Forêt
Cent soixante-dix hectares de forêt en héritage
Laurent Gilgenbrantz a hérité de la forêt de ses grands-parents. Cent soixante-dix hectares enracinés dans son cœur qu’il souhaite transmettre un jour.
«Je vais fêter mon dixième anniversaire avec la forêt », glisse dans un sourire Laurent Gilgenbrantz. Seulement trente-trois printemps pour ce jeune homme et déjà, à la tête de 170 hectares d’une forêt qui étire ses branches entre Melle et Lezay. « Elle appartenait à mes grands-parents. A leur décès, mon père a souhaité qu’elle me revienne. » Attaché à cette forêt, Laurent accepte l’héritage de 170 hectares fragilisés par la tempête de 1999. « J’étais content mais on se rend vite compte qu’il y a beaucoup de boulot », souligne-t-il. Et pour mieux veiller sur ce poumon vert, il s’installe tout près : « La maison allait de pair avec la forêt, c’est bien d’être à côté ».
Transmettre
En plus de son poste de chargé de mission en économie à Chef-Boutonne, Laurent trouve le temps pour ses châtaigniers qui occupent 90% des 170 hectares ; les chênes, les douglas et les merisiers occupant les 10% restants. « J’aime le bois et cette notion de transmission. Avec la forêt et la longévité des essences, il faut se projeter, penser qu’on ne l’entretient pas que pour soi mais pour ceux qui en hériteront un jour », explique le jeune homme qui suit des formations via l’association Fogefor (cycle de formation à gestion forestière).
« Les personnes qui ont une forêt ont en tête l’un de ces trois objectifs : participer à la protection de l’environnement, en faire un espace de loisirs du type accrobranche ou, ce qui est mon cas, une gestion à des fins industrielles. Je gère moi-même les marquages de coupe, les plantations et l’élagage qui ne nécessite pas de grimper aux arbres. En revanche, je sous-traite les gros travaux d’exploitation et les coupes. Je vends sur pied et m’occupe moi-même de trouver un acheteur », détaille Laurent.
Le bois des châtaigniers de cette forêt « qui a tous les âges » est destiné aux chaufferies à bois, à la papeterie, aux piquets… « Le tronc du châtaignier, coupé à l’âge de 30 voire 35 ans, donne du bois de diverses qualités, reprend-il. Jusqu’à trois mètres de hauteur, on le transforme en parquet ; de trois à six mètres, en lambris et en piquets et au-delà de six mètres, le bois sert à la trituration pour la papeterie et à la fabrication de petits piquets. Le branchage, quant à lui, reste à terre et fournit de l’engrais. »
L’objectif pour Laurent est de faire du bois de qualité. Pour cela, il accompagne la nature dans son œuvre. « Une forêt n’a pas besoin d’être traitée, elle doit d’ailleurs être sale, il faut lui laisser ses ronces et éviter de passer la débrousailleuse. Le châtaignier se renouvelle tout seul sur souche mais je procède à quelques éclaircies pour une meilleure pénétration de la lumière. » Par ailleurs, il a planté des merisiers il y a trois ans et se livre à quelques expérimentations comme, récemment, la plantation de 200 à 300 pieds de poirier sauvage… Il patiente et laisse la nature œuvrer.
Un coin de verdure pour toute la famille
Officier de marine, Eric Vernet a, comme il dit, « vécu un peu partout ». Domicilié aujourd’hui à Paris, il entretient dix hectares de forêt à Secondigny. « Ce sont des terres agricoles que j’ai reçues en héritage il y a cinq ans. Je me suis alors adressé à une coopérative qui a planté des chênes, des érables, des merisiers… »
Très attachés à ce coin de verdure, Eric et sa famille viennent à Secondigny une fois par mois et y passent la plupart de leurs vacances. « C’est un endroit parfait pour les enfants et quand je viens, j’ai toujours de l’aide, notamment des cousins, pour tailler les arbres. On en profite aussi pour se balader, pour discuter. Pour les gros travaux comme l’entretien mécanique, je fais venir une entreprise. Pour ma part, j’accompagne cette forêt, la nature faisant le reste. »
Pour l’instant, il n’y est pas question d’exploiter les arbres. « Pas avant une trentaine d’années, précise-t-il. Je passerai le flambeau à mes enfants. »
Eric souhaite en effet transmettre ce coin de verdure qui est pour cet officier de marine une terre d’ancrage qu’il développera peut-être. « Pour l’instant, dix hectares nous suffisent mais il n’est pas exclu de l'agrandir, plus tard », conclut-il.