Cuma des charentes : Des tours à vent pour lutter contre le gel
Une réflexion est menée sur l’installation de tours antigel dans le vignoble de cognac.
«La solution, on la trouvera peut-être collectivement.» Après le gel d’avril 2017, Jean-Yves Verhaeghen, président de la Fédération des cuma des Charentes, a rencontré des viticulteurs d’Indre-et-Loire et de Loir-et-Cher qui ont mis en place une solution face à ce phénomène : les tours antigel. «En Loir-et-Cher, sur les coteaux du Cher, nous sommes dans une zone assez gélive donc nous avons mené une réflexion sur ce problème. Nous avions choisi deux solutions : le frostbuster utilisé en arboriculture et les tours, simples à mettre en œuvre et qui ne peuvent pas générer plus de dégâts. Le premier choix ne nous a pas satisfaits, et le second, malgré un investissement qui nous effrayait, nous a convaincus. Pour bénéficier d’une subvention de 40 % du montant de la tour via les contrats de Pays et de la part du département, nous avons créé la cuma Protec’gel en 2004 qui compte 18 adhérents. Aujourd’hui, nous avons 25 tours fixes réparties sur deux AOC» dont 20 fonctionnent au gaz, explique Dominique Girault, viticulteur à Noyers-sur-Cher et président de la cuma Protec’gel lors d’une réunion organisée par la Fédération des cuma des Charentes le 25 janvier à Sigogne. Cette année, 20 nouvelles tours vont être installées dans ce département du Centre-Val de Loire. «Avec les installations individuelles, il y a près de 80 tours fixes au total. Nous sommes très satisfaits de ce système : sous la tour, nous n’avons aucun bourgeon de gelé», constate Dominique Girault. Le viticulteur est conscient que ce système a des limites : il fait autant de bruit qu’un hélicoptère, donc la communication auprès des riverains est indispensable, il faut privilégier un groupe de tours plutôt qu’une tour isolée, l’efficacité est sûre dans un périmètre d’environ 4 ha autour de la tour et à une température de moins 4 °C maximum, et l’investissement est assez conséquent…
800 € par hectare et par tour
«Au départ, nous avons acheté des tours d’occasion. Sans le soutien des élus locaux, il aurait été difficile d’acquérir les tours à environ 40 000 € l’unité», souligne le président de la cuma Protec’gel. Pour parfaire le système, les membres de la cuma ont décidé de coupler les tours avec des bougies dans les parcelles. «Sans bougies, ça donne quand même des résultats», précise le viticulteur. Le coût d’amortissement d’une tour est estimé à 800 € l’hectare et, en 2017, elles ont tourné deux matins. «Cela fait deux ans de suite que l’on tourne environ 50 heures dans l’année mais avant, c’était beaucoup moins. C’est l’un des seuls investissements que l’on espère ne pas voir fonctionner ! » Le déclenchement des tours d’une hauteur de 10,5 mètres avec des hélices de 6 mètres d’envergure, est automatique après avoir programmé une température de démarrage.
Dans le département voisin d’Indre-et-Loire, des viticulteurs viennent d’investir dans des tours mobiles : elles se plient, se rangent, font 1,5 mètre de diamètre, ne font aucun bruit mais les viticulteurs ont encore peu de recul pour évaluer leur efficacité. D’autres solutions existent aussi : l’aspersion, les bougies ou chaufferettes, les câbles électriques chauffants utilisés dans le Chablis ou l’hélicoptère. Mais, comme pour les tours, chacune a ses limites et inconvénients. «Nous allons étudier cette solution, rencontrer les OPA et réfléchir aux possibilités de financement avec la Gironde et la Dordogne, deux départements intéressés par ce système», conclut Jean-Yves Verhaeghen. Avis aux amateurs.