Colloque
Changement climatique et pistes d’adaptation pour l’agriculture régionale
Colloque
La 3e journée Recherche et développement co-organisée par l’Inra et la chambre régionale d’agriculture du Poitou-Charentes a été l’occasion de faire le point sur le changement climatique et les pistes d’adaptation pour l’agriculture de la région.
Jean-Louis Durand, de l’Inra, Jean-Christophe Moreau, de l’Institut de l’élevage, Jean-Claude Emile et Sandra Novak, de l’Inra de Lusignan, ont débattu de l’incidence du changement climatique sur les systèmes fourragers et de leurs impacts sur le piégeage du carbone, et sur les économies d’énergie des élevages.
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S. B.
«Le climat du 21e siècle sera différent de celui du 20e siècle », a assuré Michel Deque, de Météo France Toulouse. « Les causes du réchauffement liées à l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre ont peu de raison de disparaître ou même de s’atténuer à moins d’un bouleversement historique ou technologique », a-t-il indiqué. Tous les scénarios des experts du climat prévoient une poursuite de l’augmentation des températures déjà constatée y compris au niveau des stations régionales. « Les températures annuelles moyennes glissantes sur trente ans ont, depuis 1980, augmenté de 1° C pour la station de Saintes et de 0,8° C pour celle de Cognac. Et le nombre de jours de très fortes chaleurs a également progressé. A l’inverse les jours de gel ou de températures très basses ont diminué », ont observé les ingénieurs de la station viticole du bureau national interprofessionnel du cognac. Avec les scénarios d’augmentation des températures, d’allongement des périodes très chaudes et très sèches, ils s’attendent à un raccourcissement du cycle végétatif de la vigne avec des dates de récolte avancées à des périodes plus chaudes, une accélération de la maturation avec augmentation des sucres et baisse de l’acidité. Des évolutions qui auront des conséquences sur les procédés d’élaboration, le choix des cépages avec des variétés à cycle long, mais aussi les techniques culturales et œnologiques. Avec l’augmentation des températures, les simulations sur le climat prévoient aussi un allongement des périodes très sèches et très chaudes en été, des hivers moins froids et des baisses de précipitations surtout au printemps et en été. « En Poitou-Charentes, comme dans la zone Ouest et Sud-Ouest de la France, l’impact agro-environnemental majeur concerne le bilan hydrique. La physiologie des cultures peut aussi modifier la recharge des nappes aquifères », ont indiqué Frédéric Levrault, de la chambre régionale et Jean-Louis Durand, de l’Inra de Lusignan. Malgré les incertitudes, le projet Climator met en évidence des tendances sur les différents systèmes de cultures. Les semis seraient plus précoces, les variétés plus tardives. Là aussi, les variétés à cycle long devraient mieux s’en sortir mais au prix d’une augmentation des besoins en irrigation alors que les nappes aquifères auraient du mal à se recharger.
Des fourrages bousculés« Les phénomènes envisagés vont affecter les performances de nos systèmes fourragers plutôt positivement pour la température et l’augmentation du CO2 et de façon défavorable pour la baisse des précipitations estivales et les événements climatiques extrêmes », ont indiqué Jean-Claude Emile et Sandra Novak, de l’Inra, qui proposent de revisiter les systèmes fourragers. « La saisonnalité de la production fourragère serait bousculée et la pousse estivale serait plus aléatoire avec plus d’herbe au printemps et tard en saison. » Une situation qui devrait permettre d’augmenter les jours de pâturage. Mais il faudra trouver des stocks pour l’été, l’inra de Lusignan teste avec son troupeau laitier, le sorgho grain dont les variétés évoluent, le pâturage des céréales avant de les récolter plus tard en grain, les cultures intermédiaires pour faire du stock fourrager, les mélanges moins gourmands en intrants et en eau… « Dans tous les cas il faudra adapter les cultures au sol et au climat et le troupeau aux fourrages disponibles pour sécuriser l’affouragement. » Une règle qui n’est pas inédite et dont les fondamentaux ont déjà été mis en exergue en 2010 et 2011.
Des fourrages bousculés« Les phénomènes envisagés vont affecter les performances de nos systèmes fourragers plutôt positivement pour la température et l’augmentation du CO2 et de façon défavorable pour la baisse des précipitations estivales et les événements climatiques extrêmes », ont indiqué Jean-Claude Emile et Sandra Novak, de l’Inra, qui proposent de revisiter les systèmes fourragers. « La saisonnalité de la production fourragère serait bousculée et la pousse estivale serait plus aléatoire avec plus d’herbe au printemps et tard en saison. » Une situation qui devrait permettre d’augmenter les jours de pâturage. Mais il faudra trouver des stocks pour l’été, l’inra de Lusignan teste avec son troupeau laitier, le sorgho grain dont les variétés évoluent, le pâturage des céréales avant de les récolter plus tard en grain, les cultures intermédiaires pour faire du stock fourrager, les mélanges moins gourmands en intrants et en eau… « Dans tous les cas il faudra adapter les cultures au sol et au climat et le troupeau aux fourrages disponibles pour sécuriser l’affouragement. » Une règle qui n’est pas inédite et dont les fondamentaux ont déjà été mis en exergue en 2010 et 2011.