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Asselin, passeur d’élégance

Les monuments restent. Asselin les restaurent.Cette entreprise thouarsaise œuvre pour offrir aux styles et à l’élégance des moments d’éternité.

« Nous sommes de passage alors que les monuments restent, que l’élégance reste.Notre but est de transmettre », explique François Asselin.
« Nous sommes de passage alors que les monuments restent, que l’élégance reste.Notre but est de transmettre », explique François Asselin.
© D. P.

«Quand on restaure, on essaie de conserver le maximum de bois d’origine, on procède à des entures, autrement dit des greffes, de bois récent », explique François Asselin, à la tête de l’entreprise éponyme. Ce mariage d’essences que les siècles séparent enfante des pièces conformes à l’original. « Même ce qui ne se voit pas doit être conforme à l’original », insiste-t-il. Ce jour-là dans l’atelier thouarsais, les artisans s’attellent à redonner  tout leur lustre à deux portes monumentales versées à l’horizontal sous leurs mains d’orfèvres. Flotte alors cette odeur de bois, fragrance sage et noble, pour ces portes qui demain se refermeront sur les hommes et les femmes qui font les lois, à l’Assemblée nationale et au Sénat. Car Asselin est aujourd’hui un acteur majeur de la restauration des monuments historiques. Charpente, menuiserie, ébénisterie et ferronnerie, l’entreprise née en mars 1957 a su, dans ces différentes disciplines, atteindre l’excellence au point de restaurer aujourd’hui les fenêtres du château de Versailles, les planchers de l’Opéra Garnier mais aussi d’œuvrer pour le patrimoine local en réalisant le portail en fer forgé de la Collégiale de Thouars.Forte de 140 salariés, l’entreprise a été créée par le père de François, « compagnon charpentier issu d’une lignée de compagnons charpentiers ». L’homme originaire de Touraine, lors d’une halte sur son tour de France, pose alors les fondations de l’entreprise, installée sur un boulevard dont le nom aujourd’hui résonne au son du burin, celui d’Auguste Rodin. Asselin restaure d’ailleurs  les menuiseries du musée du père de la sculpture moderne. Et le chef d’entreprise de poursuivre : « Mon père a développé la menuiserie quand il s’est installé ». Puis à 29 ans, François alors salarié dans une grosse  entreprise allemande, confie à son père son envie de lui succéder. « Un certain atavisme », dit-il, dans son bureau où l’un des murs est dédié à La Prière de l’artisan. Un texte chargé d’humilité qui correspond bien  à l’éthique de la maison. « Nous sommes de passage, poursuit-il, alors que les monuments restent, que l’élégance reste. Notre but est de transmettre.» Un travail de l’ombre au service de monuments classés au patrimoine historique et visités par le monde entier. « La culture de la maison Asselin, c’est de ne rien s’interdire techniquement mais de reproduire à l’identique, d’assurer la pérennité.» Ou parfois de faire renaître comme ce fut le cas pour  l’Hermione. La frégate  descendra la Charente en septembre prochain et les premiers essais en mer auront lieu à l’automne. « L’Hermione ne nous appartient déjà plus. Nous passons notre chemin car nous avons rempli notre mission, celle de remplir la boîte à souvenirs », explique-t-il.



L’odyssée de l’hermione
Démarrée en 1997, la reconstruction de la frégate du marquis de La Fayette a nécessité un travail titanesque : « Il a fallu croiser les données, travailler sur les essences de bois... Il nous a fallu dix-sept ans pour la reconstruire alors qu’au 18e siècle elle a été construite en six mois! » L’épure (dessin grandeur nature) est alors réalisée à partir des tableaux de chiffres du maître constructeur de l’époque, Chevillard Aîné. « Elle a été tracée au sol à la craie en deux parties car la coque mesure 45 mètres de long et avec tous les appendices, l’ouvrage atteint 65 m », poursuit-il. Les recherches historiques menées par l’association Hermione-La Fayette sont denses, allant même jusqu’à rouvrir les documents de la Royal Navy. « L’Hermione faisait partie d’une flotte de quatre frégates, toutes construites à l’identique. L’une d’entre elles, La Concorde avait été subtilisée par les Anglais afin qu’ils en fassent le relevé, de l’espionnage industriel en somme !» Grâce au journal de bord, au  plan d’armement... le puzzle est reconstitué « mais, prévient François Asselin, ce n’est pas une science exacte. On ne sait pas où est la vérité ». Puis il a fallu trouver les bois adéquats , « bien courbes pour réaliser la coque ».Si en général Asselin construit dans les ateliers thouarsais, le chantier de l’Hermione a quant à lui été réalisé à Rochefort. Reste aujourd’hui à la frégate, « plus grand bateau en bois navigant au monde » à rallier l’Amérique. Continent où Asselin exporte déjà la culture française. L’entreprise propose des fenêtres et des portes authentiquement françaises pour des résidences privées. Car si La Fayette a tout de suite aimé l’Amérique (*), le Nouveau Monde est séduit par le bon goût  de cette maison française.



(*) « Du premier moment où j'ai entendu prononcer le nom de l'Amérique, je l'ai aimée ; dès l'instant où j'ai su qu'elle combattait pour la liberté, j'ai brûlé du désir de verser mon sang pour elle ; les jours où je pourrai la servir seront comptés par moi, dans tous les temps et dans tous les lieux, parmi les plus heureux de ma vie. »


En bref
Le siège social de l’entreprise ainsi que les ateliers sont à Thouars : deux sites, l’un de 7000 m2 et l’autre de 5000 m2. L’entreprise est également implantée à Paris, en Vendée, à Marseille, aux USA, sur l’île de la Réunion. Elle travaille avec l’Etat, les collectivités locales et des clients privés. Quatre-vingts pour cent du bois utilisé par l’entreprise Asselin sont des chênes français. Le pourcentage de perte s’élève à 50%, il est pour partie recyclé en bois de chauffage et pour l’autre partie telle que la sciure, absorbé par des silos et transformée en briquettes et panneaux de particules.

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