Directive nitrates
Colère noire pour les 300 manifestants contre le 5e programme directive nitrates
Lundi, près de 300 agriculteurs ont répondu présent, à l’appel de la Fnsea Poitou-Charentes. La réunion régionale de concertation des services de l’Etat de mardi, était attendue.
Lundi matin, une trentaine de tracteurs avec des tonnes à lisier et des remorques chargées de paille et autre lisier ont roulé dans les rues de Rochefort (17) pour se rendre à la sous-préfecture, suite à l’appel à la mobilisation de la Fnsea Poitou-Charentes. Trois cents agriculteurs venant du Poitou-Charentes ont fait part de leur mécontentement suite aux propositions du 5e programme de la directive nitrates. Parmi les manifestants, une quarantaine d’agriculteurs des Deux-Sèvres étaient présents dont Jean-Luc Audé qui représentait la Fnsea 79 : « Nous venons soutenir nos collègues. On se demande si un jour, l’ensemble du département des Deux-Sèvres ne va pas passer en zone ouest comme Rochefort ».
François Avrard, président de la Fnsea 17, très en colère, a demandé quant à lui où est la simplification administrative. Il a invité les agriculteurs à ne plus épandre les boues des stations d’épuration : « Les maires ne seront certainement pas très contents ! ». Un tonnerre d’applaudissements s’est fait entendre. Il a mis en garde les viticulteurs: « Vous ne serez pas épargnés. Lisez bien ce 5e programme ! »
Parmi les manifestants, Frédéric Parion, en Gaec avec ses frères, à Saint-Germain-de-Marencennes (17), avec 100 vaches laitières et 265 ha. Il a mis aux normes l’exploitation voilà dix ans. Pour lui, il n’y a pas de logique, pas de cohésion dans le système, pas de visibilité. « La Région s’inquiète de la déprise laitière, mais on en rajoute une couche! S’il n’y a plus d’élevage, il n’y aura plus de laiteries. » Il ne comprend pas. Son exploitation n’est pas dans une zone de concentration d’élevages. Envisager la méthanisation ? «Trop lourd, trop d’investissement. » L’interdiction d’épandre les boues en juillet et août le laisse dubitatif. Il voit l’effet tourisme. « Il n’y a rien d’agronomique dans cette décision. On s’attendait plus à une aide de la Région qu’à un coupe-gorge ! »
Rencontre avec la préfète
En fin de matinée, une délégation régionale, emmenée par Philippe Moinard, président de la Fnsea Poitou-Charentes et François Avrard, ont rencontré la préfète, Béatrice Abollivier et Johann Leibreich, directeur adjoint de la Draaf. « L’objectif de cette rencontre était de faire avancer le dossier et de montrer que les agriculteurs sont en colère et inquiets », a prévenu Philippe Moinard, tout en espérant que cette manifestation fasse écho, dès le lendemain à Poitiers, lors de la réunion du comité de concertation, avec la préfecture de région et les services Draaf et Dreal.
Le président de la Fnsea Poitou-Charentes a réitéré auprès des instances de l’Etat plusieurs demandes, à savoir, un engagement écrit certifiant qu’aucun éleveur n’aura d’investissement à réaliser pour le stockage du lisier et une harmonisation des règles de couverture des sols avec les Pays-de-la-Loire. Si sur ce dernier point, la préfète a été très sensible à la notion de continuité territoriale, le comité, qui s’est réuni le lendemain, à Poitiers, devait trancher.