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Convoi de l'eau: inquiétudes des agriculteurs situés le long du parcours

"Restez calmes, rentrez les enrouleurs et faîtes le 17 en cas de problème!" C'est ainsi que le Préfet de la Vienne a conclu la réunion qu'il organisait pour le monde agricole, mercredi 16 août, sur le Convoi de l'eau. 600 vélos et 15 tracteurs sont annoncés.

Organisé par Bassines Non Merci, la Confédération Paysanne et les Soulèvements de la Terre (dont la dissolution a été suspendue), le Convoi de l'eau prévoit du 18 au 25 août un parcours à pied, à vélo et en tracteur, entre Lezay et Paris, en passant par des sites symboliques dans la gestion de l'eau : Sainte-Soline, la Vienne ou Orléans.  Après la manifestation du 25 mars aux abords d'une réserve de substitution dans les Deux-Sèvres, les trois structures appellent " cette fois-ci à un grand voyage pour l’eau" peut-on lire sur le site des Soulèvements de la Terre, qui présentent cette marche comme un "méga-tracto-vélo contre les méga-bassines, pour le partage de l'eau et des terres."

  "S'ils rentrent chez moi, je vais m'en occuper"

Face à Jean-Marie Girier, les agriculteurs présents n'ont pas caché leurs inquiétudes, craignant des possibles dégradations, notamment dans les exploitations irrigantes ou utilisant une retenue de substitution. "Cela fait 30 ans que je me lève tous les matins à 6h, que j'investis sur mon exploitation. Je vous garantis que s'ils rentrent chez moi, je vais m'en occuper" lâche un éleveur. "En cas de violation de notre propriété, on ne peut pas rester sans rien faire!" ajoute Sébastien Berger, président de la FNSEA, invité à la réunion d'information proposée par la préfecture sur la mobilisation, aux côtés d'une soixantaine d'autres agriculteurs, mais aussi représentants de la chambre d'agriculture, d'OPA, et autres élus concernés.

Eviter un "deuxième front"

S'il comprend cette réaction, c'est justement ce que le Préfet aimerait éviter, pour ne pas se retrouver notamment à avoir deux fronts à gérer. "Si vous faîtes cela, vous leur donnez raison. Tout dérapage se retournera contre vous" ajoute Jean-Marie Girier, qui conseille aux agriculteurs de ne pas gérer eux même une intrusion ou dégradation qui se produirait pendant le convoi. "En cas de problème, il faut contacter le 17!". Quant au matériel d'irrigation, il conseille de retirer tout ce qui peut l'être, et de verrouiller chaque local d'irrigation. Même inquiétude du côté d'un agriculteur ayant une unité de méthanisation à proximité, ou d'une entreprise de semences, ou encore d'élus de communes qui seront traversées par le convoi. "Les agriculteurs de notre commune sont inquiets, d'autant que 5 incendies se sont déjà déclarés en un an" s'inquiète Frédéric Boisgrollier, élu à Jazeneuil. "Nous mettons en place une protection des différents sites sensibles" rassure le Préfet, qui ne précise en revanche pas le nombre de gendarmes mobilisés. A partir de vendredi matin, une cellule de crise réunira les services préfectoraux, secours, de sécurité, mais aussi du conseil départemental pour la gestion des routes, qui pourraient faire l'objet de déviation. Une organisation importante pour éviter tout débordement, que l'on retrouve d'ailleurs chez les organisateurs. Si le parcours est longtemps resté flou, le reste a été bien préparé. A commencer par les participants, qui ont du s'inscrire. Depuis quelques jours, le site internet de Bassines Non Merci indique que les inscriptions sont closes, le chiffre de 600 vélos étant atteint. "Nous avons besoin de pouvoir proposer des repas pour les inscrit.e.s, d’accueillir les gens confortablement, de circuler le plus facilement possible… Nos capacités logistiques impliquent donc de limiter les inscriptions à un certain nombre de cyclistes. " Les organisateurs proposent aux non inscrits de rejoindre les participants aux différents campements. Horaires de départ et d'arrivée, repas, café, prise en charge des sacs de couchage  et des tentes par des véhicules, conseils d'étiquetage... un guide pratique a été mis en ligne, qui résume tous les détails logistiques aux participants. Jusqu'aux conseils en cas de garde à vue, et  même le numéro téléphone de la "base arrière juridique".

 

Quel sera le parcours ?

