Cultures
Cultures intermédiaires, un choix de plus en plus large
La grande diversité des espèces disponibles en cultures intermédiaires offre l’embarras du choix. Toutefois, les couverts implantés doivent être compatibles avec les cultures présentes sur l’exploitation. Arvalis donne quelques clés pour choisir un couvert en fonction des objectifs recherchés.
La diversité des plantes de couverture proposées est une chance pour adapter le choix des espèces au contexte. Il s’agit toutefois de ne pas s’y perdre. Qu’apportent réellement toutes ces plantes par rapport à certaines bien connues comme la moutarde, l’avoine ou la phacélie ? La moutarde reste le premier couvert implanté pour sa facilité d’implantation et de destruction ainsi que pour son coût.
Obtenir un couvert qui couvre le sol, piège les nitrates, restitue de l’azote à la culture suivante et donne le meilleur bilan économique possible impose une maîtrise technique sans faille. Le choix d’espèces devra notamment tenir compte du type de sol, des rotations, des contraintes d’organisation du travail, du travail du sol, du niveau d’infestation en mauvaises herbes et également de la réglementation.
Choisir des espèces faciles à implanter et à détruire reste une règle d’or à suivre, quelle que soit la situation.
Choisir les couverts selon les cultures de la rotation
Dans la plupart des cas, le type de couvert a peu d’influence sur la culture suivante : les rendements des cultures sont proches quand on les compare derrière différentes cultures intermédiaires. Les couverts à base de légumineuses peuvent cependant contribuer aux fournitures en azote de la culture suivante, avec comme conséquence une baisse de la dose à apporter et/ou un effet positif sur le rendement. Des effets bénéfiques des couverts de crucifères ont également été observés sur des secondes pailles avec des gains de rendement observés derrière couvert par rapport au sol nu d’environ 5 q/ha en situation de blé sur blé. Ces bénéfices ne sont cependant pas systématiques.
Certains couverts peuvent poser problème s’ils sont détruits tard
Les graminées fourragères peuvent avoir un effet dépressif sur la culture suivante (assèchement du sol), notamment en cas de destruction tardive, moins d’un mois avant le semis de la culture. Si la graminée n’est pas destinée à être récoltée en dérobée, on évitera ce type de plante, d’autant plus que le ray-grass peut devenir adventice dans la rotation. Autre exemple, une crucifère avant maïs peut entraîner des effets dépressifs qui s’expliqueraient par l’impact des glucosinolates sur les mycorhizes du maïs. Ces effets ne s’observent pas quand le couvert est détruit plus précocement (jusqu’à fin février).
Il faut cependant veiller à faire les bons choix d’espèces lorsque des cultures reviennent fréquemment. Si une parcelle accueille fréquemment (tous les deux trois ans) du colza, du tournesol ou des légumineuses, il est plus prudent d’éviter d’introduire des couverts respectivement de la famille des crucifères, composées et légumineuses, hôtes du sclerotinia. De la même manière, il faudra être prudent avec les couverts de légumineuses dans les rotations qui incluent du pois. Le couvert pourrait en effet multiplier l’aphanomyces, par exemple, avec des espèces sensibles comme le pois fourrager et la lentille. Concernant les vesces, féveroles et trèfles, privilégier les variétés peu sensibles à l’aphanomyces. A l’inverse, les couverts de dicotylédones trouvent tout leur intérêt dans les rotations chargées en céréales et maïs.
Les légumineuses sont délicates à implanter
Le choix des couverts doit se faire en fonction du mode de semis envisagé, qui dépend notamment du temps et du matériel disponible sur l’exploitation.
De nombreuses espèces sont adaptées à un semis de fin août-début septembre. Le moha, le sarrasin ou le nyger qui ont des besoins élevés en température et lumière et qui gèlent très facilement sont à semer plutôt avant la mi-août. Les légumineuses ont également besoin d’être semées tôt mais il existe des nuances entre légumineuses. La lentille fourragère, la vesce pourpre, la féverole ou le pois fourrager montrent de bonnes vigueurs au démarrage, avec de bonnes implantations en semis de fin août-début septembre. Pour des semis tardifs, au-delà de la mi-septembre, privilégier les céréales ou la navette qui peuvent se développer suffisamment et supporter les gelées d’automne.
