Le billet
Un second G20 agricole
La dérive climatique est là, qui s’aggrave de mois en mois. Et, avec elle, augmente le risque de voir ressurgir des émeutes de la faim comme en 2007-2008, nous rappelle le cabinet McKinsey. Selon ses calculs, le risque de voir une chute de la récolte mondiale de grains baisser de 15 % sur un an va presque doubler d’ici 2030, passant de 10 à 18 %. Pour les agriculteurs français, cela signifie une augmentation de la volatilité des prix et des rendements. Ce qui leur coûtera de l’argent : en stockage, en trésorerie, en assurances privées, en diversification…
Mais ce qui sera pénible pour les agriculteurs du Nord va être rapidement dramatique pour ceux du Sud, souvent plus exposés à la dérive climatique, souvent les plus vulnérables. Ne parlons pas des consommateurs de ces mêmes pays ; ce sont d’ailleurs souvent les mêmes personnes : une baisse de 15 % de la récolte mondiale a pour conséquence un doublement des prix, indique McKinsey. À partir de 2030, chaque année, une telle variation aurait presque une chance sur cinq de se produire.
Pour limiter ces dramatiques montagnes russes, McKinsey propose d’investir massivement dans le stockage (5 à 11 milliards de dollars par an) et de relever le ratio stock/récolte de 5 points à travers le monde. C’est une piste qui mériterait d’être portée par les élus, notamment des pays les plus émetteurs. À ce titre, la proposition du think tank Agriculture Stratégies, qui suggère que la France prenne l’initiative d’un nouveau G20 agricole, ne mériterait-elle pas davantage de soutien, y compris dans le monde agricole ?