Aquaponie : l'équation vertueuse et difficile du Potager des Poissons
Un an et demi après le lancement de leurs premiers produits en aquaponie, Benoît et Jehanne Desormeaux cherchent encore la recette miracle pour conjuguer production vertueuse et stabilité économique
Une grande serre sans terre et des bassins remplis d'esturgeons. La visite du Potager des Poissons à Moulins-sur-Tardoire surprend toujours. Benoît et Jehanne Desormeaux ont fait le choix de l'aquaponie pour proposer poissons, fruits et légumes de qualité qu'ils commercialisent depuis l'an dernier. « L'aquaponie repose sur trois choses : les poissons, les légumes maraîchers et les bactéries, explique Benoît Desormeaux. C'est un cercle vertueux. Nous venons en complément des agricultures conventionnelles et biologiques. C'est sa richesse qui fait la force de l'agriculture française. »
L'équilibre est pourtant toujours délicat à trouver. L'aquaponie fonctionne en circuit fermé. Les poissons produisent les bactéries qui serviront de nutriment pour les plantes l'eau filtrée va revenir dans le circuit. Toucher à un élément, c'est avoir des répercussions sur toute la chaîne. Après beaucoup d'essais, le Potager des Poissons a trouvé un équilibre. « C'est une grande satisfaction aussi bien sur les poissons que sur les végétaux », résume Benoît et Jehanne Desormeaux. Le plus délicat dans l'aquaponie, c'est que beaucoup de pratiques sont du domaine de l'expérimentation, avec son lot de surprises. Avec une météo propice au mildiou, difficile en effet de prendre de ses tomates. « Nous n'avons pas la possibilité d'utiliser de traitement phytosanitaire. Même la bouillie bordelaise, utilisée en bio nous est interdite. Elle convient un bactéricide qui remettrait en cause l'équilibre », explique Benoît. L'utilisation de la bouillie bordelaise aurait un impact les poissons qui produisent les bactéries qui servent de nutriment pour les plantes. Pour compenser, le Potager des Poissons travail avec « les trois mousquetaires et d'Artagnan » : l'ortie, la prêle, la consoude et la fougère forestière. À cela s'ajoute tout un travail de maîtrise de l'environnement proche, avec la plantation d'une haie mellifère pour accueillir la biodiversité utile.
Retrouvez la suite de l'article dans La Vie Charentaise du vendredi 27 août 2021, disponible en kiosque et sur abonnement.