Arvalis-Unip
Bien évaluer les risques des ravageurs sur les protéagineux
Les dégâts de ravageurs peuvent être importants sur les cultures de pois et de féverole. La surveillance est primordiale notamment à partir du stade début floraison.
Le risque des dégâts de ravageurs sur les protéagineux sera fonction des conditions climatiques (temps chaud et sec pendant la floraison), de la situation de la parcelle (zones refuges à proximité, bois… ) et de la présence d’auxiliaires.
Pois : sitone et thrips dès la levée, puceron à la floraison
De la levée au stade 6 feuilles, le sitone peut causer des dégâts sur les cultures de pois. Sa présence est détectée par des encoches circulaires sur le bord des feuilles. La nuisibilité est due à la destruction des nodosités sur les racines, par les larves. Les pertes de rendement peuvent atteindre 10 quintaux par hectare. Le traitement est justifié si on observe plus de 10 encoches au total sur les premières feuilles, avant le stade 6 feuilles. De nombreux insecticides à base de pyréthrinoïdes sont homologués pour cet usage. Les thrips doivent également être surveillés, même s’ils sont beaucoup moins fréquents que les sitones sur notre région.
Le puceron vert du pois peut être actif dès l’apparition des premières fleurs. A partir du stade boutons floraux, une surveillance régulière est nécessaire. Placer un support blanc rigide (feuille de papier…) dans la végétation et secouer le feuillage. S’il y a présence systématique de plusieurs dizaines de pucerons par comptage et si le nombre progresse d’une visite à l’autre (en 2-3 jours), réaliser une intervention avec un insecticide à action de choc (contenant du pyrimicarbe) : Okapi liquide, Open, Karate K ou Pirimor G. Les produits à base de pyréthrinoïde seule ne sont pas suffisamment efficaces contre ces pucerons, difficiles à atteindre dans le feuillage.
Tordeuse et bruche à surveiller après floraison
La tordeuse et la bruche sont les deux autres ravageurs qui peuvent également être présents sur pois après la floraison. Leur vol est dépendant des températures observées : de l’ordre de 18 à 20°C minimum. Leur nuisibilité sur le rendement est assez faible, mais ils affectent la qualité des graines récoltées. La lutte contre ces insectes est surtout importante pour les débouchés en alimentation humaine ou les semences.
La tordeuse est un papillon qui pond ses œufs sur les gousses et dont les chenilles consomment les graines. La surveillance est possible par la pose de piège à phéromones. Les seuils de déclenchement du traitement insecticide (produits à base de pyréthrinoïde) sont fonction du débouché commercial : 400 captures cumulées pour l’alimentation animale ou 100 captures cumulées pour l’alimentation humaine ou la production de semence.
La bruche du pois est un petit coléoptère dont l’adulte pond sur les jeunes gousses, la larve pénètre dans la gousse puis dans la graine. Elle se développe à l’intérieur d’une graine pour donner un adulte qui sortira au cours du stockage, en faisant un trou bien rond dans la graine. Il gagnera ensuite une zone d’hivernage. Les interventions insecticides à partir du stade jeunes gousses sont justifiées quand on observe au moins deux jours à plus de 20°C. Produits conseillés : Karate Xpress 0,125 kg/ha ou mélange Talstar Flo 0,125 litre/ha + Karate Xpress 0,125 kg/ha.
Féverole : puceron noir et bruche à la floraison
Le puceron noir de la fève peut causer des dégâts importants (plus de 10 quintaux par hectare), surtout sur les féveroles de printemps. Il vit en colonies de plusieurs milliers d’individus et apparaît à partir de mai (pendant la floraison et la formation des gousses). Ne pas traiter trop tôt, la faune auxiliaire (coccinelles) peut limiter l’infestation. En fonction du produit utilisé, le seuil d’intervention peut varier. Ce seuil est de 10 % de plantes colonisées par les pucerons (manchons noirs), si on applique un traitement avec Karate K (lambda-cyalothrine + pyrimicarbe, homologué à 1,25 litre/ha et limité à une application par campagne) et de 20% de plantes colonisées si on opte pour un traitement avec Pirimor G (pyrimicarbe, homologué à 0,75 kg/ha).
Comme sur le pois, la bruche (stade larvaire) déprécie la qualité des lots. Pour la féverole, le risque est plus important que sur le pois et les seuils de tolérance pour la présence de grains bruchés à la récolte sont très faibles (1% à 3%, selon les contrats). Il faut donc être particulièrement vigilant sur des cultures destinées à l’alimentation humaine ou à la production de semence. La lutte insecticide repose sur les mêmes principes que pour la culture du pois, avec les mêmes solutions insecticides. Un outil d’aide à la décision Bruchilis®, proposé par Arvalis, peut également être mis en œuvre pour optimiser les interventions.
Sur le lupin, un risque faible
Sur le lupin, les attaques de ravageurs aériens sont rares. La présence de punaises entre les stades boutons floraux et jeunes gousses peut éventuellement nécessiter une intervention insecticide.
Il faut surveiller la culture car des dégâts de gibier (lapins par exemple) sont possibles.
Traitement insecticide
Lorsqu’il se justifie, le traitement insecticide réalisé pendant la période de floraison doit être réalisé avec un produit autorisé pour l’usage concerné et portant la « mention abeille ». Les doses d’utilisation à la floraison peuvent être revues à la baisse pour certains produits : consulter l’étiquette du produit. De plus, l’intervention doit être réalisée tôt le matin ou tard le soir, pour traiter en l’absence d’abeilles sur la culture.
Aucun mélange n’est possible entre un produit insecticide contenant une pyréthrinoïde et un produit fongicide contenant une triazole ou une imidazole.