Céréales : Les exportations en bonne forme, les utilisations beaucoup moins
Le 15 avril, en pleine crise sanitaire, FranceAgriMer a fait le point sur les débouchés de la filière céréalière. La campagne est marquée par une baisse des usages et de hauts niveaux à l'export hors-UE, notamment pour le port de La Pallice.
Si, depuis le 17 mars, la France tourne au ralenti, ce n'est pas le cas du port de La Pallice. La plateforme rochelaise enchaîne les chargements de céréales sur des bateaux à destination de l'Afrique et de l'Asie. Simon Aimar, responsable développement et marketing du groupe Sica Atlantique, évoque un volume d'exportation d'environ 300 000 t par mois. « C'est très correct. Si on avait eu ça l'an dernier, on aurait signé en bas de page ! »
L'impact de la crise sanitaire sur le fonctionnement des installations aura finalement été limité. « Il y a eu des petits ratés au début du confinement, pour l'arrivée des marchandises », concède-t-il, « mais ça s'est vite réglé, la SNCF a trouvé des solutions pour s'organiser différemment, et les transporteurs routiers ont repris le travail sur la partie céréales. » Résultat, d'après lui, « la situation est presque plus facile à gérer maintenant, avec le Covid-19, que ça ne l'était en décembre ou janvier avec les grèves liées à la réforme des retraites. On a réussi à s'organiser beaucoup plus facilement. »
Les pays-tiers achètent plus, l'Europe moins
Reste que ni les grèves, ni le Covid-19 ne seront parvenus à gâcher la bonne campagne des exportateurs français. Selon le conseil Grandes Cultures de FranceAgriMer, réuni le 15 avril dernier, la France devrait exporter 13,2 millions de tonnes de blé (+ 500 000 t sur un mois) vers les pays-tiers au cours de la campagne 2019/2020, contre 9,67 Mt à la fin de la campagne 2018/2019 (+ 36,5 %). À la Sica Atlantique, « les niveaux d'exportation soutenus ont commencé avec la récolte 2019 », explique Simon Aimar. « Dès le mois de juillet, c'était important, et on est restés sur des niveaux élevés tout le long. On va faire une bonne campagne, avec pas loin de 3 millions de tonnes de céréales exportées. On ne sera pas au record absolu, mais dans le top 3 des meilleures campagnes. »Si la France reste bien positionnée sur les marchés africains, notamment ceux du Maghreb, la bonne surprise vient cette année de Chine. Le pays, explique FranceAgriMer, « a acheté plus de 1 Mt de blé français depuis le début de la campagne, avec de nouveaux embarquements en mars dernier, soit 8 fois plus qu'en 2018/2019 ». Pour le port de La Pallice, « la Chine est le premier client, de loin, pour le blé et l'orge », indique Simon Aimar. Ces achats n'ont selon lui aucun lien avec le Covid-19. « C'est un marché très opportuniste. Il y a des campagnes où on ne voit pas du tout les acheteurs chinois, et d'autres, comme la campagne 2019/2020, où ils récupèrent des tonnages faramineux... Quand le prix et la qualité leur conviennent. À la prochaine campagne, ils seront peut-être beaucoup moins actifs. »
Si les marchés lointains achètent davantage, nos voisins européens ont eux baissé leurs importations. FranceAgriMer a abaissé ses prévisions à 7,74 Mt (- 335 000 t sur un mois) pour les ventes aux autres pays européens, « en raison du ralentissement de la demande dans la plupart des pays européens, pour l'alimentation animale mais aussi les utilisations industrielles dans le Nord communautaire (biocarburants). » Ce fonctionnement à deux vitesses est aussi constaté par Simon Aimar. « C'est surtout La Pallice qui fonctionne bien », révèle-t-il. « Tonnay-Charente est un peu moins dynamique que l'année dernière, car le port travaille beaucoup avec le Portugal, qui s'est un peu détourné de l'origine France pendant cette campagne car la qualité des blés lui convient moins. »
La consommation intérieure révisée
FranceAgriMer a aussi revu à la baisse ses prévisions d'utilisation du blé tendre par la panification, la biscotterie, biscuiterie et pâtisseries industrielles. « Seules les ventes de sachets de 1 kg vendus en GMS ont progressé, mais elles représentent moins de 5 % du débouché de la meunerie française. » Pour FranceAgriMer, « le dynamisme des exportations de blé français ne compense pas la baisse d'activité sur le marché intérieur, français et européen. Le stock de blé français atteindrait 2,6 Mt en fin de campagne (+ 161 000 t par rapport au mois dernier), en légère augmentation par rapport au stock de début de campagne, estimé à 2,5 Mt. » Mais le constat est plus positif à la Sica Atlantique. « Les orges sont plus difficiles à sortir maintenant, la dynamique de marché est moins là (voir ci-dessous) », explique Simon Aimar. « Mais pour les blés, ça reste soutenu, on a régulièrement de la demande, la quasi-totalité de ce qui a été collecté a été commercialisé. »La collecte de blé dur en vue de sa commercialisation a quant à elle été revue à la hausse, du fait de la mise sur le marché de stocks de ferme. « Avec l'augmentation des ventes de pâtes en GMS en raison du confinement, la semoulerie française a été fortement sollicitée ces dernières semaines », explique FranceAgriMer. « Les prévisions d'utilisation de blé dur par la semoulerie française sont ainsi revues à la hausse à 635 000 t (dont 530 000 t pour le marché domestique), soit 40 000 t de plus qu'en mars dernier. » Les prévisions de ventes pour l'UE sont maintenues à 1 Mt, tandis que celles pour les pays tiers augmentent, à 260 000 t, en raison notamment d'une demande accrue au Maghreb. À la fin de la campagne, le stock de blé dur devrait s'élever à 29 000 t.