Machinisme
Le champ du matériel agricole passé à la loupe
Réunis lors d’une table ronde organisée aux Ruralies, des céréaliers de la région ont disserté sur le matériel agricole, son utilisation, son évolution…
TCS, trois lettres qui ont ouvert le débat sur le machinisme agricole organisé par le groupe Réussir, jeudi 4 février aux Ruralies (*). En effet, les techniques culturales simplifiées permettent aux agriculteurs de composer avec les contraintes agronomiques d’un sol hétérogène. « A ces contraintes, souligne Jean-Luc Audé, céréalier à Mairé-Levescault, s’ajoutent les contraintes environnementales. On est obligés de s’y mettre et dans les années à venir, l’adaptation de nos exploitations sera l’adaptation à l’environnement. » Avantage agronomique des TCS mais également économique pour les agriculteurs qui, comme le précise Jean-Luc Audé, réduisent les investissements dans le matériel en raison de rémunérations revues à la baisse. Et Yohann Delage, céréalier installé à côté d’Angoulême, de confirmer : « Les TCS permettent de limiter le nombre de passages des machines ». En plus de techniques simplifiées, l’un d’eux argue même d’un retour à du matériel plus simple. « Les outils sont de plus en plus sophistiqués, note Vincent Morisset, céréalier dans la Vienne. Il faudra de plus en plus de compétences mécaniques pour les utiliser. » Par ailleurs, la précision des outils est saluée et elle pourrait être encore améliorée selon l’assistance. Notamment pour le désherbage post-semis afin d’obtenir une meilleure qualité d’application pour moins traiter et répondre aux exigences du plan Ecophyto 2018.
« Nous sommes des artisans et non des décideurs »
L’augmentation de la surface des exploitations remonte à l’essor de la mécanisation, après la Seconde Guerre mondiale. Alors cet agrandissement va-t-il aller crescendo ou va-t-on faire le choix de la ruralité en France ? Une décision, qui selon Vincent Morisset, appartient aux politiques : « Soit on fait le choix de la ruralité, soit on reste dans un système libéral. Ce n’est pas à nous de choisir, nous sommes des artisans et non pas des décideurs. Il faut que les politiques répondent, qu’ils nous donnent les clefs et nous nous adapterons ».
Avec des surfaces plus grandes, le matériel devrait donc gagner en largeur et l’exploitant devrait embaucher plus de salariés. Lesquels doivent être, selon François Chauveau, céréalier à Irais, mis dans de bonnes conditions de travail, donc avec à leur disposition un matériel confortable. Mais dans cette période de restrictions économiques, les agriculteurs ne sont-ils pas tentés d’acheter, pour eux et leurs salariés, un matériel un peu moins cossu ?
« Je suis agacé par les gadgets qui ne servent à rien, répond Jean-Luc Audé. En revanche, il y a des éléments incontournables tels que la qualité de l’assise ou le confort sonore. » Et François Chauveau de défendre la performance des tracteurs : « En louant un tracteur haut de gamme, le coût de chantier à l’hectare travaillé est d’un tiers inférieur à celui obtenu en louant un tracteur traditionnel pas cher. Et ce, avec la même puissance moteur pour les deux engins ».
Confort et sécurité sont donc essentiels aux yeux des exploitants, la part grandissante de l’électronique amène Yohann Delage à parler d’une nécessaire extension de garantie et de l’importance de la proximité des concessionnaires. Auxquels les exploitants demandent une meilleure formation de leur personnel pour une meilleure information sur le matériel.
(*) En vue de la préparation d’une convention de l’Axema (union des industriels de l’agro-équipement) et du Sedima (Syndicat des entreprises de services et de distribution du machinisme agricole).