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Sécheresse : l’inquiétude grandit

Des nappes phréatiques peu remplies, un manque de pluies : la sécheresse est bien là et les prévisions météo sont alarmantes. Le gouvernement annonce un soutien accéléré pour investir dans la sobriété en eau.

© Vienne rurale

«C’est une situation météorologique préoccupante qui vient percuter une situation internationale grave », s’alarme-t-on au gouvernement. Attentif à la souveraineté alimentaire, l’exécutif s’inquiète de l’aggravation de la sécheresse dans l’Hexagone, alerté par les prévisions saisonnières de Météo France. Un « scénario probablement plus sec et plus chaud que la normale » se dessine pour les mois à venir.

La perspective inquiète d’autant plus que la situation hydrologique n’est pas bonne. Faute de pluies entre septembre et avril, « la recharge des nappes phréatiques montre un déficit de l’ordre de 20 % », a souligné le 9 mai le cabinet du ministère de la transition écologique. La persistance du temps sec amplifie le phénomène. « Entre septembre 2021 et avril 2022, on a un déficit de l’ordre de 19 % des précipitations ».

De premiers effets sont visibles dans les plaines. Les cultures d’hiver « commencent à connaître des situations de tension et donc de recroquevillement, indique-t-on au ministère de l’agriculture. Leur rendement pourrait être impacté », notamment dans les sols superficiels. L’absence de pluie, si elle perdure, affectera aussi les cultures de printemps, comme le tournesol, la betterave et le maïs alors que les pousses d’herbe, qui étaient jusqu’à présent plutôt meilleures que d’habitude, ralentissent.

Des effets encore réversibles
 

La Fnsea a dressé un constat alarmiste : « Si cela continue comme ça, ceux qui ont la possibilité d’irriguer vont s’en sortir, les autres auront des baisses de rendement dramatiques », a déclaré à l’AFP sa présidente, Christiane Lambert.

Les effets de la sécheresse sont, d’après Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer, encore réversibles. Dans le cas de terres séchantes, argileuses, d’orge ou de blé semés tard, « l’impact est déjà là mais il est marginal et s’il pleut dans les dix ou quinze jours, ça peut compenser ». À plus vaste échelle, en terres profondes, les cultures « commencent à souffrir mais un rattrapage est toujours possible ».

Le programme de suivi des cultures Céré’Obs est d’ailleurs rassurant. Son dernier rapport montre, au 2 mai, « un potentiel assez prometteur concernant la prochaine récolte céréalière. Pour l’instant, le déficit hydrique n’a pas eu d’impact significatif sur les conditions de culture, à part dans le Sud-Est, en Paca et Auvergne ». Reste que certains types de sols arrivent à leur limite en termes de réserve hydrique et que cela coïncide avec l’entrée dans une période assez délicate pour la croissance des plantes.

Adaptation de la plante ?
 

L’institut technique Arvalis voit deux conséquences au stress hydrique qui se profile. Côté fertilisation, les apports tardifs d’azote peuvent être mal valorisés car trop éloignés des épisodes de pluie. Le stress hydrique apparu en fin de montaison peut en outre affecter la fertilité des épis et la mise en réserve dans les tiges, habituellement utilisée pour finir le remplissage des grains. « On peut espérer que l’installation progressive de ce stress hydrique et l’absence d’excès d’eau en hiver auront permis aux cultures de s’adapter progressivement à la baisse de la disponibilité en eau ».

 

Le gouvernement accélère le soutien à la sobriété en eau
En réponse aux inquiétudes sur la sécheresse, le gouvernement a fait de nouvelles annonces. Le guichet « troisième révolution agricole », ouvert en avril pour aider les agriculteurs à faire face au changement climatique, et initialement doté de 20 M€, va être abondé de 20 M€ supplémentaires, ont indiqué le 9 mai les ministères de la transition écologique et de l’agriculture. Ce financement fait partie des 100 M€, débloqués le 1er février pour des équipements et matériels innovants destinés à l’agriculture économe en eau. 
Des plans d’actions seront par ailleurs co-construits pour anticiper les situations de crise liées aux épisodes de sécheresse et en limiter les impacts sur la production. Il s’agit de « structurer une gouvernance, au niveau national, régional ou départemental », selon le ministère de l’agriculture. Le dispositif envisagé s’appuiera sur « des points de rendez-vous réguliers pour ajuster les mesures à prendre en fonction de la situation observée » avec les décideurs publics et des partenaires professionnels des agriculteurs pour les aider à anticiper tel ou tel risque.
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