Maïs
La bonne quantité d’eau au bon moment
Les semis de cette année ont été dans l’ensemble réalisés à partir du 6 voire du 7 avril. Les semis plus précoces sont moins importants qu’en 2009. Pour gérer au mieux l’irrigation des maïs cette année, Arvalis donne quelques conseils selon les disponibilités en eau.
Pour l’irrigation du maïs grain, on considère couramment que les moyens d’irrigation (débit et volume) doivent permettre de satisfaire les besoins en eau de la culture au moins huit années sur dix. Quand on dispose de ces moyens, la stratégie d’irrigation, c’est-à-dire le plan prévisionnel d’arrosage, est établie sans craindre a priori une insuffisance par rapport aux besoins pour huit années sur dix. La méthode Irrinov, développée par Arvalis et les chambres d’agriculture de la région et des Pays de la Loire permet de piloter l’irrigation dans ce contexte.
En Poitou-Charentes, pour une groie moyenne de réserve utile comprise entre 70 et 130 mm, il faut, pour satisfaire les besoins en eau huit années sur dix, 230 à 270 mm d’eau pour irriguer un maïs soit 8 à 9 tours d’eau de 30 mm.
La période de besoins en eau du maïs s’étend du stade 10-12 feuilles au stade 50% d’humidité du grain (45% pour les sols superficiels). Il ne faut déclencher l’irrigation ni trop tôt (pour valoriser au mieux l’eau apportée) ni trop tard (ne pas épuiser la réserve du sol avant de commencer). Dans l’ensemble, avec les orages localisés sur la région fin mai à début juin, les apports d’azote ont pu être valorisés.
Etre prêt à irriguer à partir de dix feuilles du maïs
La phase la plus sensible de la culture au manque d’eau est la phase qui va de fin montaison à floraison femelle et au début de remplissage des grains (soit jusqu’à 15 jours après la floraison femelle). C’est donc pendant cette période qu’il faudra éviter de stresser la culture, au risque de fortement pénaliser le rendement.
Que faire en cas de restriction en cours de campagne ?
Dans certains bassins, il arrive fréquemment (sauf en 2007 et en 2008 où les ressources en eau ont été suffisantes pour les besoins d’irrigation), qu’au cours de la campagne, le débit ou le volume d’irrigation soit réduit à partir d’une certaine date suite à un arrêté préfectoral. Ces restrictions d’irrigation peuvent se traduire par des baisses sévères de rendement si elles interviennent avant la fin de période de plus grande sensibilité au déficit hydrique. Dans les situations où ce type de restriction peut se produire en 2010, la stratégie à appliquer vise dans la mesure du possible à ne pas trop consommer la réserve en eau de manière à en disposer pour tamponner le déficit hydrique en cas d’arrêt précoce de l’irrigation.
Pendant la période sans contrainte d’utilisation de la ressource
Compte tenu de l’incertitude sur la date d’apparition de la contrainte et sur son intensité, l’objectif sera généralement de viser un rendement correct qui sera atteint si la contrainte reste modérée. Conduire l’irrigation comme si la ressource était suffisante.
Pendant la période avec contrainte d’utilisation de la ressource
La marge de manœuvre est bien sûr plus limitée. Si la contrainte est forte, elle dicte elle-même le rythme des irrigations. Dans certains cas, il est possible de faire une modulation des apports selon les parcelles ou les positions, si celles-ci sont situées sur des sols avec des réserves en eau différentes : on pourra diminuer la dose ou espacer davantage les apports sur les positions ou parcelles en sols plus profonds.
Que faire en cas de volume limité ?
Dans ce cas, dès le départ, le volume est limitant par rapport aux besoins en eau du maïs. Deux attitudes extrêmes sont alors à éviter :
- irriguer le maïs comme si le volume n’était pas limitant au risque de ne plus avoir d’eau quand les besoins sont encore importants ;
- limiter les irrigations de peur d’en manquer au détriment du rendement de la culture, sans consommer au final tout le volume alloué.
Le but recherché est de veiller à maintenir la capacité de la plante à valoriser au maximum tous les épisodes climatiques favorables et d’assurer une alimentation en eau correcte au moins jusqu’à dix jours après floraison femelle.
Pour répartir les risques, mieux vaut préférer les doses unitaires modérées et déterminer le nombre d’irrigations possibles. Ainsi, pour un volume de 1500 m3/ha (150 mm), six irrigations de 25 mm valent mieux que cinq irrigations de 30 mm et mieux que quatre irrigations de 38 mm.
Pour optimiser l’utilisation du volume disponible, il est nécessaire d’établir un calendrier prévisionnel en privilégiant les périodes les plus sensibles de la culture : notamment la montaison, la période encadrant la floraison et le début du remplissage des grains.
Ce calendrier prévisionnel doit ensuite être adapté en cours de campagne en fonction du climat : suivre l’évolution des stades de la culture, profiter des pluies pour reporter les irrigations et mieux couvrir les périodes sensibles ultérieures. Le premier indicateur de pilotage est évidemment le volume disponible restant en fonction du stade de la culture. Une estimation satisfaisante des volumes est alors indispensable : contrôle par compteur, vérification des réglages du matériel.