Comprendre le sol pour le rendre plus performant
Jean-Pierre Scherer, formateur et pédologue, est intervenu auprès des exploitants agricoles du secteur du Syndicat des eaux du Centre Ouest pour leur donner quelques clés de compréhension du fonctionnement du sol.
Une journée technique à Saint-Gelais, sur le bassin d’alimentation de captage du Centre Ouest, était proposée aux agriculteurs et techniciens agricoles dans le cadre du programme Re-Sources. Le matin, les participants ont acquis les méthodes d’observation des sols et des tests simples qu’ils ont pu ensuite appliquer sur les parcelles au cours de l’après-midi. Il en découle des préconisations utiles pour accompagner le sol dans sa recherche de performance. A ce titre, Jean-Pierre Scherer, formateur et pédologue, a répété à plusieurs reprises qu’il ne s’agit pas de porter un jugement de valeur sur les sols rencontrés et les pratiques exercées par les exploitants mais bien de les améliorer pour optimiser le potentiel de leur sol.
« Une analyse de sol, si juste soit-elle, n’est rien si elle n’est pas associée a minima à une bonne observation du sol », explique-t-il. Par exemple, l’élément potasse peut être présent naturellement dans un sol et évalué lors d’une analyse, mais ne pas être disponible pour la plante à cause de blocages.
Observer pour compléter l’analyse de sol
Il convient alors de se poser les bonnes questions lors d’une investigation de terrain sur la nature de la roche mère qui peut être calcaire. Le climat peut aussi être lessivant ou minéralisant. Il faut aussi apprécier la situation topographique de la parcelle et observer la circulation de l’eau dans le sol. Les réponses à ces questions découlent d’observations (structure, couleur, texture du sol). D’autres indices peuvent être collectés à partir de tests simples : le test avec l’acide chlorhydrique indique la réserve en calcium, élément permettant de rendre la structure du sol plus stable, par sa capacité fixatrice. Mais attention, en excès, il peut bloquer la minéralisation. Le test à l’eau oxygénée évalue quant à lui l’activité microbienne du sol. Sans eau oxygénée, l’observation de la flore bio-indicatrice peut également se révéler utile et apporter des indices supplémentaires. Par exemple, le liseron des champs, le géranium colombin, disséqué ou mou et le mouron blanc peuvent démontrer une minéralisation active du sol et donc une dominance probable de la matière organique fugitive.
Pratiques minéralisantes et neutralisantes
Après avoir collecté ces indices, des préconisations apparaissent en termes de nécessité d’apports calciques, forme et fréquence, ou d’orientation de pratiques agricoles. En effet, certaines pratiques peuvent stimuler l’activité biologique des sols : ce sont des pratiques minéralisantes, griffage du sol, utilisation de lisier, de digestat, irrigation mais elles peuvent à terme, devenir acidifiantes. D’autres pratiques stabilisent l’activité biologique des sols : ce sont des pratiques humidifiantes et neutralisantes comme l’absence de travail du sol, le paillage, le fumier pailleux, le retour à la prairie. Il faut noter qu’au cours de la visite sur les quatre parcelles installées dans un rayon de moins de 10 km, aucune ne s’est comportée de la même façon sur l’état de fertilité actuel et les adaptations qui en découlent.
Les informations sur cette intervention sont disponibles sur http://www.syndicat-seco.com/, rubrique « Qualité de l’eau » puis « Programme Re-Sources ».