Solidarité
À Beauvoir-sur-Niort, Olésia et Irina ont trouvé refuge
Accueillies par Jean-Claude Aubineau et sa sœur Marité Sage, Olésia, Irina et sa fille Arina sont arrivées à la mi-mars. Loin de leurs maris et de leurs parents, elles espèrent que la guerre prendra rapidement fin pour rejoindre leur famille.
Accueillies par Jean-Claude Aubineau et sa sœur Marité Sage, Olésia, Irina et sa fille Arina sont arrivées à la mi-mars. Loin de leurs maris et de leurs parents, elles espèrent que la guerre prendra rapidement fin pour rejoindre leur famille.
Jean-Claude Aubineau, agriculteur à la retraite, se rend un après-midi dans la maison de sa sœur, où Olésia et Irina, deux réfugiées ukrainiennes, se retrouvent la journée. Le portail est cadenassé, le portillon aussi. Il lance à Olésia, qui avance le long de l’allée : « Vous vous enfermez ? Vous avez peur ? » La jeune femme ne comprend pas mais, tout sourire, lui ouvre avec la clé qui se trouve sur le muret. Elle l’invite à entrer, lui propose un café alors que Irina est en train de ranger la cuisine. Les deux jeunes femmes chuchotent pour ne pas réveiller Arina, la fille d’Irina, âgée de 22 mois.
Olésia, qui loge chez Jean-Claude le soir, passe la journée avec son amie ukrainienne. Cet ancien agriculteur, membre de l’association Amitiés sans frontières, est allé les chercher avec sa femme et sa sœur Marité à la gare de Niort le 14 mars dernier. « Demain, cela fera un mois que nous sommes arrivées », déclare Olésia en ukrainien, son smartphone à la main. Le logiciel de traduction ne met pas longtemps pour écrire et lire la phrase en français.
L’exil
Le 7 mars, les deux amies ont pris la décision de quitter leur pays. Deux jours plus tard, elles se sont séparées de leurs maris et de leurs parents, restés à Kiev. Elles ont traversé la Pologne, l’Allemagne, les Pays-Bas et sont enfin arrivées en France. Leur exil a été possible grâce aux billets de train gratuits. « Sans ces billets, nous n’aurions pas pu venir ici », assure Olésia. À Paris, elles connaissent Julia, une femme qui partage sa vie entre la capitale française et celle d’Ukraine, avec qui le mari d’Olésia a travaillé. « J’ai été contacté par Julia, explique Jean-Claude, qui m’a demandé si j’étais prêt à accueillir quatre personnes. Je ne pouvais pas en recevoir autant alors j’ai proposé à ma sœur, qui a été immédiatement partante. Je devais en recevoir deux, mais une n’est pas venue. Elle n’a pas voulu partir ».
Les deux jeunes femmes sont reconnaissantes envers leur hôte pour l’accueil qu’elles reçoivent : « Grâce à Julia, nous avons été accueillies chez des personnes formidables », témoignent-elles. Designer en Ukraine, il est difficile pour Olésia de trouver du travail ici à cause de la barrière de la langue, comme pour Irina, qui travaillait comme manager dans une entreprise de commerce de produits de la mer.
Nous pensons tous les jours à retourner vers notre famille, mais c’est trop dangereux pour le moment pour ma fille."
Leurs journées en France sont ponctuées par les démarches administratives, les rencontres et sorties organisées par la famille de Jean-Claude et Marité et les appels en visio avec leur famille restée au pays.
Si certains Ukrainiens ont déjà parcouru le chemin de retour, Olésia et Irina ne souhaitent pas encore repartir : « Nous appelons nos maris et parents tous les jours pour voir comment ils vont. Nous pensons tous les jours à retourner vers notre famille, mais c’est trop dangereux pour le moment pour ma fille, Arina. Nous voulons que tout cela s’arrête pour y retourner au plus vite ». Elles bénéficient du statut de réfugié temporaire pour six mois, avec la possibilité de le renouveler cinq fois.
L’espoir
Entre deux réponses aux questions par smartphone interposé, les deux femmes jouent avec Arina, qui s’est réveillée de sa sieste. Entre le ballon, les Lego et les puzzles, la petite
fille parcourt le salon d’un pas joyeux et déterminé. De temps en temps, elle s’amuse avec Jean-Claude comme avec un papi. « Elle a changé, ce n’est plus la même avant et après la guerre, raconte sa mère, Irina. Quand je lui donnais des gâteaux, elle les mangeait tous. Maintenant, elle me donne toujours un gâteau. Si elle mange, je dois manger aussi. Quand elle voit son père en visio, elle embrasse le téléphone. Je lui montre des photos d’elle avec son père, qu’elle ne l’oublie pas… ».
Malgré les cernes sous les yeux, témoins des épreuves traversées, Irina et Olésia gardent espoir : « Nous avons confiance en l’Ukraine. Nous endurerons tout. Nous pourrons tout surmonter. Nous sommes des gens forts. On n’imaginait pas un si bon accueil en France. Merci à la France de nous recevoir ainsi ».
De l’accueil d’étudiants, Amitiés sans frontières est passée à l’accueil de réfugiés
L’association Amitiés sans frontières, en sommeil depuis l’épidémie de Covid-19, s’est réveillée en alerte le 24 février 2022. Ses membres, issus du monde agricole, s’activent depuis pour accueillir et soutenir les réfugiés ukrainiens. À l’origine, cette association a effectué de premiers échanges avec l’Ukraine à la suite de l’explosion de Tchernobyl. Le premier déplacement, en 1995, a abouti à des échanges d’étudiants en langue française. Logés dans des exploitations agricoles, ils découvraient le travail en France et réciproquement pour les étudiants français, jusqu’en 2014. « Après l’invasion de la Crimée par la Russie, l’État a refusé d’envoyer des jeunes français en Ukraine, explique Jean-Claude Aubineau. L’épidémie de Covid-19 a stoppé tous les échanges et l’association était en sommeil. Nous suivions tout de même de près la situation. Même des Ukrainiens que je connaissais ne croyaient pas que la guerre allait arriver ».
Aujourd’hui, ce sont 237 déplacés ukrainiens qui ont trouvé refuge en Deux-Sèvres, via cette association ou une autre. Pour Jean-Joël Pétorin, membre d’ASF, cet accueil demande un réel investissement : « Il faut pouvoir accueillir des personnes qui vont être là longtemps ».
Dans l’agglomération de Niort et du sud Deux-Sèvres, le collectif citoyen Ukraine Soutien Niortais organise la logistique pour apporter de l’aide aux réfugiés autour de trois pôles : collecte, communication et hébergement.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur https://sites.google.com/view/ukrainesoutienniortais/ ou sur leur page Facebook @Ukraine Soutien Niortais.