L’eau, un moyen de sécuriser l’avenir des exploitations
La coopérative Sèvre et Belle s’est engagée auprès de la Coop de l’eau dans le projet de réserves. Pour Médéric Brunet, son directeur, l’eau est un moyen de sécuriser l’alimentation des cheptels mais aussi de développer des cultures à forte valeur ajoutée.
C’est une projection à quinze ans que propose Médéric Brunet. Le directeur de la coopérative Sèvre et Belle a de belles ambitions à moyen et long terme pour l’agriculture de son territoire. Et l’eau est un moyen important de parvenir aux objectifs fixés. En effet, l’irrigation doit permettre d’une part de sécuriser l’alimentation des cheptels et d’autre part d’ouvrir de nouvelles perspectives avec le développement de cultures à forte valeur ajoutée comme les lentilles ou le soja.
Aujourd’hui, l’objectif principal pour tous les acteurs agricoles est de sauvegarder les élevages du département. Cela passe par l’assurance de pouvoir fournir du maïs ensilage ou du maïs grains à ses animaux en autoconsommation, sans avoir besoin d’acheter à l’extérieur et mettre ainsi en danger les finances de l’exploitation. « Ce qui nous intéresse, c’est le revenu de l’agriculteur, ce n’est pas de faire de la production à outrance pour atteindre 110 quintaux de blé à l’hectare, pose Médéric Brunet. Alors, s’il faut faire un ou deux tours d’eau en avril pour sécuriser le rendement de blé et la qualité, on le fera ».
Et dans les sols argilo-calcaire, composés de particules fines et de cailloux, présents dans le secteur de Vouillé par exemple, il est difficile de faire pousser sans eau. Dans cette optique, la coopérative s’est engagée auprès de la Coop de l’eau et espère voir mener à terme le projet des 19 réserves de substitution. « Leur mise en place n’a pas pour but de consommer plus d’eau mais bien de sécuriser son accès, explique-t-il. C’est un phénomène de substitution, de régulation. On pompe l’hiver quand il pleut. Ce projet, c’est une réponse à la demande de la société civile » !
Une filière soja en développement
Ce projet de réserves doit également être « une bouffée d’oxygène » en ce qui concerne l’implantation de 1 000 hectares de soja dans le sud du département, une culture très demandée mais trop peu produite localement. La coopérative Alicoop en importe ainsi 25 000 tonnes par an. « Il y a trois ans, on a décidé, en partenariat avec Océalia, de mettre en place une filière locale soja de pays pour s’affranchir de ces importations ». Un véritable marché que la coopérative veut saisir le plus rapidement possible. « On avait envie de faire du non-OGM donc pour se faire, il faut être sûr d’avoir la filière globale, relate Médéric Brunet. Le soja ainsi récolté est traité dans l’usine de trituration de COC dans la Vienne puis il retourne sur les exploitations sous forme de tourteau. La filière ne peut pas être plus courte ».
Baisser l’impact des produits sur la nature
Soucieux de l’approvisionnement de ses adhérents en eau, Médéric Brunet l’est aussi de sa qualité. Depuis 1992, la coopérative adhère à la charte de reconquête de la qualité de l’eau, dont le programme Re-Sources est le prolongement, et est partenaire des syndicats d’eau et des différents bassins-versants du Niortais. Elle a également mis au point le programme Epiclès, qui permet de mieux gérer les intrants et d’obtenir moins de rejets chimiques dans le milieu.
Il y a trois ans, elle s’est équipée d’un drone pour évaluer la biomasse et ainsi mieux adapter les apports à la culture en place. Une politique d’agriculture de précision et de modulation intra-parcellaire bénéfique aux exploitants comme à la nature. « On a tendance à voir que la qualité de l’eau commence à s’améliorer sur l’ensemble du bassin, selon les tests réalisés par les syndicats d’eau », déclare ainsi le directeur de la structure.