Le programme charentais MIVigne s’affiche sur le terrain
Journée communication et information sur les expérimentations menées par le réseau Mobilisation et Innovation Vigneronne (MIVignes) dans les deux Charentes, le 9 juillet.
« Le plan national de dépérissement du vignoble est un vrai sujet, car il en va de notre patrimoine végétal viticole. Tous les jours, sur le terrain, nos techniciens de Chambre d’agriculture sont soumis à des questions sur les maladies du bois pour y apporter des solutions. C’est à cette problématique que s’est attelée le programme MiVigne (pour Mobilisation et innovation vigneronne) » lance en préambule Denis Carretier, référent national Viticulture pour les Chambres d’agriculture. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes, ajoute aussitôt le président de la Chambre régionale d’Occitanie. Sur les 800 000 hectares du vignoble français, à raison de 5 % de perte, cela équivaut déjà à 40 000 hectares… Alors certes, il existe des techniques telles que la complantation pour contrecarrer le phénomène, mais il représente un coût. » Denis Carretier accompagnait mardi 9 juillet un groupe de journalistes nationaux, à la découverte des initiatives pratiques de MiVigne appliquées au vignoble de cognac.
Les deux présidents de Chambres d’agriculture, Christian Daniau pour la Charente et Luc Servant, pour la Charente-Maritime étaient également de la partie. « Nos deux chambres travaillent de concert sur la partie viticole », a précisé le président charentais, aux côtés d’Anne-Marie Vaudon, responsable du comité d’orientation Viticulture à la Chambre d’agriculture de Charente.
Trois pauses dans le vignoble charentais
Les rencontres à travers le vignoble charentais ont commencé à la pépinière Cabel à Sonnac (17), puis sur le domaine bio de la Tour Vert à Foussignac avant de se terminer dans les vignes de Christophe Gambier à Triac-Lautrait pour une démonstration d’entreplantation. À chaque fois, les responsables présents ont expliqué leurs motivations et les techniques à l’essai. La pépiniériste de Charente-Maritime Delphine Bellebeau a fait le lien avec le matériel végétal en termes de qualité, traçabilité et de recherche. Cela a permis d’évoquer le programme de recherche sur les cépages résistants aux maladies du mildiou et de l’oïdium. Elle est doublement intéressée par ces problématiques, puisqu’elle est également viticultrice avec 70 ha (dont 60 pour le cognac) et bouilleur de cru. La pépinière produit 1,5 million de plants de vignes (dont 1,3 en Ugni blanc et le reste en cépages régionaux).
Julian Bia, de la SCEA du Péra, à Salignac-sur-Charente, a présenté l’essai qu’il mène sur les porte-greffes : « Voilà deux semaines, nous avons planté 10 porte-greffes Ugni-Blanc différents sur une même parcelle. » Manon Catania, technicienne viticole à la Chambre 17, précise que le groupe est dans l’hypothèse que les porte-greffes sont plus ou moins sensibles aux maladies du bois. Afin de connaître l’homogénéité de la parcelle, des mesures de résistivité ont été réalisées avec des fosses pédologiques. « Il s’agit d’un essai sur le long terme. Dans trois ans, nous verrons le développement du plant et par la suite les maladies du bois. »
À Foussignac (16), Jean-Baptiste Pinard, même s’il n’est pas intégré à un groupe MiVigne spécifique, participe depuis des années à de nombreux essais : sur les maladies du bois et la phytothérapie avec la Chambre d’agriculture et les pièges connectés pour la cicadelle de la flavescence dorée, avec la Station viticole du BNIC. Concernant cette dernière maladie, il est d’ailleurs partant pour mener des essais en vue de réduire les trois traitements obligatoires en zone contaminée. La réduction du cuivre est aussi l’une des préoccupations de ce viticulteur bio.
Enfin, à Triac-Lautrait (16), l’exploitation de Christophe Gambier implantée dans l’aire d’alimentation de captage La Touche-Triac a permis aussi de dresser le bilan des mesures agroenvironnementales en viticulture (25 viticulteurs engagés représentant 412 hectares sous contrat).