Des marges de progrès évidentes en matière de méthanisation
Alors que la filière de méthanisation en France sort tout juste de terre, un certain nombre de points de vigilance sur la conduite de ces projets ont été relevés par différents organismes (*) notamment la gestion des matières entrantes et la maîtrise du gisement.
Les premiers projets de méthanisation en France se sont orientés pour la plupart vers des technologies allemandes ou danoises. Deux raisons à cela :
- leur expérience car dans ces pays, la méthanisation est développée depuis longtemps et les installations se comptent par milliers ;
- le manque de solution locale car la filière n’existe en France que depuis très peu de temps et peu d’entreprises étaient aptes à répondre à ce type de démarche.
Cependant la méthanisation agricole en France est essentiellement construite sur une base « fumier » alors que nos voisins allemands ou danois ont plutôt des systèmes « lisier + cultures ». Cette différence entraîne, pour les projets français, la nécessité de porter une attention particulière aux indésirables qui peuvent se retrouver dans les fumiers (pierres, bois, ficelles, dent de fourche de tracteur…) avant leur introduction dans le processus de digestion.
La nécessaire préparation de la matière
Pour devenir encore plus performant, il faut impérativement prévoir la préparation de la matière en amont de la méthanisation. Cette étape permettra tout d’abord d’éviter un certain nombre de problèmes dans le fonctionnement des unités (blocage de pompe, bris de matériel, sédimentation dans les digesteurs…) qui génèrent des arrêts prolongés et des pertes de production importantes. Ensuite, la mise en place de procédés de défibrage de la matière, de découpage en brins courts, avec une montée en température proche de celle du digesteur afin d’éviter un choc thermique, devrait améliorer le fonctionnement global du méthaniseur et la production d’énergie.
La maîtrise du gisement
Dans le palmarès des produits méthanogènes, les effluents d’élevage ne sont pas forcément les mieux classés pour la production de biogaz (d’environ 10 m3 de méthane par tonne brute pour un lisier de porcs à 40 m3 pour un fumier compact de bovins). Bon nombre de produits issus de l’industrie agroalimentaire possèdent des valeurs énergétiques bien plus élevées (250 – 300 m3 de méthane par tonne). Ceux-ci, fortement énergétiques, sont très recherchés et font l’objet d’une concurrence accrue. De ce fait, le développement de projets établis sur une proportion importante d’énergie produite par ces déchets exogènes est assez risqué. En effet, il est très rare d’avoir des contrats de reprise de longue durée et les redevances de traitement inhérentes pour les unités de méthanisation pourraient, à terme, se transformer en charge.
Compte tenu des premiers retours sur les unités en fonctionnement, il est vraisemblable qu’un projet dont la ration est en grande partie basée sur des matières maîtrisées (fumier, lisier, résidus de cultures) avec une gestion fine des indésirables et quelques sous-produits de l’agroalimentaire, devrait connaître moins de problème dans son fonctionnement et être beaucoup plus sécurisé pour les porteurs et les financeurs.
(*) Agriculteurs Méthaniseurs de France, développeurs...
A lire dans Agri 79 un dossier de 4 pages sur les nouvelles énergies