Les abeilles diversifient leur menu dans les plaines agricoles
Les abeilles domestiques exploitent les cultures comme le tournesol et le colza. Des résultats récents obtenus dans nos paysages révèlent des surprises : les essences présentes dans les haies, lisières et adventices ont un rôle prépondérant dans l'alimentation des colonies.
L'intensification de l'agriculture a conduit à deux stress environnementaux pour les abeilles : la diminution des ressources florales disponibles et l'augmentation de l'exposition aux produits phytopharmaceutiques. Les travaux présentés ici ont été conduits sur une plaine agricole du sud des Deux-Sèvres, la zone atelier Plaine et Val de Sèvre, afin d'étudier les ressources exploitées par les abeilles au cours d'une saison. Les chercheurs se sont penchés sur les deux éléments clés du régime alimentaire des abeilles domestiques, qu'elles vont chercher dans l'environnement de la ruche, du pollen, source de protéines et acides gras essentiellement et du nectar, source d'énergie, qu'elles utilisent pour constituer leurs réserves de miel. L'évolution des ruches a été suivie pendant cinq années.
Des sources de pollen très variées
Les ressources arborées (bois, lisières et haies) ont un rôle prépondérant en début de saison pour le démarrage des colonies. Les adventices des cultures prennent ensuite le relais pendant la période de disette entre les floraisons de colza et de tournesol. Les espèces les plus représentées dans les apports de pollen sont (par ordre décroissant) : maïs, coquelicots, tournesols, aubépines, moutardes, pruniers sauvages et autres espèces du genre prunus, mercuriales, érables. Au total, les butineuses ont rapporté du pollen de plus de 200 espèces différentes.
Du nectar de tournesol et de colza essentiellement
Les travaux ont confirmé ce que connaissent bien les apiculteurs de la région : les abeilles exploitent le colza au printemps, puis le tournesol en été, lesquels représentent 80 % de l'apport en nectar dans les ruches et constituent les 2 principales miellées. Un autre résultat concerne la dynamique des colonies au cours d'une saison. A la fin du printemps, les colonies font face à un défaut d'alimentation pollinique. Face à ce manque de ressources, les abeilles privilégient la constitution de réserves au détriment de l'élevage du couvain, ce qui conduit à un affaiblissement de la population. Cette disette alimentaire a des répercussions sur toute la saison et même sur la survie hivernale des colonies. C'est un des leviers sur lesquels il est possible d'agir en maintenant une diversité florale tout au long de la saison dans les paysages agricoles.
De fortes mortalités d'abeilles
Des apiculteurs amateurs et professionnels de la région ont connu cet hiver des niveaux anormalement élevés de mortalité, allant parfois jusqu'à 70% ou 80 % de leur cheptel. Ce chiffre est bien au-dessus des niveaux de mortalité observés en Poitou-Charentes qui se situent autour de 30 % des colonies qui meurent chaque année, niveau déjà très élevé et difficile à gérer pour maintenir le cheptel des exploitations.
Plusieurs hypothèses sont avancées pour déterminer les causes pouvant expliquer ce phénomène. Certains apiculteurs affirment que les traitements phytosanitaires (en particulier les insecticides de la famille des néonicotinoïdes utilisés en traitement de semences) constituent la principale cause de mortalité. La question des ressources disponibles dans les zones agricoles de la région est également avancée. Les pratiques apicoles peuvent également jouer un rôle : méthodes de lutte utilisées contre le varroa (parasite des abeilles), maîtrise des diverses pathologies susceptibles d'affecter les ruches, facteurs liés à la génétique des populations d'abeilles... Des travaux sont en cours pour tenter d'identifier des facteurs d'explication, aucune conclusion définitive n'a été tirée à ce jour.