piémont, +28 %, soit +5 900 €/ exploitation pour les systèmes herbagers de montagne).
Grand écart
Toujours selon le Geb, les effets nets de la réorientation des soutiens sont plus faibles dans le secteur bovin allaitant spécialisé avec des évolutions positives et négatives selon le système de production et la localisation géographique (+4 % en moyenne, soit 1 600 €/exploitation). Alors que les producteurs de veaux sous la mère voient leurs aides progresser de 7 % (+1 900 €/exploitation), les naisseurs en zone herbagère et de montagne de 5 à 6 % (1900 €/exploitation), les naisseurs engraisseurs de l’Ouest et de plaine voient leurs aides se réduire de 4 % (- 1 300 €/exploitation), la situation étant presque neutre (-1 %, soit 500 €/exploitation) pour les naisseurs engraisseurs des zones herbagères. Mais ce sont surtout les engraisseurs de bovins qui sont les plus pénalisés (-14 %, soit 5 400 € /exploitation d’aides en moins). Presque autant que les exploitations spécialisées de grandes cultures qui perdent en moyenne 17 % de leurs aides (-6 800 €/exploitation).
Quant aux exploitations diversifiées (polyculture-élevage), l’impact du rééquilibrage est intermédiaire entre celui constaté pour les grandes cultures et celui observé sur le système d’élevage pratiqué. Ainsi, les éleveurs d’ovins en polyculture voient leurs aides progresser (+8 %, soit 3 000 €/exploitation), alors que les producteurs de lait en polyculture et les producteurs de viande diversifiés voient leurs aides baisser respectivement de 4 % (-1700 €/exploitation) et de 5 % (-1700 €/exploitation). Dans ces exploitations mixtes, le montant des soutiens qui sont attribués d’un côté (élevage ovin ou à l’herbe) est prélevé de l’autre (cultures).