Transmission
Avec le parrainage, Mathieu a enfin pu s’installer
Dispositif proposé par les chambres d’agriculture et finançable par Pôle emploi, le stage parrainage permet de se projeter dans une ferme en recherche d’associés ou d’un repreneur. Une opportunité que Mathieu Denervaud a saisie pour s’installer.
Dispositif proposé par les chambres d’agriculture et finançable par Pôle emploi, le stage parrainage permet de se projeter dans une ferme en recherche d’associés ou d’un repreneur. Une opportunité que Mathieu Denervaud a saisie pour s’installer.
Depuis le 1er novembre, Mathieu Denervaud, 31 ans, est installé à la tête d’une ferme de 150 ha au cœur du Marais poitevin (420 brebis et 100 ha de céréales), à Saint-Hilaire-la-Palud. Pour ce fils de salarié agricole, qui « a toujours eu les fesses sur le tracteur », c’est un projet longuement mûri qui se réalise, après un parcours agricole fourni, de la MFR de Surgères jusqu’au Geves (*), en passant par plusieurs années de salariat agricole en exploitations laitière et céréalière. « Je gardais un œil sur le répertoire installation de la chambre. J’ai eu une piste, mais qui nécessitait 700 000 € d’investissement ! J’ai entendu parler de la ferme de Joël Longeau, où un mi-temps était disponible. Je l’ai pris en complétant avec un mi-temps chez un voisin, puis l’idée d’un stage parrainage nous a paru être intéressante à mettre en place comme la retraite de Joël se profilait et qu’il n’était pas contre l'idée de lever le pied ».
Support financier et mise dans l’ambiance
Accompagné par le pôle transmission de la chambre d’agriculture 79, Mathieu démarre alors ce stage en janvier 2020, bénéficiant d’un financement Pôle emploi. « Ces aides m’ont permis de travailler à plein temps sur la ferme, et deux jours de plus, ça fait une vraie différence pour comprendre les choses ».
Pour lui, l’immersion est un des aspects les plus importants du dispositif. « On se plonge dans l’ambiance, on apprend à connaître les lieux, le cheptel, les outils de travail, les collègues de Cuma, les fournisseurs et clients (ici la Caveb, à laquelle sont vendus les agneaux en labels Poitou-Cha-rentes, Diamandin et Océan ; et la coopérative de Courçon pour le blé) ». Si les débouchés sont rémunérateurs, Mathieu complète toutefois avec une petite activité d’ETA, afin d’amortir ses 11 000 € d’annuités de parts sociales.
Faciliter la transmission
Le stage parrainage a été créé dans l’idée d’installer les stagiaires à l’issue de leur « plongée » dans l’exploitation, en qualité de repreneur ou d’associé. Construire la relation avec Joël Longeau, qui se préoccupait de céder sa ferme, a donc constitué une partie importante des dix mois de stage de Mathieu. « Dans notre cas, c’est un peu particulier, car nous avons inversé nos rôles : Joël est devenu mon salarié à mi-temps. Il n’est pas toujours d’accord avec mes idées, notamment sur le développement des couverts végétaux et du pâturage, mais j’apprends de son expérience. Surtout sur les ovins, pour lesquels je n’ai pas beaucoup de bagage ».
De son côté, Joël pose un regard lucide mais amer sur la période de transmission : « La première personne à qui j’avais proposé un stage n’a pas voulu à cause des moutons. Mathieu, lui, rêve depuis longtemps de s’installer mais nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes et j’ai donc décidé de lui céder toutes mes parts tout de suite, de ne pas devenir son associé. Il n’a pas la même vision que moi de la ferme, je suis un peu déçu, mais content d’avoir réussi à la transmettre. Je sais que même si ses tests ne fonctionnent pas, il a la capacité de rebondir et a à cœur d’y arriver ».
Son amertume pointe aussi à propos de sa retraite, qu’il ne pourra pas toucher de manière progressive en raison de trimestres manquants et sur d’autres points difficiles qui émergent au moment charnière que représente la transmission. Son conseil pour les jeunes est d’être très vigilant dans les choix de gestion, pour ne pas en faire les frais trente ans plus tard.
Le stage parrainage peut être financé par Pôle emploi, sur la durée des droits d’Aides de retour à l’emploi (ARE) ou par des fonds de l’État (Aides à l’installation transmission en agriculture - AITA), à hauteur de 310 à 708 € par mois. Dans ce deuxième cas, le stage dure entre 3 à 12 mois et ne peut être renouvelé car il est conditionné à un projet d’installation hors cadre familial et son porteur ne doit pas avoir plus de 40 ans. Par ailleurs, les futurs cédants peuvent bénéficier d’aides au conseil de 1 500 €, ou d’un diagnostic d’exploitation à céder. Une enveloppe de 3 000 € leur est également destinée en cas de cession de leur ferme à un agriculteur bénéficiant de la DJA et sans lien de parenté avec eux, dans le cadre d’un accompagnement RDI (répertoire départemental à l’installation). Le détail des conditions de ces aides est à retrouver sur le site de la chambre d'agriculture des Deux-Sèvres ou en appelant le Point accueil installation transmission au 05 49 77 10 39.