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Après le ravage des flammes, la minoterie de Courçon renaîtra de ses cendres

Le bâtiment historique de la minoterie de Courçon, datant de 1927, a été victime d’un incendie le 18 février qui a réduit en cendres ce patrimoine agricole et industriel. Mais l’activité reprendra, jurent les dirigeants de la coopérative.

Les images, terribles, témoignent de la violence du sinistre. La minoterie de Courçon, un des symboles de l’activité céréalière de l’Aunis, s’est transformée en brasier dans la matinée du jeudi 18 février. De ce moulin à l’ancienne, construit en 1927, il ne reste que quatre murs fissurés autour d’un grand tas de cendres, là où se trouvaient auparavant les machines en bois qui avaient fait la réputation de la coopérative. Un patrimoine agricole et industriel, parti en fumée en quelques heures à peine. 
Tout s’est déroulé très vite sur le site de Courçon, comme en témoignent les photos prises pendant l’incendie par le directeur, Denis Riffaud : il a fallu moins d’une heure pour que le sinistre, parti du 3ème étage et sans doute déclenché par la combustion de poussière de blé aspirée, s’étende à tout le bâtiment. Les secours sont vite arrivés sur place. « Nous avons été alertés un peu avant 10h », explique le commandant Samuel Cessac, chef du groupement pilotage et évaluation du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis 17), en charge de l’intervention. Craignant que l’incendie n’ait touché le silo de sept étages voisin du moulin, le Sdis 17 a déployé les grands moyens. « Nous avons rapidement engagé une grosse quarantaine de sapeurs-pompiers sur l’intervention, avec dix-neuf engins. »

Des drones à caméra thermique en renfort

Dès leur arrivée sur les lieux, les secours constatent que l’incendie s’est propagé à tout le bâtiment. « Pour nous, le moulin était perdu », révèle le commandant Cessac. « Nous avons donc fait la part du feu, en priorisant la limitation de la propagation au bâtiment mitoyen de 800 m2, à usage de bureaux et de stockage, ainsi qu’au silo. C’étaient nos deux objectifs. » La priorité étant d’abord d’éviter les victimes, le site a été évacué, et aucun pompier n’est entré dans le moulin en flammes. « On s’est très vite aperçus qu’il y avait un risque d’effondrement assez marqué. On a fait un périmètre et on a procédé à des extinctions, avec l’aide des deux grandes échelles qui étaient présentes sur place. » Le Sdis 17 a également fait usage de drones. « Ils ont été importants, parce qu’ils sont équipés de caméras thermiques qui ont permis de faire une thermographie du bâtiment. Il y avait un boisseau qui mettait en communication le moulin avec le silo, avec un passage de fumées chaudes. Grâce à la caméra thermique, on a pu faire de la reconnaissance et ventiler le silo, qui a été préservé alors que le vent de sud-ouest poussait les fumées vers lui. » 
L’intervention, menée en coordination avec la coopérative, la mairie de Courçon et le secrétaire général de la préfecture, présents sur place, a également permis de remplir l’autre objectif : la préservation du bâtiment de stockage et de bureaux, où se trouve également la ligne d’ensachage de la farine. « Entre le moulin et ce bâtiment, il y avait une porte coupe-feu qui a très bien joué son rôle », indique le commandant Cessac. « Mais il y avait aussi un tapis à bande qui communiquait entre le moulin et le stockage. Là, on a eu une action déterminante avec des lances à incendie qui ont évité la propagation. » Toutes ces actions ont permis de rapidement circonscrire le sinistre, qui était maîtrisé vers 13h45, même si l’action des pompiers s’est poursuivie ensuite. « Dans le moulin, il y avait 20 t de blé qui se sont éventrées et qui ont continué à brûler pendant longtemps. Comme on ne pouvait pas approcher en raison du risque d’effondrement, on a plus ou moins laissé brûler, avec un tapis de mousse dessus. » Ce n’est finalement que mardi 23 février, cinq jours après le début du sinistre, que le Sdis 17 a clôturé son intervention sur le site de Courçon, avec la satisfaction d’avoir limité les dégâts pour la coopérative… Et surtout d’avoir évité tout dégât humain.

La continuité de l'activité est assurée

Mais l'histoire de la minoterie de Courçon n'est pas finie. « On repartira ! », répètent Luc Servant et Denis Riffaud, quelques jours à peine après l’incendie. Pour le président et le directeur de la coopérative, la perte de cet outil de travail est évidemment un drame ; pour autant, la question de la survie de la structure, qui affiche dernièrement un beau dynamisme et de nombreux projets (lire L’Agriculteur Charentais du 1er janvier dernier), ne se pose pas. « Nous n’arrêtons pas l’activité », assure Denis Riffaud. « Nous allons fournir nos boulangeries et tous nos clients. » La coopérative disposait encore, au lendemain du sinistre, de deux semaines de stock de farine, préservés par l’action des pompiers du Sdis 17. La ligne d’ensachage a également pu être sauvée, ce qui permet d’envisager la continuité de l’activité sur le site. « Nous allons faire une prestation d’écrasement chez des collègues meuniers », explique le directeur en remerciant d’ailleurs les minoteries du secteur (Axiane à La Jarrie, Méchain à Courcelles ou encore Boiron dans les Deux-Sèvres) pour leur solidarité. Grâce à cette solution, la coopérative pourra conserver ses marchés. « Ce sera toujours notre blé, même s’il sera transformé en farine ailleurs. » L’impact sur l’emploi devrait aussi être limité. « D’un côté, il n’y a plus le moulin, mais de l’autre, il faudra emmener le blé ailleurs », constate Luc Servant. « On aura donc sans doute besoin de tout le personnel. »
Mais, sur le long terme, c’est bien le retour de la meunerie à Courçon qui est envisagé. Les responsables veulent aller vite. Dès cette fin de semaine, les ruines du moulin – quatre murs parcourus par d’inquiétantes fissures – commenceront à être démolies. « Il n’y a pas eu de blessés jusqu’à présent, et l’idée, c’est de ne pas en avoir demain », confie Denis Riffaud. Une fois ce travail achevé, il faudra rebâtir. Mais comment ? « C’est la question qu’on se pose », avoue Luc Servant. « Il y a une âme, celle du moulin de Courçon, qu’on voudrait retrouver en partie. » Un bâtiment assez similaire à l’ancien est donc envisagé. « L’idée, c’est aussi de continuer à le faire visiter. » Luc Servant espère qu’il sera possible de retrouver du matériel permettant de garder l’esprit des lieux, tout en pouvant s’adapter aux normes actuelles… Un patrimoine de valeur parti en fumée, une volonté de reconstruire tout en conservant le cachet de l’ancien : la minoterie-coopérative de Courçon serait-elle le Notre-Dame des céréaliers de l’Aunis ? « J’espère qu’on aura reconstruit avant cinq ans ! » assure Luc Servant, qui mise plutôt sur un ou deux ans de travaux nécessaires avant la renaissance attendue de la minoterie.

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