Civraisien: des températures moyennes qui montent
Le secteur agricole est de plus en plus affecté par le changement climatique. Mais l'agriculture peut elle-même, par l'adaptation de ces pratiques, atténuer la vitesse du dérèglement météorologique. Un sujet qu'a voulu porter dernièrement la communauté de communes du Civraisien en Poitou, à la connaissance du public lors d'une réunion à Sommières du Clain.
Comme le démontrent les recherches de la communauté scientifique, le changement climatique à l'échelle de la planète est bien là. Il est enclenché depuis plusieurs décennies et devrait rester encore présent dans celles à venir. Frédéric Levrault, expert agriculture et changement climatique, à la Chambre régionale d'agriculture, présente des chiffres qui l'attestent. "On voit que du Civraisien au département en passant par la Région et la France, tous sont soumis à une vitesse de réchauffement de plus de 4° par siècle. Le nombre de jours estivaux par an, c'est-à-dire, les jours où la température maximale a atteint ou dépassé 25°, a doublé en 60 ans", observe l'intervenant. "Pour Poitiers, on passe de 40 par an à 80, par exemple." Poursuivant son analyse, Frédéric Levrault signale que les records absolus d'une station météo donnée, depuis le milieu du XXe siècle, se sont accrus de +3 à +7° selon les endroits (passant de 33, 34, 35°, à supérieur à 40°).
Les outils de modélisation pour les températures des années à venir montrent que cette tendance haussière se poursuit. La température moyenne annuelle à Civray, fin XXe, début XXIe s'établit à 12°, mais sur les prochaines décennies montera de 15 à 16,5°. "On enregistre une quarantaine de jours estivaux/an à Civray historiquement. Ce sera le double sur la période 2041-2070".
Face aux changements climatiques, les systèmes agricoles s'adaptent. La chambre d'agriculture de la Vienne pilote ainsi plusieurs actions dans le cadre par exemple du dispositif ClimaTerra. Son but est de rendre les exploitations plus résilientes tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre. "Il comporte 3 niveaux", détaille Olivier Pagnot, de la chambre d'agriculture. "Il y a d'abord de la sensibilisation des agriculteurs pour créer un projet et identifier les leviers, pour voir ensuite ce qui peut être mis en place comme nouvelles pratiques techniques. Un diagnostic est réalisé pour identifier les atouts et les faiblesses de l'exploitation." La chambre d'agriculture vient quotidiennement en appui aux producteurs autour de thématiques comme la mise en place de nouvelles rotations en mobilisant moins d'intrants, la réduction d'intrants pour renforcer l'autonomie de l'exploitation, l'introduction ou le développement de nouvelles cultures, la réduction du travail du sol, l'amélioration de la fertilité physico-chimique des sols avec des couverts végétaux, des cultures associées, ...) ou encore la maîtrise de la santé de l'élevage avec la maîtrise des eco-systèmes microbiens. Des réflexions conduites aussi au sein de programmes comme Adoptaé (pour favoriser le déploiement des couverts végétaux) ou encore Inter-Agit+ (intérêts du pâturage ovin et bovin des intercultures).
Des sujets que connaît bien Dominique Gaborieau, présent à la table ronde. Ce céréalier de Genouillé a déployé sur son exploitation depuis plusieurs années des leviers de transition agroécologiques comme les couverts, le non-labour, les rotations longues, la plantation de haies...