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« On veut être porteur de projets pour le monde rural »

Quelques questions de rentrée au président de la Chambre d’agriculture. En pleine crise agricole dans laquelle la Vienne, région intermédiaire, est loin d’être épargnée, en pleine réforme des Chambres d’agriculture dans le contexte des nouvelles grandes Régions, Dominique Marchand essaie de positiver.

© Elisabeth Hersand

Quel est votre sentiment après les annonces gouvernementales sur la crise agricole suite à la grande manifestation parisienne ?Un deuxième Plan d’urgence est donc venu compléter le premier mais je reste sceptique car nous ne voyons aucune solution à moyen terme. Sur les mesures d’urgence, c’est toujours bon à prendre mais on annonce une « année blanche » des banques pour les intérêts d’emprunts alors qu’apparemment il n’ y a eu aucune espèce de concertation auparavant aves les établissements bancaires…On est toujours dans un traitement unique de la crise avec des mesures d’urgence ; c’est vrai aussi au niveau européen où la montagne accouche d’une souris. Ne nous voilons pas la face, ce qui se passe ici c’est le démantèlement de la PAC qui produit ses effets avec des filets de sécurité tellement bas qu’ils ne servent plus à grand chose. Les outils de régulation ont été petit à petit balayés et il faudra du temps pour que l’Europe apporte des solutions durables. Et puis on voit bien qu’elle est aujourd’hui concentrée sur tout autre sujet avec la crise des migrants…La solution doit d’abord venir de l’Etat français car là on peut agir sur les charges et limiter ainsi la casse dans un contexte de prix trop bas. Mais il faut admettre qu’on ne voit pas venir grand chose. 
Le Bureau de la Chambre d’agriculture vient de décider de ne plus siéger dans toutes les instances départementales et régionales où il est question d’environnement. Ce boycott peut-il durer très longtemps ?On verra, on attend un rendez-vous régional avec Mme la Préfète (1) et nous allons évoquer le sujet cette semaine en session de l’APCA à Paris. Plusieurs départements sont décidés à suivre ce boycott. Le gouvernement annonce une pause de 6 mois sur les contraintes environnementales ; très bien, le Bureau de la Chambre annonce aussi une pause. Si on ne fait rien, on sait bien qu’il ne passera rien car entre les décisions gouvernementales et l’application dans les départements, c’est toujours compliqué. Réduire les normes et les contraintes ne coûte rien à l’Etat et c’est un signal qu’attendent les agriculteurs.

La Vienne, avec la FNSEA et les JA, était en tête de cortège dans la manifestation parisienne. Notre département est particulièrement touché par la crise ?Il n’est pas le seul bien sûr, mais on est en zone intermédiaire avec un maximum de polyculture-élevage et aujourd’hui tout le monde trinque car la nouvelle Pac produit des baisses d’aides à nos éleveurs, notamment en production laitière, nos rendements céréaliers sont moyens et nous ne bénéficions pas des aides comme l’agriculture de montagne par exemple. Le nombre de céréaliers en situation difficile a beaucoup augmenté.Pendant ce temps là, les Chambres d’agriculture s’organisent pour trouver leur place dans la nouvelle grande Région.Oui, on est bien obligé de respecter la loi, c’est à dire de calquer notre organisation sur les nouvelles régions administratives. Il y aura une seule Chambre régionale d’agriculture dont le siège sera à Bordeaux, comme le stipule le Code rural. On est en train de construire les choses (NDLR : lire notre dernière édition)  et ça se passe plutôt bien. On n’est plus sur l’idée des trois régions mais on construit bien à 12 départements avec une mise en commun de moyens qui peut se faire à différentes échelles. Les mutualisations  mises en place à 2, 3 ou 4 départements en Poitou-Charentes ne seront pas remises en cause. On créé un nouvel outil régional au service des Chambres départementales. Les services-support, ou certains métiers spécifiques comme l’ingénierie financière, seront centralisés mais on veut préserver au maximum l’ancrage sur les territoires et le conseil (productions, terrains, etc) avec nos chambres départementales.  
Finalement, l’échelon départemental ne peut il pas sortir renforcé de cette réforme ? Je le pense. Si nos chambres d’agriculture ne veulent pas devenir de simples organismes consulaires, elles doivent être en capacité de porter des projets et d’apporter une expertise aux agriculteurs. Dans cet esprit, la Chambre d’agriculture de la Vienne fait plutôt partie depuis longtemps des bons élèves. Nous avons mis en place des services marchands et nous développons depuis quelques temps une stratégie en direction des collectivités. Dans le cadre des Etats Généraux de la Ruralité, porté par le Conseil départemental, on va être audité et on sera bien sûr acteur dans un esprit positif. On défend une identité territoriale forte et on est en capacité de créer des ponts pour valoriser l’emploi, défendre les projets à valeur ajoutée. On ne sera reconnu que par notre capacité à faire aboutir les projets qu’on portera ou accompagnera. Je pense par exemple au groupe de viticulteurs du Haut-Poitou qui s’organise pour mettre sur pied une unité à Mirebeau.

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