Environnement
Agriculteurs et pêcheurs ne décolèrent pas contre les Cipan
Les agriculteurs s’élèvent contre la réglementation mise en place pour lutter contre les nitrates dans l’eau. Avec le soutien des pêcheurs.
Un pas supplémentaire vient d’être franchi dans les 100% Cipan en 2012. L’arrêté du 30 juin 2009 instaure un resserrement de la réglementation relative à la lutte contre les nitrates (voir Agri 79 du 16 juillet).
Le quatrième programme d’action en zone vulnérable (PAZV) prévoit que la totalité des terres de la ZAC (soit 47 communes ) destinée aux cultures de printemps devra être couverte par des cultures intermédiaires pièges à nitrates. Dès cette année, cette mesure concerne également neuf bassins d’alimentation en eau potable. Sur les 70% du territoire restant, les exploitations, quelle que soit leur surface, doivent mettre en place un couvert végétal d’automne sur trois hectares. Patrice Coutin, confirme « l’avis défavorable de la profession » sur ce dossier. Pour le président de la FDSEA, cette mesure est « inapplicable », « coûteuse », « négative » en termes de « biodiversité et de bilan carbone ».
En milieu de semaine dernière, il expliquait la position de la profession, en présence de Bruno Lepoivre, président de la section régionale environnement de la FRSEA et de Pierre Lacroix, président de la fédération de la pêche des Deux-Sèvres. « Les pêcheurs soutiennent les agriculteurs », expliquait celui-ci avant de dénoncer « les aberrations du système ». « Les agriculteurs sont soumis à trop d’obligations administratives, alors que la qualité de l’eau de nos rivières a tendance à s’améliorer. »
Les deux présidents fustigent l’obligation de devoir détruire avant de ressemer. L’obligation de détruire les couverts spontanés apparaissant après les moissons, n’a pas de sens selon eux, puisque ces repousses elles-mêmes ont besoin des résidus de nitrates pour pousser. Tout naturellement elles limitent le lessivage des sols.
Les semis d’automne peuvent être exposés à des conditions de levées difficiles et les effets sur la biodiversité ne peuvent être que négatifs.
« Techniquement, quel métier peut s’engager sur un résultat à 100%? », demande Bruno Lepoivre. Pour lui, cette « absurdité », ne peut que donner des arguments à la Commission européenne qui ne manquera pas de condamner la France. Il rappelle que la couverture hivernale du sol illustre « le choix français d’aller plus loin que le règles européennes ».
Une harmonisation régionale
Syndicalistes et techniciens estiment que cette mesure « n’apporte aucune garantie de réduction des nitrates dans les eaux ». Un contentieux a surgi à la suite de procès-verbaux dressés l’hiver dernier dans les Deux-Sèvres, à l’encontre de douze agriculteurs, soumis à des contrôles. Les semis ont bien été réalisés, mais faute de conditions favorables les levées n’étaient pas visibles. Les affaires sont toujours à l’instruction. Or les engagements verbaux de « souplesse » dans la gestion du dossier n’ont pas convaincu la FDSEA.
Enfin la FDSEA dénonce le coût des semis – semences comprises -, et du broyage qu’elle évalue entre 100 € et 120 € par hectare. Elle demande une harmonisation régionale de ce programme y compris sur la largeur de bandes enherbées.
Non à la suppression des barrages
Les pêcheurs s’associent également aux agriculteurs pour dénoncer la suppression programmée des barrages, dont le but affiché dans les Sdage est d’éviter les encombrements des lits avec les sables et limons. « On va faire de nos barrages des rues », estime Pierre Lacroix, alors que des solutions techniques existent.
Pour la profession agricole on diminuerait les hauteurs d’eau ce qui amplifierait les phénomènes d’étiage en période estivale, explique Bruno Lepoivre. Pêcheurs et agriculteurs estiment que les barrages permettent aussi de constituer des zones d’expansion des eaux en période de crues.