Protéines
Acheter et consommer malin les protéines
Des astuces existent pour acheter et consommer malin les protéines (notamment le soja) ou en diminuer sa dépendance, en les produisant soi-même.
“Les protéines, notamment le soja, sont de plus en plus chères et leur volatilité de plus en plus importante. À partir d’un certain seuil, que faire : en produire ou essayer d’acheter plus malin ? Le continent américain comprend les trois grands bassins de production du soja avec les Etats-Unis, le Brésil et l’Argentine. Aussi, l’achat malin repose sur le fait de connaître les marchés du tourteau de soja », explique Vincent Roussel, de la chambre d’Agriculture de l’Orne.
Surveiller l’Amérique et la Chine
Les périodes de récolte et de semis vont influencer les prix. Ce sont des dates clés à retenir et à observer (récolte en mai - juin en Amérique du Sud et novembre - décembre aux Etats-Unis). La période de semis aux Etats-Unis aura ainsi un impact sur le prix du soja : plus il y a de surfaces mises en place, plus les cours se détendent. Les conditions météorologiques à ces périodes clés joueront également un rôle sur la formation des prix. La Chine est d’autre part un gros consommateur à surveiller, elle concentre en effet 60 % des importations mondiales et sa demande ne fait que s’accroître.
La connaissance de la formation des prix est essentielle, « des pistes existent aussi pour limiter la facture. Il est intéressant par exemple d’analyser ses tourteaux pour ajuster les rations, les valeurs PDI et UF étant variables. Selon les valeurs demandées, l’analyse représente un investissement de 1 à 3 euros/t d’aliment », poursuit le conseiller. Acheter en tenant compte des prix d’intérêt (colza, drêche de blé humide…), anticiper les achats en s’informant et commander en vrac ou en achats groupés représentent d’autres idées.
De nombreuses alternatives au soja sont par ailleurs envisageables. Le tourteau de colza en est une. Il a fait ses preuves en termes de performances techniques. L’intérêt du colza par rapport au soja se calcule sur l’équivalence des critères nutritionnels et la prise en compte des bénéfices zootechniques liés à l’utilisation du tourteau de colza. Ce dernier est avantageux économiquement quand son prix est inférieur à 75 % de celui du tourteau de soja.
La valorisation des fourrages et en particulier de l’herbe, pâturée ou non, reste l’un des leviers majeurs dans la recherche d’autonomie protéique en élevages bovins.
« L’association graminées et légumineuses constitue une bonne alternative. Le choix entre les différentes légumineuses est à réfléchir en fonction de ses objectifs et de ses sols. Chacun dispose d’avantages et d’inconvénients », note Yves Malvoisin, de la chambre d’agriculture de l’Eure. La réduction de la part d’ensilage de maïs dans le régime au profit de fourrages dotés d’un meilleur rapport UFL/PDI, tel que l’ensilage de méteil ou la luzerne, apparaît aussi comme une voie intéressante pour rééquilibrer la ration de base. D’un point de vue économique, l’introduction de légumineuses (avec autoconsommation de céréales produites) est positive dès que le prix du tourteau de colza est supérieur à 245 euros/t pour la luzerne et à 260 euros/t pour le trèfle violet (avec un blé vendu à 200 euros/t). Les légumineuses ne sont pas à délaisser : ni au pâturage, le trèfle blanc restant l’allié des graminées ; ni dans les couverts hivernaux, les trèfles incarnats et d’Alexandrie, la vesce permettant de produire plus de PDI et offrant une meilleure structure du sol.
La culture de protéagineux comme la féverole, le lupin ou le pois protéagineux n’est pas à écarter non plus, mais leurs valeurs azotées sont faibles. Selon le niveau de production, cette solution ne peut pas permettre de s’affranchir en totalité d’un autre correcteur azoté. Toutefois, les protéagineux présentent des intérêts agronomiques et environnementaux dans les rotations céréalières.
Sèvre et Belle expérimente du soja sans OGM
“Les coopératives Sèvre et Belle, Coréa et Charentes Alliance ont mis en place une expérimentation de culture de soja sans OGM sur 60 hectares dont 25 hectares par Sèvre et Belle. L’objectif, selon Médéric Brunet, directeur de la coopérative des Deux-Sèvres, est de passer à 500 hectares en 2014. Le conseil régional soutient l’initiative qui permettrait d’utiliser les tourteaux extraits de ce soja produit dans la région à la place du soja importé d’Argentine et du Brésil, notamment pour l’usine d’aliment du bétail d’Alicoop, qui a fait passer sa consommation de soja importé de 50 000 tonnes à 30 000 tonnes en cinq ans, en utilisant des tourteaux de colza, de tournesol et de pois.
Les travaux de recherche portent sur la mise en place de cette filière locale, la teneur en huile et en protéines des variétés retenues. Dans l’immédiat, la trituration est assurée par l’usine de Centre Ouest Céréales à Chalandray, dans la Vienne.
A terme, les trois coopératives espèrent pouvoir mettre en culture 15 000 hectares pour les besoins de l’usine d’Alicoop. Mais aussi obtenir que cette culture de soja bénéficie des mêmes aides que le pois.