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"Je préfère vacciner que ramasser des brebis mortes à plein godet"

L'épidémie de FCO-8 continue de frapper en nord Deux-Sèvres. Octave Charrier, jeune éleveur à Noirterre, a été confronté à une mortalité dans son troupeau. Entre témoignage et derniers chiffres connus, voici un point d'étape sur la situation.

Désinsectiser et vacciner supposent beaucoup de contention.
Désinsectiser et vacciner supposent beaucoup de contention.
© S. F.

En Deux-Sèvres, douze foyers de FCO-8 ont été confirmés et trois suspicions sont en attente de résultats d'analyses. 

La situation climatique est favorable à l'activité vectorielle des moucherons culicoïdes, insectes responsables de la transmission de la FCO et de la MHE. Ces maladies, non transmissibles à l'homme et qui n'affectent pas la qualité des viandes produites, présentent des risques importants dans les élevages : avortements, mortalité, frais vétérinaires...

 

Différentes viroses menacent les élevages français. En jaune, la FCO-3 qui compte 190 foyers dans le nord-est. En bleu la FCO-8.

À noter également, l'animal contaminé par la FCO ne devient contagieux que 15 à 30 jours après l'apparition des premiers symptômes.

Lire aussi : FCO : la Vienne prise entre deux feux | Caracterres

Une maladie qui terrasse rapidement l'animal

Octave Charrier, installé à Noirterre depuis peu en ovins et bovins allaitants, a fait face à la maladie dans son élevage : "J'avais une brebis bizarre à l'infirmerie. Quand je lui ai touché l'oreille, elle était brûlante et j'avais dû mal à lui ouvrir la bouche, qui commençait à avoir une couleur violacée. J'ai tout de suite appelé mon véto, qui m'avait alerté sur ces symptômes". 

Moins d'une heure plus tard, la vétérinaire constate la forte  fièvre de la brebis, et ses abcès buccaux. Une prise de sang est effectuée pour analyse. "C'est important pour confirmer la maladie et son sérotype, et pour protéger l'ensemble des éleveurs", souligne le jeune berger. Repérée à 12 h, la brebis est morte à 19 h. 

Lire aussi : À l’Epinais, la relève est assurée… en famille - Caracterres

Stress et surcroît de travail

Octave, qui avait commencé à passer son troupeau au Butox (insecticide) en préventif, accélère ainsi la cadence : "300 de mes brebis étaient rentrées pour l'agnelage ; pour les 180 au champ à 3 km, c'était plus sport. En passant des coups de fil, j'ai pu récupérer le parc mobile du GDS et être aidé par des proches". Des heures et des heures de chantier, où le reste de tâches quotidiennes s'accomplit en sourdine.

Pour lui, le stress est désormais permanent : "Quand j'ai vu une brebis à l'écart du troupeau hier, j'étais finalement content de la voir boiter ! Cette situation prend la tête. On a eu le risque brucellose, la MHE, les semis ratés de céréales, énormément de travail au printemps, et maintenant ça... Le recul des anciens me fait tenir : ils me disent qu'on finit toujours pas sortir de ce genre de crise". 

Vacciner les cheptels

Les vacances ne seront pas de sitôt pour Octave, qui prévoit de vacciner tout son troupeau ovin contre la FCO, et passer ses bovins à l'insecticide.

En ovin, il estime le surcoût à 50 cts/bête pour le Butox et autour de 2 € le vaccin (d'autres prix constatés font plutôt état d'une fourchette entre 3 et 4,5 €). "Mais je préfère ça que de ramasser des brebis mortes à plein godet. J'ai eu beaucoup de chance d'être bien accompagné par mes vétérinaires (Bocavet), qui m'ont trouvé des doses de Bluevac". 

Deux doses à 21 jours d'écart, soit deux fois plus de boulot de contention. "Je ne sais pas comment les gestantes réagiront à ces manipulations. Mais là encore, je préfère quelques avortements à une grosse casse causée par la FCO elle-même". 

Face à la FCO, booster l'immunité du troupeau, vacciner, et surveiller 

Le groupement de défense sanitaire Deux-Sèvres (GDS) rappelle ses préconisations face à l'épidémie : soutenir le bon état général des animaux, vacciner, surveiller les symptômes.

Complémenter pour aider
le système immunitaire

Un animal en bonne santé sera moins enclin à déclencher une maladie. Il convient donc de veiller au bon niveau d'efficacité des systèmes immunitaires des animaux, en apportant si nécessaire des compléments en vitamines A,  E, C et D et en oligoéléments : sélénium, zinc, cobalt, cuivre, magnésium.

Pas trop tard pour vacciner

Aujourd'hui, il n'est pas encore trop tard pour vacciner les cheptels contre le sérotype 8. Plusieurs précautions sont néanmoins à prendre : ne pas vacciner d'animal malade, définir avec son vétérinaire la période la plus propice.

Les périodes de mise à la reproduction ou le dernier tiers de gestation sont toutefois à éviter. La vaccination peut être réalisée par l'éleveur, si celle-ci n'a pas besoin d'être certifiée. Elle devra être réalisée par le vétérinaire si une certification doit être apportée, comme lors des échanges intracommunautaires (export). 

Déclarer tous les avortements
et prise en charge des prélèvements

La déclaration des avortements est essentielle, car en dehors du fait qu'elle est obligatoire dans le cadre de la surveillance de la brucellose, elle est également un signe clinique de la FCO.  

Le déplacement et les prélèvements vétérinaires sont pris en charge par l’État. Depuis décembre 2023, le GDS profite de ces prélèvements pour financer en plus, un dépistage FCO/MHE afin de surveiller l'apparition de ces maladies sur le département. Jusqu'à ce jour, il n'y a pas eu de résultat positif sur les avortements.

Observation quotidienne : dès maintenant, il est recommandé d'observer tous les jours le comportement général du troupeau (isolement, alimentation, abreuvement), la production laitière, afin d'identifier un animal suspect. Plus on sera réactif, plus les chances de guérison seront grandes.

Se déclarer foyer ? 

La question peut se poser. Être foyer, pour la FCO-8 (contrairement à d'autres sérotypes), n'empêche pas l'activité de se poursuivre (vente d'animaux, transport...). Se déclarer foyer après un cas avéré peut éventuellement ouvrir à de possibles indemnisations ou aides futures, sans garanties connues à ce jour.

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