Crise : « On doit travailler à plus d’Europe »
Une délégation de la Coordination Rurale Poitou-Charentes a rencontré la députée européenne Élisabeth Morin-Chartier lundi 14 mars. Face aux revendications des agriculteurs, l’élue a insisté sur les dangers du repli nationaliste et sur l’urgence de mettre en place une Europe sociale et fiscale.
des charges au niveau européen.
« La crise est trop profonde pour être résolue au niveau national. Seule l’Europe peut nous apporter des solutions ». Les mots sont signés Frank Olivier, président de la Coordination Rurale de Charente, et résument parfaitement la démarche entamée par le syndicat agricole : « Nous souhaitons rencontrer nos députés européens, leur exposer notre vision de la crise actuelle et leur faire passer nos propositions », poursuit-il. Si elle n’est pas spécialiste des questions agricoles, Élisabeth Morin-Chartier a répondu favorablement à l’appel de la CR Poitou-Charentes et s’est rendue à la chambre d’agriculture de la Vienne lundi 14 mars. Avec calme, elle a écouté les revendications des agriculteurs : « La PAC telle qu’elle est mise en place depuis 1992 nous conduit droit dans le mur. Il est temps de revenir aux fondamentaux : retirer les primes et nous mettre des prix garants d’un revenu décent, protection aux frontières, rétablissement d’outils de régulation tels que les quotas laitiers, et surtout la mise en place d’une TVA sociale, qui permettrait de soulager les charges MSA qui pèsent sur les agriculteurs », expose Frank Olivier. « Nous ne voyons que cette solution pour sauver notre agriculture », ajoute Thierry Boucard, président de la CR de Charente-Maritime.
« Pour une harmonisation des charges »
« Toutes vos problématiques me touchent, a répondu Élisabeth Morin-Chartier. Mais le repli nationaliste ne vous apportera pas de solutions. Au contraire, il vous tuera. Vous serez mieux protégés avec davantage d’Europe ». L’eurodéputée a ensuite détaillé ses actions, notamment au niveau des charges sociales : « Je me bats d’une part, pour que l’on n’ajoute pas de normes nationales aux normes européennes, et d’autre part pour une harmonisation des charges salariales. On doit travailler à plus d’Europe afin que vous soyez compétitifs », martèle-t-elle. Un long échange a ensuite eu lieu sur les travailleurs détachés : « Ils devraient être soumis aux règles sociales du pays d’accueil », demandent les agriculteurs. « Si c’était le cas, plus aucune entreprise française n’irait conquérir de nouveaux marchés en Europe de l’Est, leur répond Élisabeth Morin-Chartier. Mais je reconnais qu’il est grand temps de travailler à une véritable Europe sociale. Nous avons quand même des écarts de salaires allant de 1 à 12 selon les États membres ». Et la députée européenne de conclure : « On accuse souvent l’Europe de tous les maux. N’oubliez pas que l’Union européenne ne prend comme responsabilités que ce que les États lui délèguent… ».