FCO
« Ne pas hésiter à vacciner contre la FCO »
Cette semaine, dans votre journal Agri79 deux pages spéciales sur la FCO avec notamment une rencontre avec Jacques Quaeybeur, éleveur au cœur des foyers de FCO, dans l’Aisne. Surveillance et vaccination, sont ses deux conseils aux éleveurs du département.
À Clairefontaine, au cœur de la Thiérache, Jacques Quaeybeur, élève avec trois de ses associés 120 vaches laitières, 40 vaches allaitantes, des taurillons et des bœufs. Secrétaire général des productions animales de la FDSEA, il a été en première ligne dans la prise de conscience des dégâts que provoque la FCO dans les troupeaux de bovins et d’ovins d’un département où l’on a recensé jusqu’à 2000 foyers dans les 2 300 exploitations d’élevage du département de l’Aisne.
Où en est le département deux ans après l’arrivée de la FCO ?
Jacques Quaeybeur : Dès la fin du mois d’août 2007, nous avons plaidé pour la vaccination. Les doses sont arrivées fin avril 2008 et aujourd’hui, 80 % des vaches laitières du département sont vaccinées, 50 % des vaches allaitantes et 90 % des ovins. Les premiers vaccins ont été faits alors que les bêtes n’étaient pas sorties, mais pour le rappel, les éleveurs se sont organisés avec des parcs de contention mobiles, ou des filets. Avec plus des trois quarts des élevages contaminés, la communication a joué un grand rôle sur les conséquences d’une démobilisation des éleveurs, surtout d’ovins. On peut donc parler d’une vaccination de masse, après un automne noir. Et la maladie semble circonscrite.
Quand avez-vous perçu les premiers symptômes de la FCO sur votre exploitation ?
Fin août 2006, sur des génisses qui venaient de vêler. Elles n’avaient plus de lait, étaient nonchalantes, avec de la fièvre, des yeux exorbités et le mufle sec. À ce moment-là, des cas étaient déclarés en Belgique et en Hollande et très vite quelques cas ont été signalés dans le département. S’en sont suivis les différents périmètres - 5 km, 20 km -, et de gros préjudices commerciaux pour les éleveurs : moins 1,50 ? par kilo sur la viande, et moins 50 % pour les veaux de huit jours. Les avortements ont touché la plupart des élevages. La DSV estime qu’ils ont été multipliés par trois. Dans notre élevage, sur 115 vêlages, 12 avortements ont été mis sur le compte de la FCO cet automne-là.
Les avortements à six/sept mois étaient constatés dans les prés. Des veaux qui arrivaient à terme semblaient vigoureux et on les retrouvait morts le lendemain. Des vêlages avaient lieu avant terme, la production de lait chutait… Donc, beaucoup de symptômes plus prononcés les uns que les autres dans un élevage ou dans un autre. On a aussi constaté des résultats décevants après IA.
Et pour les ovins ?
C’est plus tragique encore. La plupart des troupes ont été touchées. On estime les pertes à 10 % des brebis adultes. Elles présentaient les mêmes symptômes que les bovins. Elles ne peuvent plus s’alimenter. Les béliers, comme les taureaux, sont stériles et le retour de la fertilité n’intervient pas avant 70 jours après la maladie quand il n’y a pas de complications supplémentaires.
Que conseillez-vous aux éleveurs de la région ?
Ils doivent bien observer leurs bêtes surtout les lots de vaches taries, de génisses pleines, les vaches allaitantes, parce que les vaches en lactation, ils les voient tous les jours.
Et puis surtout, je leur conseille de ne pas hésiter à vacciner. L’incidence économique de la maladie est trop importante. Avant de les inséminer, nous pesons les génisses : quand elles sont malades, elles restent plusieurs semaines sans prendre de poids. Les taurillons sont dans le même cas. Et pour les vaches, c’est une perte de production de lait qui attend les éleveurs. Nous avons pu obtenir des indemnisations par animal mort, mais une fois les vaccins arrivés dans les départements, le maintien de cette aide est incertain.
Propos recueillis
par Guy du Repaire