Réserves de substitution
Comme annoncé, des milliers d’opposants, et des dégradations
A l’appel du collectif Bassines Non Merci et de la Confédération Paysanne près de 6000 opposants aux retenues d’eau sur le bassin de la Sèvre niortaise ont convergé à La Rochénard les 26 et 27 mars. A cette occasion, des outils de travail agricole ont été à nouveau détruits.
A l’appel du collectif Bassines Non Merci et de la Confédération Paysanne près de 6000 opposants aux retenues d’eau sur le bassin de la Sèvre niortaise ont convergé à La Rochénard les 26 et 27 mars. A cette occasion, des outils de travail agricole ont été à nouveau détruits.
Ils sont venus nombreux, et souvent de loin, marcher pour dénoncer « l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie », « exiger l’arrêt des travaux » des réserves et réclamer « un moratoire sur le projet ».
Les opposants aux retenues d'eau dans le Marais poitevin, soutenus par la LPO, EELV, Attac ou encore La France Insoumise, ciblaient « le réseau de pompage de la méga-bassine en projet ». Ce sont finalement une station d’irrigation et une canalisation qui ont été saccagés à Épannes et des cultures de luzerne, lin, blé, lentilles piétinées. Une haie, récemment plantée, a aussi brûlé, son panneau sur la biodiversité ayant été arraché.
Ludovic Vassaux, éleveur de Maraîchines, est l’agriculteur qui a fait les frais de ces dégradations, avec son associé Guillaume, installé depuis le 1er janvier : « Il découvre des choses qui n’étaient pas prévues dans son projet de professionnalisation personnalisé », déclare Ludovic, déçu que son ami et collègue fasse ses premiers pas dans le métier de la sorte.
Les dégâts sont en cours d’évaluation, avec Séolis notamment, et une plainte a été déposée dimanche. « On espère qu’il n’y a pas de dégâts invisibles, avec sabotage dans le forage par exemple », ajoute encore l’exploitant.
« On détruit mon métier : soutenez-nous ! »
Au-delà de ces aspects matériels, c’est l’épuisement moral et l’incompréhension qui priment chez ce hors-cadre familial installé depuis 11 ans, qui a réintégré de l’élevage à son arrivée, puis est passé en bio depuis trois ans.
A l’instar des autres irrigants de la zone, il est resté calme lors des événements du weekend, mais s’est livré dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. « La bassine, j’en ai besoin, sinon il me faudrait une exploitation plus grande, indique celui qui élève 40 Maraîchines (race mixte et patrimoniale) sur 185 ha de SAU, tout en générant deux emplois. J’ai travaillé dans l’environnement avant, je ne voulais plus critiquer les autres alors j’ai décidé de reprendre et de m’investir dans une ferme. Je fais de l’écologie au quotidien, mais je suis avant tout chef d’entreprise. J’ai une rentabilité écologique et économique à tenir ».
Et l’éleveur de fustiger la méconnaissance du milieu des opposants : « C’est comme s’ils ne connaissaient pas le cycle de l’eau et l’agriculture. Ils ne sont pas agriculteurs. Si ! Certains sont maraîchers, mais un maraîcher a besoin de 2000m3 par an/ha. Sur mes 185 ha ça reviendrait à 350 000m3, or je n’en consomme que 60000. Le maraîchage n’est pas une solution. ».
Ludovic montre alors l’auge de ses vaches : pas de maïs, pas de concentrés. « On fait au mieux, soyons bienséants et réfléchis ! Que diriez-vous si je venais casser votre système d’eau chez vous ? On répond aux besoins d’alimentation et de biodiversité de la population. Ceux de BNM le font-ils ? Je suis fier de mon métier et on me le détruit. Je vous demande à tous de nous soutenir ».
Condamnations et stress
Dans la foulée de l’événement, la destruction du forage de Ludovic a été fermement condamnée par la Fnsea 79, qui évoque des faits « prémédités » et valant que la Confédération Paysanne ne soit « plus digne de représenter les agriculteurs ».
Laquelle Confédération a répondu par communiqué douter de « de la diminution des volumes prélevés promise par les promoteurs des méga-bassines » et exigé « que toute la lumière soit faite sur les droits et l’utilisation de l’eau ».
On répond aux besoins d’alimentation et de biodiversité de la population. Ceux de BNM le font-ils ?, se demande Ludovic Vassaux, dont l'exploitation se retrouve pénalisée
La chambre d’agriculture des Deux-Sèvres et la Coop de l’eau 79 ont aussi dénoncé les actes de vandalisme du 26 mars : la première évoquant « une minorité qui utilise le système démocratique pour détruire des biens, créer la panique dans nos campagnes et prôner des systèmes qui mèneraient notre territoire dans le mur » ; la deuxième, en rappelant que les agriculteurs touchés par les actes de vandalisme sont « très choqués ainsi que leurs familles » mais que cela « n’entame pas notre volonté de faire avancer notre projet ».
Dans ce climat, les irrigants sont exposés au stress depuis plusieurs mois. Et un autre stress, hydrique cette fois-ci, guette : l’hiver a été peu pluvieux et la pluie tarde à s’inviter ce printemps.
« S’adapter toujours, mais pas du jour au lendemain »