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Séisme
Après les secousses, panser les dégâts

Le tremblement de terre survenu vendredi 16 juin au soir et ses répliques la nuit suivante ont provoqué d'importants dégâts, en particulier à La Laigne et Cram-Chaban.

Un grondement sourd. Le bruit d'un camion, d'un train de marchandises, d'un avion de chasse, diront certains témoins. Au plus près de l'épicentre, à La Laigne, les témoins évoquent même une explosion, un bombardement. C'est dire si le séisme survenu vendredi 16 juin à 18 h 38 a choqué les habitants de ce secteur du nord de l'Aunis. D'une magnitude évaluée entre 5,3 et 5,8 selon les instituts, il s'agit du tremblement de terre le plus marquant dans la région depuis celui qui avait ébranlé l'île d'Oléron en 1972. Comme à l'époque, pas de pertes humaines à déplorer, mais de nombreux dégâts à signaler, en particulier à La Laigne, Cram-Chaban, et les communes voisines. Des secteurs plus éloignés de l'épicentre ont aussi été touchés ; à Surgères, deux classes d'un collège ont été fermées après la découverte de fissures.

Très vite, dans les communes les plus touchées, consigne a été donnée aux habitants de ne pas rester chez eux, de chercher refuge chez des connaissances ou dans des hébergements d'urgence. Sage précaution, puisque des répliques, dont une de forte magnitude (environ 5), ont été enregistrées la nuit suivante. Ensuite, dès samedi matin, les pompiers du Sdis 17, accompagnés de collègues venus de Charente, Dordogne, Gironde, Loire-Atlantique, Lot-et-Garonne, Vendée ou encore Vienne, se sont mis à l'ouvrage. Les experts bâtimentaires ont inspecté et catégorisé les maisons fragilisées, leurs collègues d'intervention ont parfois fait tomber de façon contrôlée certaines cheminées fragilisées pour rendre les maisons plus sûres.

Les sapeurs-pompiers ont procédé à de nombreuses opérations de sécurisation, notamment au niveau des cheminées qui sont des points sensibles en cas de séisme.

"On n'a plus de maison"

Ils étaient encore à l'œuvre lundi en fin de matinée, lors de la visite du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, et du ministre délégué chargé de la Ville et du Logement, Olivier Klein. En parcourant les rues du village, ils ont pu rencontrer des habitants dont beaucoup sont encore choqués, souvent en pleurs. Car même si, comme l'a rappelé le maire Philippe Pelletier aux ministres, "il n'y a aucune victime, et c'est le plus grand soulagement qu'on puisse avoir", beaucoup d'habitants de La Laigne savent qu'ils ne pourront pas réintégrer leurs maisons de sitôt. La crainte de ne plus jamais retrouver le visage historique du village, ses maisons pluricentenaires, est bien présente. La vénérable église St-Gérard elle-même a vu son clocher se fissurer, au point de menacer de s'effondrer.

Les ministres Olivier Klein et Christophe Béchu sont venus constater les dégâts à La Laigne et Mauzé-sur-le-Mignon.

Sécuriser les lieux

Éleveur de moutons et céréalier, François Marot, également conseiller municipal à La Laigne, recense des dégâts limités sur son exploitation : un ancien bâtiment, déjà vétuste, a été touché. "J'ai une bergerie qui a une dizaine d'années, et qui n'a pas bougé", indique-t-il. "Ce sont surtout les maisons…" Lui-même n'avait pas encore pu faire évaluer sa maison lundi matin. "J'ai une partie neuve qui n'a pas l'air trop abîmée, l'ancienne un peu plus… Mais mes parents ont une longère un peu plus loin, eux ont plus de dégâts." Selon les comptes présentés aux ministres lundi à la mi-journée, sur le secteur nord de la Charente-Maritime, environ 200 maisons étaient inhabitables, pour moitié classées en rouge (possibilité d'y récupérer des affaires avec les pompiers), pour moitié en noir (interdiction d'y entrer). L'heure était à la course contre la montre pour sécuriser le maximum de bâtiments possible… Et éviter, grâce à des bâches, que les pluies et les infiltrations d'eau qui en découlent ne viennent encore fragiliser les structures.

Solidarité et indignité

Dès que les premières informations sur les dégâts ont été communiquées, les témoignages de soutien ont afflué, de la part d'anonymes ou d'élus. "J'ai témoigné samedi matin sur place aux familles, en votre nom, du soutien actif du Département qui est évidemment à leurs côtés dans cette épreuve", a ainsi annoncé Sylvie Marcilly aux conseillers départementaux lors de l'ouverture du la session plénière d'été, lundi 19 juin. L'entraide a été telle que les habitants n'ont pas eu besoin de rejoindre le gymnase ouvert par la commune de Courçon pour les accueillir. "Qu'il n'y ait pas eu une seule personne qui se soit retrouvée sans solution, c'est magnifique d'entraide et de réactivité", a commenté Christophe Béchu.
Malheureusement, même dans ces moments où la solidarité devrait l'emporter sur l'agenda politique, certains ont encore trouvé le moyen de se distinguer à l'image de l'eurodéputé charentais-maritime Benoît Biteau. L'élu écologiste, après avoir exprimé son soutien aux victimes, n'a pu s'empêcher de pointer du doigt les "mégabassines" : "inadaptées pour partager l'eau dans un contexte de dérèglement climatique, elles pourraient aussi causer des séismes", a-t-il déclaré en renvoyant vers un article du Monde vieux de dix ans et dont la conclusion était bien plus nuancée. 

Quel accompagnement pour les sinistrés ?

Si l'écoute des habitants était le but affiché de la visite effectuée lundi à La Laigne et Mauzé-sur-le-Mignon, Christophe Béchu a aussi annoncé à cette occasion le déblocage d'un fonds d'aide au logement d'urgence qui doit permettre la prise en charge à 100 %, pendant six mois, des frais de relogement des sinistrés. La préfecture a mis en place une structure dédiée pour coordonner ces relogements : www.demarches-simplifiees.fr/commencer/recensement-des-offres-de-logement-suite-au-seisme. En cas de difficultés, contacter la préfecture à l'adresse ddets-logement-seisme@charente-maritime.gouv.fr.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'"une procédure accélérée de reconnaissance de catastrophe naturelle sera enclenchée".

Pour les habitants, ce classement n'est que le début du parcours. À La Laigne les échanges entre sinistrés évoquaient les contacts avec les assurances, plus ou moins accessibles selon les compagnies. Répondront-elles présent ? Lundi, des estimations de dégâts entre 150 et 200 millions d'euros étaient évoquées. Et au-delà de l'aspect matériel, il faudra aussi un accompagnement psychologique pour passer outre le traumatisme ; une cellule a d'ores et déjà été installée dans le village. Des policiers et gendarmes sont aussi à l'œuvre pour contrôler les accès à la commune et patrouiller dans les rues, afin d'éviter d'éventuels pillages.

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