Prix du lait
Aucune décision n’a été prise lors du dernier Criel
Le prix du lait suscite encore une fois des débats difficiles au sein de la filière. Alors qu’au plan national les familles de l’interprofession peinent à sortir des indicateurs partagés, le CRIEL n’a pas fait mieux vendredi dernier.
Les cours des grands produits industriels sont fortement à la hausse, en particulier pour le beurre. Dans ce contexte, les producteurs, fortement touchés par la crise, attendent une remontée significative des prix du lait. De leur côté, les transformateurs arguent d’un différentiel de prix trop élevé avec l’Allemagne qui les empêcherait d’appliquer les indicateurs établis en juin 2009.
Encore une fois, le dialogue était très difficile entre représentants des producteurs et des transformateurs lors du Criel Poitou-Charentes de vendredi 9 juillet. Les producteurs ont dénoncé le « discours à géométrie variable des entreprises ». «L’an passé, on nous expliquait que c’était les produits industriels, aux cours désastreux, qui plombaient les comptes des entreprises et rendaient inéluctable l’écroulement du prix du lait, et encore heureusement que les produits de grande consommation vendus en France gardaient des valorisations correctes. Et maintenant que les produits industriels remontent fortement, on nous explique que ce sont les produits de grande consommation qui ne suivent pas ! » commente Christophe Limoges, président de la section lait de la FRSEA. Et il poursuit : « Les producteurs ne pourront pas supporter longtemps de tels comportements de l’aval : les cours industriels sont très soutenus et on ne voit pas de baisse des prix des produits laitiers à la consommation : il y a donc bien de la valeur ajoutée qui revient dans cette filière et les éleveurs doivent en bénéficier ! ».
Face à l’incapacité évidente à trouver un compromis, le Criel Charentes-Poitou s’est donc soldé par l’absence de position, comme c’est le cas d’ailleurs un peu partout en France. Les producteurs ont cependant pointé les risques que prennent les acteurs de l’aval, des transformateurs à la distribution, à vouloir maintenir les prix trop bas à la production. Ils attendent dans les jours qui viennent des positions plus responsables de leurs interlocuteurs. De nouvelles rencontres des familles de l’interprofession au plan national sont annoncées rapidement pour tenter de reprendre le dialogue.
Campagne laitière 2009-2010 : sous-réalisation record en France
Selon le ministère de l’Agriculture, la France a enregistré au cours de la campagne 2009-2010 sa plus forte sous-réalisation depuis l’instauration des quotas en 1984. La collecte aurait atteint au cours de la campagne 22,7 millions de tonnes. Corrigée de la matière grasse, elle se serait élevée à 22,9 millions de tonnes, soit 1,8 million de tonnes de moins que la référence nationale utilisable par les producteurs. Celle-ci avait été fixée à 24,7 millions de tonnes. Par rapport à la campagne précédente le recul de la collecte est estimé à 2,2 %.
Si les éleveurs français ont engagé un réel effort de maîtrise pour éviter une chute plus importante des prix, cette stratégie n’a pas été suivie par d’autres importants producteurs européens. Comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou le Danemark qui ont rempli leurs quotas respectifs.