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Ces Amérindiens qui parlaient le code

Peu de gens savent que les Amérindiens ont joué un rôle déterminant dans la Seconde guerre mondiale. Un hommage leur a été rendu à l'occasion des commémorations du D-Day.

Les Code Talkers comanches ayant participé au débarquement, ici photographiés à Fort Benning en 1941.
Les Code Talkers comanches ayant participé au débarquement, ici photographiés à Fort Benning en 1941.
© NARA

Ceux qu'on appelle à tort Indiens ont toujours été les oubliés et les laissés pour compte de l'Amérique. Ils sont pourtant les premiers à être nés sur ce sol d'où les Blancs ont essayé de les chasser en les massacrant. On leur a volé la terre de leurs ancêtres et leurs richesses, on a tenté de faire disparaître leurs langues et leurs cultures et on a parqué ceux qui restaient dans des « réserves », tels des animaux. L'ironie de l'Histoire fait que ce sont ces mêmes langues amérindiennes qu'on voulait bannir qui ont permis aux forces alliées de sortir victorieuses du deuxième conflit mondial, grâce aux Code Talkers que l'on peut traduire par « ceux qui parlent le code ». Ces derniers étaient des soldats des États-Unis appartenant à différentes tribus (Cherokee, Cheyenne, Lakota, Choctaw, Comanche, Navajo...) qui durant la Seconde Guerre mondiale ont utilisé leur langue pour transmettre des messages codés. Les Code Talkers navajos - près de 300 - sont célèbres pour leur participation au sein des marines aux opérations dans le Pacifique. La municipalité de Tilly-sur-Seulles (Calvados) et son musée ainsi que l'association Tilly 1944 ont rendu un vibrant hommage à ces combattants en invitant une délégation comanche composée de descendants de ces Code Talkers dont George Red Elk, fils de Roderick Red Elk ainsi que de Charles Shay, un vétéran de la nation Penobscot, ayant débarqué sur Omaha Beach le 6 juin 1944 et de Ryland Rivas, le neveu de Johnny Rivas, le seul Comanche tué lors du débarquement.
Ce que l'on sait encore moins, c'est que les messages militaires ont été codés dans différentes langues amérindiennes dès la Première Guerre mondiale. À l'époque, ces soldats issus de 60 tribus venus combattre en Europe n'avaient même pas encore la nationalité américaine ! Ils ne l'obtiendront qu'en 1924. Ces hommes n'ont écouté que leur vaillance et leur courage pour défendre leur pays et s'enrôler dans une armée qui les a intégrés en tant que nations. Les Amérindiens sont de nouveau les premiers volontaires à devancer l'appel pour s'engager à défendre les États-Unis quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Plus de 44 000 (sur une population de 350 000 hommes) ont combattu de 1941 à 1945 sur tous les théâtres d'opération ; 550 ont perdu la vie. Les Amérindiens ont été la minorité des États-Unis la plus représentée au sein des forces armées américaines.

Humilité, honneur et bravoure
Hitler savait que des messages codés amérindiens avaient été utilisés lors du premier conflit mondial. Il décida donc d'envoyer une équipe d'anthropologues allemands aux États-Unis pour apprendre le plus de langues possibles mais la mission échoua puisqu'il existait plus de 300 idiomes différents à l'époque, tous aussi difficiles à maîtriser les uns que les autres. Le 6 juin 1944, 500 Amérindiens appartenant à différentes tribus traversent la Manche pour participer à l'opération Overlord. Parmi eux, 14 Code Talkers comanches débarquent sur Utah Beach. Ils sont affectés à la 4e compagnie de transmission de la 4e division d'infanterie américaine. Le premier message du débarquement s'effectue en langue comanche : « Tsaaku nunmuvee. Atahtu nunmuve ». Ce qui veut dire : « Le débarquement s'est bien passé. Nous n'avons pas débarqué au bon endroit ».
Non loin de là, sur la plage d'Omaha Beach, un autre Amérindien foule le sable normand, il s'agit de Charles Shay. Aujourd'hui âgé de 90 ans, il se souvient juste humblement d'avoir fait son devoir : « À l'époque, aux États-Unis, nous étions des citoyens de seconde classe. Nous n'avions même pas le droit de vote, mais nous sommes allés nous battre pour défendre notre terre, notre pays ». L'humilité, l'honneur et la bravoure se retrouvent chez tous les soldats amérindiens, quelle que soit l'époque. Le vétéran d'Omaha n'est pas disert, mais ses pairs ne l'ont jamais été non plus. De retour chez eux, les Comanches n'ont pas parlé de ce qu'ils avaient vécu ni de ce qu'ils avaient accompli aux leurs. Ils se sont tus, gardant pour eux l'indicible. Leur histoire a seulement commencé à se raconter au milieu des années 1980. Le gouvernement américain s'est tu aussi bien trop longtemps puisque ce n'est qu'en 2001 que quatre vétérans Code Talkers ont reçu la Médaille d'or du Congrès. En 2008, elle a été remise à tous les Code Talkers ayant servi durant les Première et Seconde Guerres mondiales. La France, pour sa part, a été plus prompte à honorer ces valeureux combattants puisqu'en 1989, trois Code Talkers comanches, Charles Chibitty, Roderick Red Elk et Forest Kassanavoid, ont été nommés Chevaliers dans l'Ordre national du Mérite. Les langues amérindiennes ont permis de sauver la vie de milliers de soldats durant les deux conflits mondiaux sans que les codes n'aient jamais été brisés.

Le code comanche

Lors du débarquement, les Code Talkers comanches ont utilisé plus d'une centaine de termes en se servant de mots ou de phrases de leur langue. Ainsi le mot de code comanche pour un char était « tortue » et celui pour un bombardier était « oiseau enceinte ». Cette expression a été choisie sur la proposition d'un Comanche ayant expliqué que lorsqu'il allait pêcher les poissons chats avec son père et qu'il les vidait, il avait remarqué que certains d'entre eux étaient plein d'oeufs, comme un bombardier avec ses bombes. Le mot comanche « machine à coudre » désignait une mitrailleuse et Adolf Hitler répondait à l'expression « l'homme blanc fou ». Quand il fallait envoyer des messages comportant des noms de lieux, les Comanches égrenaient une liste de mots de leur langue qui une fois traduits en anglais permettait de recomposer le lieu en prenant la première lettre de chaque terme.

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