Les agriculteurs mouillent la chemise
Présents à la Fête de la terre, les syndicats des eaux du Centre-Ouest (Seco) et du Vivier (Sev) saluent les efforts entrepris par la profession agricole depuis une dizaine d’années. La qualité de l’eau s’est améliorée, selon eux, notamment sur la teneur en nitrates.
aux « Rendez-vous des couverts ». Les prochains rendez-vous ont lieu les 7, 13 et 20 septembre.
Dimanche 2 septembre, à Échiré, le Seco tiendra un bar à eau, avec dégustation à l’aveugle d’eau de source, minérale et du robinet. Avis aux fins gourmets et aux curieux puisqu’il sera question d’où vient l’eau du robinet, de sa qualité et des impacts de l’activité humaine sur celle-ci. Après ce petit rafraîchissement, le Sev invitera au voyage. Avec lui, il sera possible de suivre le cycle de l’eau sur le bassin versant du Vivier jusqu’à 100 mètres sous la surface de la terre, grâce à une maquette du bassin. C’est Claire Burot, animatrice agricole du Seco, qui sera barmaid pour l’occasion, et Cédric Billy, son homologue du Sev, qui jouera au guide.
Réduire la pression polluante
Les deux acolytes animent le programme Re-Sources en Deux-Sèvres, un programme régional et multipartenarial de reconquête de la qualité de la ressource en eau potable, initiée au début des années 2000. Avec les agriculteurs, ils travaillent à réduire la pression polluante et les risques d’entraînement de la pollution grâce au développement des prairies, à l’allongement des rotations culturales (plus d’espèces se succèdent avant le retour de la culture « maîtresse »), à l’inclusion de cultures économes en intrants (engrais et pesticides) et de variétés résistantes (« rustiques »), à la mise en place de couverts végétaux entre deux cultures (qui servent à piéger l’azote/nitrates), à l’utilisation de compost (moins lessivable que le fumier/nitrates) pour fertiliser la terre et au fractionnement de cet apport, au désherbage mécanique, à l’aménagement de haies, à la conversion de certaines exploitations à l’agriculture biologique ou à des pratiques agro-écologiques (qui donnent lieu à des aides de l’Union européenne, de l’État, de la région).
« On fait beaucoup de démonstrations. Les agriculteurs viennent chercher des réponses chez nous. La plupart travaille sur des bassins d’alimentation de captage de l’eau potable », constate Claire. « On aimerait aussi qu’ils viennent à nous pour co-construire le programme d’actions », ajoute Cédric.
550 agriculteurs sont concernés par la préservation de la qualité de l’eau potable sur les deux bassins du Centre-Ouest et du Vivier, qui comptent plus de 30 000 hectares de surface agricole au total. Près d’un tiers d’entre eux est bien impliqué dans le programme. Certains jeunes agriculteurs des cantons de Niort et de Coulonges-sur-l’Autize, organisateurs de la Fête de la terre, sont d’ailleurs de ceux-là. Un autre tiers de ces agriculteurs présents sur les deux bassins a déjà participé à une action Re-Sources. Et le tiers restant est peu ou pas connu des animateurs.
Bilan mitigé sur les pesticides
« La qualité de l’eau est plutôt bonne mais fragile. Il ne faut rien lâcher et aller plus loin », enjoint Claire. La teneur en nitrates dans l’eau baisse sur le bassin du Vivier (moins 20 % en dix ans, dans la nappe) et stagne sur le bassin du Centre-Ouest. Mais « le bilan est plus mitigé sur les pesticides », avertit Marc Lambert, directeur du syndicat des eaux du Vivier, hydrogéologue et animateur du groupe de travail national entre les collectivités sur la protection des captages contre les pollutions diffuses. En effet, un métabolite (*) du métazachlore, une molécule présente dans les herbicides, notamment du colza, émerge actuellement dans les analyses d’eau du Centre-Ouest deux-sévrien, précise Claire Burot.
Cédric Billy confirme que, dans les analyses de l’eau brute du Sev, ce métabolite apparaît, « sous forme de traces », souligne-t-il. Si cette substance est problématique sur d’autres bassins du département, il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur les secteurs du Seco et du Sev, rassurent les animateurs des deux syndicats. Malgré tout, ces détections prouvent que les efforts pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires doivent être constants.
Mairies et particuliers
Le programme Re-Sources ne concerne pas que les agriculteurs, il s’adresse à tous ceux qui peuvent avoir une action polluante. Des animateurs des syndicats des eaux accompagnent, par exemple, les mairies sur la gestion des espaces communaux. Saviez-vous que depuis 2017, l’usage des pesticides chimiques est interdit aux collectivités ? À partir de 2019, l’interdiction s’étendra aux particuliers.
(*) produit résultant de la transformation d’une substance chimique.