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Céréales
Attendre encore avant le premier apport d'azote

La préservation de l'état structural des sols et la valorisation maximale des engrais minéraux doivent inciter à rester patients avant d'apporter leur premier apport d'azote.

Comme l'an dernier, les températures douces ont permis aux céréales de lever rapidement et de se développer de façon très satisfaisante y compris des  semis tardifs. Les semis d'octobre sont en avance d'une feuille (et donc d'une talle) par rapport à une année normale.
Parallèlement, les pluies abondantes de l'automne ont entraîné un lessivage précoce des reliquats d'azote minéral laissés dans le sol par la culture précédente et la minéralisation estivale. En revanche, la douceur et l'humidité de l'automne ont généralement permis une minéralisation d'automne et d'hiver supérieure d'une dizaine de kgN/ha par rapport à une année normale. Cette minéralisation couvre  dans la plupart des cas les besoins précoces des cultures.
On distingue aujourd'hui 3 grandes situations :
- dans les sols sains, la croissance est très satisfaisante. Il n'y a aucune urgence à apporter de l'azote qui aurait tendance à provoquer des développements excessifs favorisant verse, maladies, sensibilité à la sécheresse et dégradation de la qualité ;
- les parcelles hydromorphes peuvent être aujourd'hui déficientes en azote en raison d'une plus faible minéralisation et d'un mauvais fonctionnement racinaire. Des signes de carence commencent alors à apparaître. Ils sont dus autant à l'absence d'azote minéral qu'à l'asphyxie des racines. Dans ces situations, les plantes ne sont actuellement pas en mesure de valoriser un apport : tant que les sols ne seront pas ressuyés, les plantes n'auront aucune capacité à assimiler l'engrais apporté ;
- les semis tardifs (fin novembre et décembre) sont à 2-3 feuilles, ils atteignent un niveau de croissance très satisfaisant pour ces dates d'implantation. Les plantes ne sont pas encore complètement « sevrées ». Leur capacité à prélever des éléments minéraux sera réelle à partir du stade début tallage. Leurs besoins sont encore très faibles, mais les faibles reliquats ne suffiront pas à assurer leur alimentation jusqu'à fin tallage. Dans tous les cas, il faut attendre que les parcelles soient bien ressuyées avant d'intervenir.
Le lessivage s'est également exercé sur les stocks de soufre. Le risque de carence est plus élevé que la normale. Il faudra couvrir les besoins des cultures avant la fin tallage si possible dans les situations à risque (voir grille ci-dessus). Attention toutefois : le soufre est facilement lessivable et des apports trop précoces perdraient leur efficacité.
Enfin de nombreuses parcelles sont sales soit en raison de mauvaises efficacités des désherbages d'automne  à cause de la pluie soit en raison de levées tardives et/ou re-levées de graminées notamment de ray-grass ou de folles avoines. Il faudra éliminer cette concurrence avant tout apport d'engrais.

En bref

Types d'interventions et moments clefs pour les réaliser  afin d'assurer rendement et qualité :
- attendre que les sols soient correctement ressuyés ;
- si les parcelles sont sales, désherber en priorité avant tout apport d'engrais azoté minéral ;
- observer une bande double densité est le meilleur indicateur pour décider ou non d'effectuer un apport d'azote au tallage ;
- apporter 40 kgN/ha maximum si les conditions climatiques sont réunies (sol ressuyé, températures poussantes et pluie prévue après l'apport) ;
- apporter l'engrais en priorité dans les parcelles ayant souffert d'excès d'eau, puis dans les sols les plus superficiels, puis dans les parcelles semées tardivement ;
- dans les parcelles saines, semées tôt qui ont atteint ou dépassé 2-3 talles, la décision de déclencher ou non un apport précoce peut attendre la 2e quinzaine de février ;
- si les apports d'azote sont déclenchés fin tallage au-delà du 20 février, les combiner avec un apport de soufre, en fonction de la situation (voir grille d'évaluation du risque de carence en soufre ci-contre).

Au cours du tallage, lorsqu'un apport est nécessaire, 40 kgN/ha suffisent

L'azote apporté tôt est peu efficace (60 % d'efficacité au maximum) et donc cher. L'efficacité des engrais minéraux (valorisation de l'engrais) dépend directement des besoins quotidiens de la plante.
Au tallage les besoins sont faibles (300 gN/jour/ha si le temps est poussant) alors qu'ils dépassent 3 kgN/jour/ha en fin de montaison.
Plus le besoin est élevé au moment de l'apport minéral, mieux l'engrais est valorisé. Cette valorisation varie de 60 % au tallage à plus de 90 % lors d'apports tardifs de fin montaison. Il est donc essentiel techniquement et économiquement de limiter au strict nécessaire l'azote apporté précocement. Avant la fin tallage, lorsqu'un apport est nécessaire, 40 kgN/ha suffisent. Un apport de 40 kgN/ha au tallage fournira finalement 24 kgN à la plante alors que la même dose à gonflement en fournira 36.
Les expérimentations conduites en 2012 et 2013 par Arvalis, les chambres d'agriculture de la région Poitou-Charentes et les coopératives Corea, Terre Atlantique et Terrena ont montré que des stratégies d'apport d'azote reposant sur des apports très précoces se traduisaient par des pertes de rendement moyennes de 2,6 q/ha et une baisse de teneur en protéines de 0,3 % à dose totale d'azote identique par rapport à des stratégies reposant sur des apports calés sur les besoins de cultures.

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