Contrairement aux précédents évènements organisés contre les réserves de substitution, ce convoi de l'eau a fait l'objet d'une déclaration dans les 6 départements qu'il va traverser. Dans la Vienne, le Préfet précise qu'il a demandé des précisions, puis des aménagements du parcours avant d'autoriser l'évènement. "Nous avons fait des propositions afin d'éviter les grands axes" détaille le Préfet évoquant la fréquentation importante prévue ce week-end sur le réseau routier par Bison Futé. "Si un accident se produit sur l'autoroute et qu'il faut délester sur le réseau secondaire, la présence d'un convoi à vélo peut poser problème" précise-til. Jeudi matin, les discussions continuaient avec la Confédération Paysanne, qui a pris en charge la déclaration de la manifestation, sur le parcours en lui même. "Nous avons fait l'effort de réaliser cette déclaration" note Nicolas Fortin, porte-parole de la Confédération Paysanne de la Vienne, qui mène ces discussions. "Aujourd'hui (NDLR: jeudi), nous devons envoyer le parcours de la première étape. Il y a un vrai enjeu dans les Deux-Sèvres" ajoute-t-il. Les organisateurs aimeraient en effet passer à proximité du chantier de construction de la réserve de Sainte-Soline, ce qui a été interdit par la préfecture des Deux-Sèvres (ainsi que sur une partie de la commune de Rom). Vers 19h30, la préfecture a fait savoir que la déclaration était "incomplète", évoquant notamment l'absence d'itinéraire pour les 19, 20 et 21 août.  Un récépissé a été délivré, uniquement pour l'étape du 18, puisque l'itinéraire était complet*. Pour les jours qui suivent, la préfecture annonce maintenir le dialogue pour arriver à à la même autorisation.

D26 et D21 bloquées

Pour le vendredi 18 août, le convoi entrera dans le département par le sud de la commune de Saint-Sauvant, dans l'après-midi. Il rejoindra la D26 en direction du nord, traversant les communes de Saint-Sauvant, Rouillé, puis la D21 en direction de Jazeneuil, où il s'arrêtera pour la nuit dans une parcelle mise à disposition par un agriculteur.  Ces deux routes, D26 et D21 sera coupée à la circulation dans les deux sens au passage du cortège (Voir le plan).

* Si aucune autorisation n'est délivrée et que la manifestation se tient, elle ne sera pas encadrée, et sous la responsabilité des organisateurs. Les forces de sécurité peuvent dans ce cas refuser certains passages aux manifestants. Le préfet peut aussi faire le choix d'interdire la manifestation. Ce qui signifie qu'il devrait mettra en place les moyens nécessaires pour qu'elle ne parte pas, avec usage de la force si besoin. La Coordination Rurale a demandé que la manifestation soit interdite, ce que préfèrerait éviter le Préfet, rappelant que la Manif de l'eau, organisée cet été, était bien plus calme que la mobilisation de Sainte-Soline, et menée en présence d'enfants.

 

 

57% des Français ne partagent pas l'opposition aux réserves de substitution
Le dernier Baromètre Fiducial de la Sécurité des Français indique que 57% des Français ne partagent pas les revendications liées aux méga-bassines et désapprouvent largement les modes d'action employés par les activistes écologistes. Seuls 40% des interrogés expriment leur soutien à l'interdiction des méga-bassines. Cette disparité est encore plus prononcée parmi les populations rurales, où 70% s'y opposent. Les nouveaux moyens utilisés par certains mouvements pour attirer l’attention sur leurs revendications sont très contestés. Les Français désapprouvent ainsi quasi-unanimement les sabotages d’infrastructure et d’exploitations agricoles (85%)comme ce fût le cas lors des dernières manifestations à Sainte-Soline.
 
Point chaud
Parmi les élus présents lors de la réunion, il y avait notamment Florence Jardin. La présidente de Grand Poitiers était surtout là en tant que maire de Migné-Auxances, puisque c'est sur cette commune que le convoi fera son étape, le samedi 19 août, sur un terrain mis à disposition par la municipalité. "Nous avons été sollicités par une association locale de protection de l'environnement et avons prêté ce terrain. Si la manifestation n'est finalement pas autorisée, nous ne le prêterons pas" justifie l'élue. "Accueillir, c'est soutenir" lance quelques minutes plus tard le Préfet. "Vous n'avez qu'à l'interdire, cette manifestation" rétorque Florence Jardin. "Vous n'allez quand même pas me faire porter votre choix d'accueillir ce convoi?" questionne Jean-Marie Girier. 
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