La technique de semis doit être adaptée à l’espèce, selon la taille et la physiologie de chaque graine. Les grosses graines comme celles de certaines légumineuses nécessitent d’être bien enterrées et rappuyées. Les petites graines se satisfont plus facilement d’un semis à la volée, en particulier celles qui valorisent la pluie même en étant peu enterrées comme les crucifères.
Choisir le couvert selon le mode de destruction envisagé
La facilité de destruction du couvert a un impact sur le coût de l’itinéraire et sur d’éventuels problèmes de désherbage dans la culture suivante. Le labour permet de détruire facilement et correctement le couvert. Les besoins de rattrapage dans la culture suivante sont rares. Seuls les couverts qui montent haut s’il y a beaucoup d’azote à piéger, comme la moutarde, peuvent être gênants et nécessiter de réduire sa hauteur avant le labour.
Dans les autres cas et notamment si la culture suivante est implantée sans labour, il faut éviter de choisir un couvert difficile à détruire. Il est recommandé d’opter pour un couvert assez gélif.
Des mélanges de plus en plus souvent pratiqués
C’est un moyen de diversifier les atouts et les contraintes liés à chaque espèce et de diminuer les risques d’échec. Les essais conduits par Arvalis donnent l’avantage aux mélanges d’espèces en termes de régularité des performances. Il faut signaler qu’après avoir semé le même mélange dans différentes conditions, la proportion de chaque espèce peut être extrêmement variable, signe d’une régulation du couvert selon les conditions de levée ou de développement ultérieur. En revanche, nous n’avons pas constaté de synergies entre espèces, à l’exception de l’effet azote des légumineuses. Le meilleur critère de réussite reste d’utiliser des espèces performantes, bien adaptées aux techniques et dates de semis pratiquées. Il faut également signaler qu’en cas de mélange, tous les couverts doivent être adaptés au mode de destruction envisagé et à la culture suivante. Ce n’est pas parce qu’on a associé plusieurs espèces qu’un couvert ne peut pas poser des soucis parasitaires, même s’il est moins dru que tout seul.
L’autre intérêt des mélanges de couverts est de pouvoir associer des plantes au comportement très différent vis-à-vis de l’azote. Ainsi, on associe souvent une ou plusieurs cultures intermédiaires pièges à nitrates (ex : moutarde, avoine…) à une ou plusieurs légumineuses (ex : vesce, lentille…). Les premières ont une bonne capacité de piégeage de l’azote du sol mais impactent assez peu la fertilisation de la culture suivante. Par ailleurs, elles se développent peu dans les parcelles où la fertilisation a été bien gérée sur la culture et dans des sols qui minéralisent peu. Les légumineuses ont une capacité de limitation des fuites de nitrates plus modérée. En revanche, elles peuvent augmenter les fournitures en azote de la culture suivante et sont capables de bien se développer dans des parcelles où l’azote minéral du sol est limitant. Associer un couvert traditionnel et une légumineuse représente donc un bon compromis entre couvrir le sol, piéger les nitrates et fournir de l’azote à la culture suivante.
Il n’existe pas de règles précises pour optimiser la concurrence entre les différentes espèces d’un couvert. Il faut avant tout éviter de semer trop dense. Par exemple, si on mélange trois espèces, il est plus sage de les semer clair avec pour chacune un semis à un tiers de la dose normale. Dans le cas des légumineuses, étant donné qu’elles sont moins vigoureuses que beaucoup d’autres espèces, mieux vaut les semer à une bonne densité (par exemple la moitié ou les deux tiers d’une densité normale) en association avec un couvert traditionnel semé assez clair, par exemple à demi-dose.