Intempéries
« Cet été, la moissonneuse-batteuse pourrait bien rester au hangar »
Mardi 18 juin, Groupama enregistrait 1500 déclarations de sinistre. L’agriculture a été touchée comme les particuliers. Dans le sud du département, sur les communes de La Rochénard et de Vallans, les dégâts sont considérables.
De la taille d’une balle de golf. Les grêlons qui se sont abattus sur une partie du département dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 juin étaient de ce gabarit. Marie-Claude et Jean-Michel Arnaud, agriculteur à La Rochénard, en témoignent comme tous les habitants d’un large couloir allant de Mauzé-sur-le-Mignon à Soudan. Entre deux heures et trois heures du matin, sortis de leur sommeil par le bruit des morceaux de glace venus du ciel, ils ont eu peur.
« C’était pire que pour la tempête de 1999. Nous avions l’impression, sans pouvoir rien faire, d’être canardés par des boules de pétanque », témoigne Marie-Claude la voix chargée d’émotion. Comme bien des sinistrés dont les exploitations, les voitures, les vérandas, les toitures ont souffert de la violence des chocs, ils ont gardé dans leur congélateur quelques spécimens ramassés après l’orage. « Des grêlons de cette taille-là, on n’en voit qu’à la télé. C’est incroyable », confie le couple les yeux posés sur les responsables de leur supplice. Ici, ces grêlons, ni plus petits mais pas plus gros non plus que ceux tombés avant La Rochénard ou après Granzay-Gript ont tout broyé. Probablement plus nombreux qu’aux alentours, à moins que ce ne soit la violence du vent qui puisse expliquer ce phénomène très localisé, mais ici au lieu-dit La Maison Neuve, sur la commune de La Rochénard, les blés sont broyés, les tournesols cassés, les vignes dévastées, les pois couchés sans aucune chance de se relever. Jean-Michel Arnaud et son épouse en ont vu d’autres. Ils savent qu’ils feront face. La famille, les amis depuis deux jours appellent, leur rendent visite pour les soutenir.
« Il y a des réveils qui sont difficiles », expriment-ils, conscients d’avoir perdu le fruit du travail d’une année. Lundi, le levé du jour, a révélé une bien triste réalité. « Sur 180 ha, 140 ha sont ravagés. Il n’y aura pas de récolte, lâche Jean-Michel la gorge nouée. Cette année, la moissonneuse-batteuse pourrait bien rester au hangar. »
Assurée contre la grêle, l’Earl Le Chêne vert sera indemnisée. Depuis qu’il exploite, Jean-Michel s’acquitte de la franchise d’un montant de 3800 euros (en 2013). Une dépense lorsque l’on échappe aux sinistres. Un investissement lors d’années comme celle-ci. Bien sûr, il y aura les franchises (lire ci-contre), de 10% à 15% selon les cultures, mais, financièrement, il y aura des solutions, se rassurent les exploitants davantage blessés par l’état des cultures que par le risque économique que ce phénomène fait courir à l’exploitation.
« C’est le travail de longs mois qui est à terre. C’est terrible mais on n’y peut rien. La nature reprend ses droits », commente avec humilité l’homme bouleversé.
Des dégâts variables
L’épisode de grêle a occasionné des dégâts plus ou moins importants selon les secteurs. Mardi après-midi, Groupama enregistrait près de 1500 déclarations de sinistre : 417 pour dégâts de grêle sur véhicule et 1080 pour dommages aux biens (dont récoltes). Dans le Thouarsais, également le Moncoutantais, des phénomènes de grêle très localisés ont occasionné des dégâts. Sur le secteur de la Boutonne plusieurs hectares de maïs ont été noyés. Selon les secteurs, de Mauzé-sur-le-Mignon à Soudan en passant par le Saint- Maixentais, des dégâts sur cultures sont constatés affectant 10% à 50% du potentiel de la récolte à venir.
Ce phénomène climatique marque un peu plus cette campagne déjà laborieuse. A l’automne, les semis de blé avaient été perturbés par la pluviométrie abondante de novembre. Bien des hectares n’avaient pu être ensemencés. Au début du printemps, les semis de maïs et de tournesols subissaient les mêmes gênes.
Inondation, crue, dégâts causés par la mer, mouvement de terrain, sécheresse, séismes, avalanche et vent cyclonique sont les intempéries qui entrent dans le champ du dispositif « catastrophe naturelle » décrété par l’Etat sur demande des communes. L’orage de grêle essuyé dans la nuit de dimanche à lundi ne trouvera pas d’écho favorable dans ce dispositif. La grêle est un risque assurable. Les sinistrés doivent prendre contact avec leur compagnie d’assurance. La prise en charge des dégâts se fera selon les termes de leur contrat sans qu’aucune décision d’Etat ne puisse minimiser le montant de la franchise.