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Bovin viande
Reprise de capitaux en bovin viande : les questions à se poser

Avec un tiers des installations, le bovin viande est la production dominante en Deux-Sèvres. Pour les futurs éleveuses et éleveurs, le projet d’installation est l’occasion de s’assurer que l’exploitation choisie sera viable, qu’elle est estimée à sa juste valeur, et qu’ils seront en capacité financière de prétendre à sa reprise.

© JC Gutner

1. Est-ce la bonne exploitation ? Vérifier la cohérence du système à reprendre

La valeur des capitaux à reprendre en bovins viande ne cesse d’augmenter depuis trente ans, met en lumière une récente étude des chambres d’agriculture des Pays de la Loire et Deux-Sèvres : +238 % au global, dont la part du cheptel (+123 %) reste relativement contenue, par rapport à la mécanisation et aux bâtiments (+286 %). 

La valeur moyenne de cession des parts a été évaluée en moyenne à 7 000 € d’actifs par vache en 2021 dans les fermes de référence du réseau.

Lire aussi : À 50 ans, il cède son exploitation et installe deux jeunes

Un EBE cible

La rentabilité de l’outil à reprendre doit permettre de couvrir cet investissement. Le projet doit dégager un EBE capable de couvrir les montants d’annuité, mais aussi les prélèvements privés du jeune installé (18 000 € mini retenus dans les études), et une marge de sécurité de 10 à 15 %.

La question à se poser est : Les outils de production (les vaches, les terres, le mode d’exploitation), tels qu’ils sont, permettent-ils d’atteindre cet EBE cible ?

Est-ce que le système du cédant, s’il a un peu vieilli et baissé en productivité, peut être relancé avec des investissements et un temps de travail raisonnables ?

Est-ce que le projet est cohérent avec les outils de production en place ?

 

Les critères de rentabilité économique du projet

Objectif : EBE ≥ 10 % de l’actif, moyenne constatée dans les fermes de référence, ce qui démontre la faible rentabilité des capitaux engagés en bovins viande ;

EBE/produits ≥ 30 % ;

Annuité/EBE ≤ 60 %.

Si ces critères ne sont pas respectés, le projet devra surement être redimensionné. 

 

2. Évaluer au plus près la valeur de l’exploitation

L’estimation de l’exploitation réalisée par les cédants se base souvent sur leur propre système (sans emprunt, en croisière), mais ne correspond pas aux capacités d’un repreneur, pour lequel la rentabilité de l’exploitation devra couvrir le remboursement de l’emprunt en plus de sa rémunération.

Les cédants prennent « une claque » en découvrant la capacité réelle de reprise des jeunes, témoigne Romain Basset, conseiller d’entreprise à la chambre d’agriculture 17-79.

Les jeunes sont de leur côté souvent démunis pour négocier la valeur d’une exploitation. Il est possible de se faire accompagner d’un tiers (chambre d’agriculture via le diagnostic transmission, conseiller de gestion) pour avoir un regard sur les éléments de l’exploitation et mettre en évidence les postes critiques.

Trois pôles sont à évaluer :

  • Le cheptel : Évaluer à la valeur marchande (valeur de vente moyenne des réformes et des mâles). Attention à bien calculer le nombre d’animaux présents, en se référant au nombre de vêlages sur l’année.

De plus, il est indispensable de demander les documents de suivi technique du troupeau, afin de jauger sa productivité globale (mortalité, fertilité…) ;

  • Les bâtiments : Faire estimer le bien par un tiers, et faire un état des lieux qui porte sur la notion de propriété, le respect des normes (distance/tiers, surface par animal, bien-être animal…). Vérifier que le bâtiment est bien déclaré en rapport avec son utilisation (présence d’animaux notamment). Autre information importante : le bâtiment est-il adapté à recevoir du photovoltaïque ? Les frais seront estimés par rapport aux mises en conformité à réaliser ;
  • Le matériel : Estimer à la valeur de reprise. « Il peut y avoir de grosses erreurs sur le poste matériel, souvent surdimensionné », prévient Jean-Marie Guéret, conseiller bovin viande à la chambre d’agriculture 17-79. La bonne évaluation des besoins en matériel peut être une variable d’ajustement intéressante dans le montant de la reprise, d’autant plus que la mécanisation est souvent la principale charge de l’exploitation (25 à 30 % du coût de production en vitesse de croisière) et incite à être très vigilant sur sa maîtrise.

 

Si ça coince : Des leviers pour débloquer la reprise

  • Louer les bâtiments : Le bâtiment reste au cédant, avec un objectif de vente à terme (à dix ans maxi), ce qui permet d’alléger la valeur de reprise au démarrage. Le cas se présente de plus en plus avec des bâtiments précédemment équipés de photovoltaïque par les cédants ;

  • Dans le cadre familial, des dispositifs patrimoniaux (donations, parent restant associé non exploitant…) permettent de faciliter la reprise ;

  • Installer du photovoltaïque : La production photovoltaïque permet souvent de faciliter l’obtention d’un prêt en sécurisant les revenus.

 

3. Sécuriser le financement de son projet

L’obtention de financement par les banques peut être sécurisé par l’apport de différentes garanties. Bien que des projets puissent être acceptés par les banques sans apport personnel, il est préférable d’en avoir. 

Cet apport peut aussi être utilisé pour créer de la trésorerie ou financer un cycle de production et éviter les courts termes.

  • Compter sur la DNJA ! Les banques « se calent » souvent sur son montant pour l’apport personnel (36 000 à 40 000 € pour les projets herbivores supérieurs à 250 000 €, dont 80 % débloqués en année 1). Les financeurs demandent par ailleurs, si possible, de conserver un montant d’épargne équivalant à une année de prélèvements privés ;
  • Autre source de trésorerie, le capital chômage restant : Un futur installé, demandeur d’emploi au moment du projet, peut demander le versement du solde de son indemnisation chômage ;
  • Le prêt familial ou privé : Le prêt privé permet un financement à taux d’intérêt faible, avec un remboursement progressif et souple des capitaux. Il est à déclarer auprès des impôts ;
  • L’accompagnement des partenaires de l’exploitation : De nombreuses coopératives proposent des accompagnements financiers et des garanties contre un engagement d’apport minimum ;
  • Le recours à un fonds d’investissement : Cautions bancaires, portages financiers, les fonds d’investissements peuvent participer aux financements nécessaires à la réalisation d’un projet (Soléo développement, Terrena, par exemple).

 

Les projets personnels (maison d’habitation…) doivent être portés à la connaissance du banquier, afin de s’assurer qu’ils ne seront pas bloqués par le prêt professionnel.

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