Fourrage
Comment adapter l’assolement pour refaire les stocks de fourrage
Il n’est pas trop tard pour semer une dérobée afin de produire du fourrage dès la fin de l’hiver. La réussite de l’implantation de ces cultures dépendra des conditions climatiques.
Après l’ensilage du maïs, des semis de dérobées vont pouvoir produire du fourrage dès la fin de l’hiver. Par ailleurs, des cultures annuelles ou pluriannuelles peuvent être mises en place pour sécuriser et refaire les stocks fourragers. Mais la réussite de ces semis dépendra des conditions climatiques.
Privilégier des espèces à croissance rapide et très productives
À court terme, les différentes espèces cultivables en dérobée sont multiples. Il faut choisir celles qui ont une croissance rapide et qui sont très productives. Les ray-grass d’Italie (RGI) et colza fourrager permettent d’obtenir un fourrage vert appétant et de bonne valeur alimentaire avec un niveau de refus faible. Ces espèces sont bien adaptées au pâturage. L’implantation du RGI à la fin de l’été est intéressante car il permet d’avoir de l’herbe 50 à 80 jours après le semis, selon les conditions climatiques. Dès la sortie hiver, le RGI autorise une mise à l’herbe précoce. Les ray-grass hybrides sont un peu moins rapides à l’installation mais leur production sera prolongée sur deux à trois ans. Bien que moins appétantes, les céréales sont moins exigeantes en eau, ont l’avantage de s’implanter rapidement et d’assurer une production suffisante. Elles peuvent être pâturées en fin d’hiver comme pour un déprimage et être récoltées en ensilage, voire même en grain (Essai Inra de Lusignan). L’épiaison pourra se faire au printemps et être suivie d’une récolte en ensilage. Il faut préférer le seigle, l’avoine, le triticale, ou encore le blé. Les associations de ces espèces sont possibles : colza associé au RGI ou céréales à paille associées au RGI. À ces combinaisons, il est possible d’ajouter du trèfle incarnat. Ces associations sont productives et présentent une bonne valeur alimentaire.
Adapter son assolement pour refaire les stocks
Dès le mois de septembre, il faut adopter une stratégie qui permet de sécuriser le système fourrager de l’exploitation. Les espèces possibles pour cela sont la luzerne, les mélanges de céréales protéagineux immatures et les prairies multi-espèces. La luzerne préfère les sols sains et bien structurés avec des pH proches de la neutralité. Elle se sème à 25 kg/ha, à une profondeur régulière (1 cm) dans un sol bien émietté. Les avantages de cette culture sont nombreux : résistance à la sécheresse, structuration du sol en profondeur, protection des sols de l’érosion, conservation de l’humus et fertilisation azotée inutile. L’installation d’une luzerne au printemps sous couvert d’avoine donne des résultats intéressants. Cette installation de printemps a l’avantage d’étaler les chantiers de mise en place des prairies. L’avoine est récoltée en enrubannage ou en foin au stade laiteux à laiteux-pâteux.
Concernant les mélanges de céréales et protéagineux immatures, plusieurs types sont recommandés suite aux essais conduits par les chambres d’agriculture des Pays de la Loire (voir tableau ci-dessous). Cette culture ne nécessite que peu d’azote et seulement à partir du stade « épi 1 cm ». L’association d’espèces évite l’utilisation d’herbicides (non nécessaires, dû à la densité et au pouvoir couvrant des espèces et pas de spécialités commerciales homologuées). La récolte se fait début-mi juin au stade laiteux-pâteux de la céréale majoritaire. Ce fourrage, riche en fibres et minéraux est bien valorisé par les animaux à besoins modérés ou pour équilibrer une ration acidogène, à base d’ensilage de maïs.
L’installation de prairies multi-espèces améliore la robustesse de la prairie et permet une meilleure résistance au stress climatique. Les prairies associant plusieurs graminées (brome, dactyle, fétuque, fléole…) et plusieurs légumineuses (lotier corniculé, minette, trèfle, luzerne…) apportent une qualité et un équilibre alimentaire de l’herbe. Le mélange doit être choisi en fonction des conditions du milieu, du mode d’utilisation (fauche et/ou pâturage) et des performances souhaitées (valeur nutritive, rusticité…).
Gérer les prairies après la reprise des pluies
Avec la sécheresse, certaines prairies peuvent présenter les signes d'un vieillissement prématuré. Pour autant, la rénovation ou le sursemis ne doit pas se décider à la légère. Avant une éventuelle rénovation dès cet automne, il convient d'être prudent : les prairies ont bien souvent une très forte capacité de récupération. Ceci se vérifie en particulier dans le cas des prairies de longue durée et des prairies naturelles. En l'état, c'est la lecture botanique du couvert que l'on pourra faire à l'issue de la reprise (pourcentage de bonnes graminées, importance des dicotylédones indésirables et des vides), qui donnera la marche à suivre (maintien en place, sursemis ou rénovation totale au printemps). Sur ces prairies, il conviendra d'avoir une pression de pâturage modérée à l'automne et d'éviter le matraquage en conditions difficiles (cela pourrait constituer un stress supplémentaire pour le couvert).