C’est parti pour l’Agrocampus de Saintonge
Jean-Michel Bregeon est en poste depuis quelques mois en tant que proviseur du lycée Georges Desclaude à Saintes et directeur de l’EPLEFPA de Saintonge. Une entité qui change pour devenir Agrocampus de Saintonge.
le directeur de l’Agrocampus de Saintonge.
Le lancement officiel devait intervenir ce jeudi 23 janvier, à la faveur d’une journée dédiée aux nouveaux enjeux de la formation. Las, l’événement a été reporté au 18 février. Mais, dans les faits et dans les têtes, l’Agrocampus de Saintonge a déjà remplacé l’EPLEFPA (Établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole) du même nom. « Cette volonté de changer de nom s’inscrit dans une cohérence à ce qui était , il y a encore une dizaine d’années, des établissements autonomes et qui constitue aujourd’hui un seul établissement. C’est cette volonté de cohérence dans l’image qui nous a conduit à changer la dénomination. Agrocampus évoque la formation, la recherche, l’expérimentation, le lien aux entreprises », explique le directeur, Jean-Michel Bregeon, qui était préablement à la tête de l’Agrocampus de Tours Fondettes (37) et se dit heureux de retrouver cette région, lui le poitevin d’origine. Son premier objectif en arrivant : être relié aux stratégies des politiques agricoles et paysagères. Concrètement, au cours du premier trimestre 2020, un partenariat va être signé avec la Chambre d’agriculture pour développer des objectifs communs en agriculture et paysage.
L’Agrocampus de Saintonge regroupe huit centres sur trois sites (Jonzac, Chadignac et Desclaude) avec trois exploitations, un centre de formation d’apprentis, un centre de formation d’adultes et trois lycées, dont deux lycées professionnels et un lycée général et technologique.
Avec comme « épine dorsale » la transition, qu’elle soit agroécologique, énergétique ou climatique, l’Agrocampus fourmille de projets. « Notre établissement dispose de nombreux atouts qui seront des leviers importants pour décliner les différents plans d’actions », souligne-t-il.
Plus de 1 000 personnes sont en formation longue, aussi bien dans le domaine scientifique, paysager, eau ou agriculture. Autant en formation courte, notamment sur la partie Certiphyto. Selon lui, les besoins de formation sont aussi sur les zones de La Rochelle, Rochefort, Royan. « On déploie des formations. Un travail est réalisé avec les missions locales notamment sur le pré-apprentissages. Notre volonté est de travailler tous ensemble », souligne-t-il. Dans ses souhaits, il évoque aussi une formation des chefs d’exploitation au management des salariés.
En apprentissage ou en formation adulte, on parle maintenant de « modularisation et entrée- sortie permanente ». C’est une forme de réponse pédagogique qui permet, par une entrée compétence, d’apprendre autrement, de donner plus de sens aux apprentissages et de satisfaire aux attentes du marché.
Dès février, un CQP (contrat de qualification professionnelle) lait sera proposé. « L’avenir du lait dans le département passe par la formation, notamment avec des technologies qui libèrent les hommes » selon lui.
Des projets pour les exploitations
L’exploitation La Pichonnerie (au sein du lycée Desclaude) est déjà dotée d’un robot de traite, et l’on songe à investir dans un robot pour l’alimentation. « Il convient de robotiser ce qui peut l’être. Bien-être des animaux et de l’homme sont essentiels. »
Toujours au niveau des projets, on étudie de près le passage de l’atelier lait en bio, « mais nous n’avons pas suffisamment de pâturage ». La volonté est aussi de moderniser l’exploitation, d’aller vers une agriculture de conservation des sols avec une autonomie alimentaire. L’objectif d’ici fin 2021 pour cette exploitation est d’être en HVE.
L’exploitation maraîchère de Chadignac est en bio, celle du Renaudin (viticulture) est en HVE avec une partie en bio pour sa production de vins rouges et rosés. « Nous avons un devoir d’exemplarité.» Les circuits-courts sont aussi dans la tête du chef d’établissement : « Les exploitations de Jonzac et de Chadignac sont déjà dans ce dispositif. La Pichonnerie doit évoluer dans ce sens. » Dans les cartons, le projet de transformation du lait en yaourts ou en crème avec l’Enilia de Surgères, puis de vendre ces produits dans une boutique à proximité de la ferme. Les BTS Commerce pourraient s’occuper de la partie vente.
Jean-Michel Bregeon explique que ses trois exploitations ont les mêmes problématiques, les mêmes difficultés que les agriculteurs, et que cela reste « un plateau technique pour les formations ». Il évoque « un bon accord » entre le Conseil régional et l’établissement. « On partage les investissements, on fait fonctionner et on équilibre. Si on fait des excédents, on réinvestit. » Ce système là permet de « garder les mains dans le cambouis. On colle au terrain. » Il estime même que sans cela, « on n’aurait pas le même impact sur le territoire, au côté de la profession. »
Il parle d’une « grande richesse » lorsqu’il évoque l’emplacement de l’exploitation la Pichonnerie, au milieu des habitations. « Nous sommes confrontés aux problèmatiques du moment : la gestion d’un territoire avec des voisins. Nous avons tout ce travail-là à mener, notamment en partenariat avec la Chambre d’agriculture et la charte de bon voisinage. »
Classe coopérative
À la rentrée prochaine, le lycée veut mettre en place une seconde pédagogique baptisée « classe coopérative ». Il s’agit de permettre à des élèves ayant un bon niveau mais une lassitude passagère du système scolaire classique, de disposer d’une année pour travailler autrement afin de redonner du sens au développement de leurs connaissances et compétences. « C’est apprendre en s’appuyant les uns sur les autres. » Un travail étroit sera mené avec la recherche et l’expérimentation dans les établissements nationaux de l’enseignement agricole et avec les acteurs associatifs locaux.