Patrimoine
Les Croqueurs de pommes cultivent les essences locales
Patrimoine
Le verger conservatoire de Secondigny compte 120 variétés de pommes dénichées en Deux-Sèvres. Par la sensibilisation et la vente de greffons, les Croqueurs de pommes espèrent voir certaines d’entre elles reprendre place dans les jardins des particuliers.
Chaque année, le verger conservatoire offre quelque 20 tonnes de fruits. Des pommes à croquer ou pour le jus de pomme vendues pour financer l’entretien du site.
©
C. P.
Le verger conservatoire de Secondigny est le fruit d’un travail collectif. Depuis 1996, les membres de l’antenne départementale des Croqueurs de pommes, portés par des rencontres plus ou moins hasardeuses, visitent les jardins privés à la recherche de la perle rare… une pomme dont la variété issue de la région ne serait pas encore répertoriée ; un pommier dont la singularité des caractères génétiques viendrait enrichir la collection départementale aujourd’hui composée de 110 variétés. « Parmi celles-ci, commente Jean-Claude Daniau, président départemental des Croqueurs de pommes, quarante sont originaires de par ici. » Et de citer la très connue reinette clochard, mais également la pomme ramane, la grain d’or de Mazières, la reinette truitée, la mouchetée, la patte de loup. Depuis seize ans, sur 1 ha de terre de Gâtine, les Croqueurs de pommes prennent soin du patrimoine génétique commun. Pour assurer la survie de ces essences locales, le verger conservatoire compte deux arbres par variété. Une sécurité qui permet en cas de perte d’un spécimen de procéder par greffe à la multiplication du patrimoine génétique menacé. « Conserver est l’une des missions que l’on s’est donnée. Par ailleurs, il nous tient à cœur d’informer et de former un large public aux qualités de chacune de ces espèces. Voir ces essences locales reprendre possession des jardins des Deux-Sévriens serait une grande satisfaction. » Pour ce faire, les Croqueurs de pommes fréquentent les fêtes locales. Comme à Secondiny à l’occasion de Pom’expo, ils présentent via la dégustation de fruits les qualités gustatives des fruits produits en Deux-Sèvres. « Nous organisons des sessions de formation au greffage, à la taille des arbres également. Un large public s’intéresse à ces actes techniques essentiels à la survie des variétés », juge Jean-Claude Daniau. Ils sont également de plus en plus nombreux à commander des greffons de ces arbres dont les fruits pour la plupart ont disparu des étals des magasins. Pour satisfaire cette demande, Joseph Sauvètre, ancien président de l’association, fait vivre chez lui une petite pépinière. « Nous y faisons du greffage selon la demande. » Conserver, c’est aussi diffuser.