Baisse des prix alimentaires et amélioration des marges de l'aval en 2014
L'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires a maintenant cinq ans. Son président, Philippe Chalmin, vient de livrer son quatrième rapport.
L'année 2014 se caractérise par un recul des prix agricoles et alimentaires - à l'exception notamment du lait de vache et du blé dur - de l'ordre de 5 % par rapport à 2013, moyenne masquant des baisses encore plus importantes pour les bovins (- 6 %) et les porcins (- 8 %). Un repli global s'observe également pour le prix des produits des industries alimentaires qui diminuent en moyenne de près de 2 % et pour les prix à la consommation alimentaire qui baissent en moyenne de 0,7 %, première baisse annuelle observée depuis plusieurs années. Selon Philippe Chalmin, « avec le décalage logique de la transmission des prix, la répercussion de la hausse du coût des matières premières n'aura de véritable impact en aval qu'en 2015 ».
Pour les produits carnés, la baisse des prix à la production en 2014
(- 6 % à - 8 % selon les produits) s'accompagne d'une hausse modérée des prix au détail (moins de 1 %). Ce constat vaut pour la viande bovine et le jambon. En revanche, les produits frais de longe de porc et le poulet entier ou en découpe suivent le mouvement général de baisse des prix de détail. Ces évolutions différentes des prix en amont et en aval ont eu pour effet une amélioration des marges brutes dans l'industrie et/ou dans la grande distribution, même en étant parfois assortie d'une baisse des prix de vente.
Dans la filière laitière, les prix à la production et à la consommation ont augmenté en 2014. Le prix moyen du lait UHT en GMS a connu une hausse sans toutefois répercuter l'intégralité de l'augmentation du coût des matières premières ; même constat pour l'emmental. Pour les yaourts nature, en moyenne, la hausse du coût-matière paraît intégralement transmise par l'aval, mais elle est en fait totalement absorbée par l'industrie qui ne vend pas plus cher en 2014 qu'en 2013. La hausse du prix au détail découle donc de celle de la marge brute de la distribution, qui restaure en 2014 un niveau qui avait été réduit en 2013.
La filière blé-farine-pain se caractérise en 2014 par une baisse de 15 % du prix de sa matière première, le blé tendre, une baisse de 2 % du prix de la farine boulangère pour circuit artisanal et la quasi stabilité du prix de la baguette de pain. La meunerie améliore le niveau de sa marge brute ainsi que l'ensemble de l'aval de la filière. Pour les pâtes alimentaires, la situation est bien différente : la matière première, le blé dur, a vu son prix s'envoler en 2014. L'impact sur le prix au détail n'a pas été observé en 2014, au contraire, les pâtes sont l'un des produits alimentaires dont le prix a sensiblement baissé l'an passé (- 3 %), contribuant à la baisse de l'indice des prix à la consommation.
Rentabilité des rayons variable
En 2014, les prix à l'expédition, les prix au détail et la marge brute au détail sont en baisse pour les fruits. Pour les légumes, l'année écoulée a été marquée par un nouveau recul des prix. La filière des produits de la pêche et de l'aquaculture n'est pas encore appréhendée de façon pleinement satisfaisante par l'Observatoire. En revanche, le rayon poissonnerie des GMS fait partie des rayons alimentaires de la grande distribution suivis par le dispositif mis en place en 2012. Ce rayon apparaît en 2013, comme en 2012, comme l'un des « moins rentables » sous l'effet notamment du personnel dédié et des pertes de produits.
Les résultats publiés par l'Observatoire sur les comptes des principaux rayons alimentaires « frais » de la grande distribution sont conformes à ceux des années précédentes. Les « marges nettes » (après imputation à chaque rayon d'une quote-part des frais généraux) sont négatives pour la boucherie, la poissonnerie et la boulangerie-pâtisserie. Elles sont positives pour les fruits et légumes, les produits laitiers, la volaille, et la charcuterie. Ces rayons alimentaires « positifs », avec un taux de marge nette (avant impôt) de 2 % en moyenne, contribuent nettement au résultat d'ensemble de la grande distribution (résultat avant impôt : moins de 1 % en 2012).
Dans cette baisse générale des prix en 2014, il faut noter un bémol : il s'agit pour l'essentiel de produits de base, peu élaborés qui ne reflètent pas nécessairement l'évolution des achats alimentaires. Ce qui n'empêche pas Philippe Chalmin de conclure : « Au fond, le consommateur apparaît comme le principal bénéficiaire de ces évolutions, même si la modification de son comportement alimentaire qui l'amène vers des produits plus élaborés et plus différenciés fait qu'il n'en a pas forcément conscience ».