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Les cultures dérobées en complément des fourrages traditionnels
En complément de l’herbe pâturée ou récoltée, les fourrages en cultures dérobées peuvent constituer une ressource fourragère intéressante. Elles sont cependant souvent soumises aux aléas climatiques. L’objectif est de limiter leur coût d’implantation par l’absence de labour par exemple.
L’une des pistes est de mêler moha et trèfle d’Alexandrie pour une production d’été. Le moha est une graminée estivale moins exigeante en eau que le RGI. En bonnes conditions, elle pousse rapidement (70 à 90 jours) avec une production potentielle de 2 à 4 tonnes de MS/ha. Le moha peut prendre la suite d’une céréale immature. Des exploitants ont obtenu 3,3 à 5 tonnes de MS/ha après céréales immatures en 2011 et 2012, mais un développement quasi-nul pour un semis avant le 31 juillet 2009 et rien en 2010. Pour un semis en juin, la récolte est possible mi-septembre. Gélif, le moha ne passera pas l’hiver. Sa valeur alimentaire est estimée à 0,77 UFL (0,72 UFL en association avec le trèfle d’Alexandrie) et 12% à 14 % de MAT. Il serait plutôt destiné aux vaches allaitantes (riche en fibres et plutôt encombrant). Il est pauvre en sucre et peut donc poser des soucis de conservation en ensilage. Il est plutôt conseillé en foin. Le moha, une fois coupé, ne repart pas. Le trèfle d’Alexandrie quant à lui semble avoir une aptitude à la repousse variable selon les variétés. L’association peut-être pâturée car non météorisante. Le semis s’effectue de mi-juin à début juillet en pur (25 kg) ou en association avec 12 kg/ha de trèfle d’Alexandrie (60-65 €/ha). Pour limiter les risques en cas d’été frais, on peut aussi mélanger moha (50%) et ray-grass d’Italie (50%).
En culture dérobée ou principale, le sorgho est quant à lui un fourrage très exigeant en chaleur (attention si l'été est frais). Il est plutôt destiné à l’ensilage ou à l’affouragement en vert. Une fois installé, il est beaucoup moins exigeant en eau que le maïs. II est aussi gélif. Le sorgho est exploitable en pâturage mais il faut attendre qu'il atteigne une hauteur de 40 à 50 cm pour les variétés sudan-grass, 60 à 70 cm pour les hybrides sorgho-sudan. En dessous de ces stades, il contient des substances toxiques pour les vaches. Un fil avant permet de limiter le gaspillage et un fil arrière évite le pâturage de jeunes repousses potentiellement toxiques. En revanche, ces substances toxiques sont éliminées une heure après la fauche. Le semis se réalise de mi-juin à début juillet à une densité de 20-25 kg/ha (80-90 €/ha) pour les variétés de sudan-grass et de 30-40 kg/ha pour les hybrides sorgho x sudan.
Parmi les associations de courtes durées les RGI-RGH et les trèfles peuvent avoir de l’intérêt sur l’exploitation. Ce fourrage sera destiné en priorité à faire du stock en culture annuelle ou en dérobée. En semis de fin de printemps, si l’été est suffisamment pluvieux et pas trop chaud, le RGI est bien adapté, notamment dans les terres profondes, mais il poussera mal en cas de fortes chaleurs et de conditions sèches. Pour limiter les risques on peut envisager de semer un mélange moha + RGI. Pour une valorisation dès l’automne, il est préférable de le semer avant le 15 août. Pour les semis d'été avec une exploitation en pâturage dès l'automne, il vaut mieux choisir une variété non alternative (qui n’épie pas l’année du semis). Un type diploïde alternatif peut être préféré si le RGI est destiné à être fauché, mais en cas de conditions chaudes et sèches les variétés alternatives montent rapidement à épis avec un faible développement et peu de feuilles. On peut mélanger au ray-grass trèfle incarnat, du trèfle d’Alexandrie qui n’est pas ou peu météorisant, et aussi de la vesce commune. En sol argileux, le trèfle de Perse serait plus adapté que le trèfle d’Alexandrie. Le trèfle incarnat ne devrait pas repartir après l'exploitation d'automne, et l’aptitude à la repousse du trèfle d’Alexandrie est variable selon les variétés et elle est mal connue.
Le colza fourrager et les choux fourragers
Les crucifères sont plutôt destinées au pâturage ou à l'affouragement et présentent de très bonnes valeurs alimentaires au stade feuillu (0,91 UFL/kg MS / 124-97 Pdin Pdie pour le colza et 1,03 UFL/104-98 Pdin Pdie pour les choux). Mais les crucifères se développent mal en cas de conditions sèches et chaudes.
Le cycle de végétation du colza fourrager est très court. Avec les variétés précoces et demi-précoces, 60 à 80 jours suffisent après le semis pour récolter 4 à 5 tonnes de matière sèche à l'hectare dans de bonnes conditions. Les variétés tardives (type «hiver ») ont un développement plus lent (au moins 12 semaines avant le stade optimal correspondant à l’allongement des tiges), mais sont plus productives et peuvent être exploitées en pâturage tardif en hiver. Quelle que soit l’espèce animale, il faut limiter la part du colza à 40 % de la matière sèche totale de la ration et complémenter avec du fourrage grossier (foin ou paille) et un aliment énergétique (céréales, ensilage de maïs). En pâturage, il faut un sol portant et un fil avant, avec un front suffisant (au moins 5 m par vache). Les vaches doivent pâturer 2 à 3 heures en fin de matinée et s’arrêter une heure avant la traite pour que le lait n’ait pas le goût du colza. L’ensilage du colza fourrager et des choux fourragers est difficile à cause des jus.
Les choux fourragers poussent moins rapidement, ils sont plus ou moins productifs en semis tardifs (après le 15 juillet). Ils sont plus souples à exploiter. Il faut attendre au moins 4 à 5 ans pour le retour de ces fourrages sur une même parcelle.