Aliments
« Améliorer l’autonomie en protéines est possible en Gâtine »
La Caveb a organisé une rencontre le 28 mai dernier sur la production de protéines pour les élevages. Tour d’horizon avec Sylvain Polgne, technicien ovin à la Caveb.
La Caveb met l’accent sur la production de protéines par les éleveurs, quel message voulez-vous faire passer à vos adhérents ?
Il est possible d’améliorer son autonomie en protéines sur les exploitations des Deux-Sèvres et de la Vienne même si les sous-sols granitiques régionaux ne sont pas naturellement propices à la culture de plantes productrices en protéines. Il faut être plus rigoureux techniquement sur la récolte des espèces fourragères déjà existantes sur l’exploitation, en réalisant des associations graminées et légumineuses ou en introduisant la luzerne dans la rotation des cultures. Nous avons voulu apporter des solutions aux éleveurs et les rassurer sur leur technique de production. Les élevages utilisant l’ensilage d’herbe ou l’enrubannage ont plus de souplesse dans la réalisation de leurs stocks mais il faut être vigilant sur le stade de récolte des espèces fourragères et renouveler régulièrement les prairies temporaires (tous les 4 à 5 ans) et les entretenir.
Paul Rouvreau, expert fourrager chez Jouffray-Drillaud, a évoqué la culture de la luzerne. Peut-elle être cultivée par tous ?
Oui, mais c’est une culture très technique au démarrage, qui nécessite ensuite peu d’interventions. Dans les sols acides (pH inférieur à 6), comme en Gâtine, il est nécessaire d’apporter un amendement basique (chaux, calcaire, dolomie…), environ 500 à 750 kg de CaO/ha à l’implantation, puis tous les deux ans à l’automne. Il est toutefois souhaitable de ne pas trop élever le pH (maxi 6,5) pour éviter d’engendrer des carences, notamment en bore. La fertilisation magnésienne ne se justifie que dans les sols dont la disponibilité du magnésium est faible (MgO échangeable < à 50 mg/kg). Avant toute intervention une analyse de sol est primordiale pour viser les carences en cuivre, bore et molybdène. Au semis il est fortement recommandé de l’associer à un inoculum bactérien. Les semis doivent être réalisés en été et à l’automne (25 kg/ha) car la luzerne doit avoir trois feuilles minimum avant le froid. Paul Rouvreau a également détaillé les conditions de semis bien ressuyé et sur sol fin, le choix de la variété en fonction de la dormance. Selon lui, dans nos régions elle est située entre 4 et 6. Pour les fourrages, il faut éliminer les taupinières, surveiller le rumex, ne jamais couper les tiges en dessous de 6 à 7 cm, et faucher avec une faucheuse conditionneuse à rouleaux plutôt qu’à doigts, trop agressive, laisser fleurir au moins une fois par an, respecter un délai de 35 jours entre deux coupes, éviter les exploitations sur des stades très tardifs, et bien conserver.
Quelles autres possibilités intéressantes techniquement et économiquement s’offrent aux éleveurs ?
Pascal Rousseau a abordé l’amélioration de l’autonomie en protéines avec les prairies existantes en optimisant le stade de récolte et la fertilisation. Il a conseillé de faire un bilan de la flore des prairies et de définir la stratégie à adopter : désherbage, regarnissage, renouvellement total des parcelles. La marge de progrès est selon lui de +30% à +50% de potentiel. Pour améliorer la flore des prairies dites de stocks avec une pérennité de 2 à 3 ans, il faut définir les parcelles à pâture et à stocks afin de varier les qualités d’espèces fourragères à implanter. Positionner 35% à 45% de légumineuses dans les associations légumineuses-graminées permet de pérenniser la qualité de la prairie. Un amendement peut améliorer la qualité de la prairie. Entre un pH de 5,5 et 6, le rendement est amélioré de 15% en tonne de MS. On peut aussi implanter des espèces fourragères entre deux cultures, ray-grass Italie-trèfle incarnat, colza fourrager, moha-trèfle d’Alexandrie, sorgho fourrager.